C’est une course à nulle autre pareille qui confère un titre à part entière, que l’on dit l’égal d’un maillot arc-en-ciel. Le Roc d’Azur est un mythe, un événement pionnier dont la graine plantée il y a pas loin de trente ans du côté de Ramatuelle a germé, poussé et s’est enracinée dans le paysage du VTT. Son emplacement en toute fin de saison en a fait l’événement festif de fin d’année, une sorte de critérium sur lequel les champions aiment s’exhiber, avec des ambitions bien distinctes entre eux. Généralement, ceux qui ont réussi leur saison ne trouvent pas la force mentale de se battre pour un succès. Principale figure du VTT français au départ, en l’absence toujours un peu regrettée de Julien Absalon, archi convoité sur le Salon du Roc, Maxime Marotte (BH-SR Suntour-Peisey Vallandry) est venu pour savourer après une nuit festive…
Sur la ligne de départ, dessinée sur le gigantesque espace de la base nature de Fréjus, champions fêtards et pilotes ambitieux se côtoient donc dans la fraîcheur d’une matinée ensoleillée. Le vent s’est levé. Il accompagnera la course tout au long des 56 kilomètres sinueux à travers le massif forestier des Maures. Rarement le Roc d’Azur n’a présenté une telle densité de champions et le plus surveillé de tous s’appelle Christoph Sauser (Team Specialized Racing). Progressivement, le champion helvétique a jeté son dévolu sur les épreuves longues distances. Il y a deux jours, il s’est d’ailleurs adjugé la version marathon du Roc, vêtu du maillot arc-en-ciel. Pourtant, le Roc d’Azur reste son principal objectif ce week-end. Après deux succès consécutifs en 2005 et 2006, Christoph Sauser vise ni plus ni moins l’inédite passe de trois. Un triplé serait une première sur l’épreuve. Beaucoup s’y sont essayés, aucun n’y est parvenu.
Ce sera une édition poussiéreuse. Le Var n’a plus vu la pluie depuis bien longtemps et le franc soleil qui illumine la côte méditerranéenne assèche depuis des semaines les tracés légendaires d’un Roc d’Azur 2011 long de 56 kilomètres et présentant une quinzaine de kilomètres nouveaux. Au moment où le départ est donné, à 9h30, le large peloton des cadors soulève un épais nuage de poussière. Il servira de point de repère à tous ceux qui souhaiteront mesurer leur différence avec le groupe des leaders, qui se constitue dès la première difficulté. Neuf pilotes le composent : Moritz Milatz et Alexandre Moos (BMC Racing Team), Christoph Sauser et Burry Stander (Specialized), Sébastien Carrabin (Petit Rechain), Lukas Flückiger (Trek), Marco-Aurelio Fontana (Cannondale), Alban Lakata (Topeak-Ergon) et Andrea Tiberi (Team Torpado).
Le Roc tourne au captivant duel entre Moritz Milatz et Christoph Sauser.
Une course par élimination commence alors dans les sentiers du Var, où le vent contraint les concurrents à se maintenir roue dans roue, quitte à avaler la poussière qui vole sur leur passage. Les hauts-lieux du Roc se succèdent : Fournel, la Flûte, les Clapiers, la Bastide Neuve, le Car Brûlé… Là, la pression monte et le groupe de tête se scinde. Vainqueur l’année passée, Alban Lakata est distancé. Il réalisera une belle fin de course mais ne reverra plus les avant-postes, 5ème à l’arrivée. Dans la descente qui mène au Bougnon, il n’y a plus que quatre ouvreurs : le favori, Christoph Sauser, les outsiders Marco-Aurelio Fontana et Moritz Milatz, et les étonnants Sébastien Carrabin et Andrea Tiberi. Déjà, le nom du vainqueur du Roc d’Azur 2011 figure parmi ces cinq-là, qui se fraient un passage étroit dans l’ascension bondée et enthousiaste du col du Bougnon, le mythique chemin de terre pentu qui s’élève à une quinzaine de kilomètres du but.
Il est temps pour les cinq de tête de se départager, et la montée tout aussi redoutée de la dalle en béton va leur en offrir l’opportunité. En favori, Christoph Sauser prend ses responsabilités. Il accélère brusquement le rythme, fait sauter Fontana et Tiberi, puis Carrabin et Milatz. Seul ce dernier parvient une première fois à recoller au sillage de Christoph Sauser dans la descente vers Saint-Aygulf. Mais pour le Suisse, c’est toujours un adversaire de trop et il accélère une nouvelle fois avant le camping de Saint-Aygulf. Sauser est costaud. Il entre le premier sur la plage de la Galiotte, poursuivi par un Moritz Milatz bien décidé à ne pas lâcher le morceau. Séparés d’une trentaine de mètres tout au plus, les deux leaders du Roc s’engagent alors sur le Chemin des douaniers. Chacun retient son souffle dans ce duel captivant qui promet un final à suspense.
Finalement, Moritz Milatz parvient à opérer la jonction sur la piste cyclable, à 2 kilomètres de l’arrivée. Les espoirs de triplé de Christoph Sauser se compliquent, d’autant que le Suisse ne parvient pas à sortir l’Allemand de sa roue arrière aux abords de la base nature. Contraint à l’abandon sur le Roc Marathon il y a quarante-huit heures, le champion d’Allemagne est visiblement plus frais que son adversaire. Et quand Sauser invite Milatz à passer devant dans la perspective d’un sprint entre les deux, la course est pliée. Moritz Milatz est plus rapide au sprint et il ne laissera plus Christoph Sauser le devancer. L’Allemand s’adjuge le Roc pour la toute première fois. L’Espoir belge Sébastien Carrabin, excellent ce matin, complète ce podium. Quant à Maxime Marotte, qui s’était engagé avec l’idée de profiter plus que de faire une performance, il vient chercher la 15ème place et termine la course en qualité de premier Français.
Classement :
1. Moritz Milatz (ALL, BMC MTB Racing Team) les 56 km en 2h23’06 » (23,4 km/h)
2. Christoph Sauser (SUI, Specialized) m.t.
3. Sébastien Carrabin (BEL, Petit Rechain) à 1’59 »
4. Andrea Tiberi (ITA, Team Torpado) à 3’46 »
5. Alban Lakata (AUT, Topeak-Ergon) à 4’05 »
6. Karl Platt (ALL, Team Bulls) à 5’02 »
7. Alexandre Moos (SUI, BMC MTB Racing Team) m.t.
8. Marc Trayter (ESP, Team Radikalbikes) ) 5’03 »
9. Burry Stander (AFS, Specialized) à 5’04 »
10. Lukas Flückiger (SUI, Team Trek) à 6’18 »