Qu’il est loin le temps où Aaron Gwin enlevait en 2012, plus de la moitié des manches de Coupe de Monde. Deux ans plus tard, c’est à une véritable valse des vainqueurs à laquelle on assiste. Certes, au final, la prime est donnée à la régularité pour le classement général, mais il est toujours de bon ton de se montrer le plus rapide sur l’une des sept pistes du circuit mondial. Cette saison, Aaron Gwin, Gee Atherton, Troy Brosnan et Josh Bryceland sont tour à tour montés sur la première marche du podium sans que l’un d’eux domine réellement les débats. A cinq semaines des Mondiaux, cette manche canadienne du Mont Sainte-Anne aurait pu permettre d’y voir plus clair dans la véritable hiérarchie mondiale. Pour cela, il faudra encore repasser, car la valse des vainqueurs va encore continuer.
Samuel Hill (Chain Reaction Cycles.com-Nukeproof) n’a certes pas connu les joies de la première place cette saison, mais en occupant le 5ème rang du classement général de la Coupe du Monde, il est classé juste derrière les quatre vainqueurs des quatre rendez-vous précédents. 9ème à Pietermaritzburg, 5ème à Cairns, 2ème à Fort William et 10ème à Leogang, il fait preuve d’une belle régularité au plus haut niveau. A 29 ans, le triple champion du monde est loin d’être sur le déclin, même s’il n’a plus remporté de Coupe du Monde depuis 2009 et de grandes compétitions internationales depuis les Championnats du Monde 2010. Les deux événements s’étaient alors tenus… au Mont-Sainte-Anne ! Sa victoire cette nuit était le meilleur moyen de briser le signe indien.
Ce succès, l’Australien l’a acquis avec la manière. Pourtant, rien ne dit que Sam Hill remportera sa première manche de Coupe du Monde depuis cinq ans au Canada. Certes, son run de qualification est loin d’être mauvais, mais sa 6ème place à plus de quatre secondes de Josh Bryceland (Santa Cruz Syndicate) ne présage rien de bon. Mais pour se sortir de cette mauvaise posture, l’Australien sort le grand jeu. Rapide dans les portions roulantes, vif dans ses trajectoires et précis sur le bas de la piste plus technique, Sam Hill sort le run parfait sur cette piste qui pourra lui être fétiche. Grâce à cet énorme engagement, il parvient à signer un temps que personne ne battra.
Pas même les deux représentants de la nouvelle génération que sont Troy Brosnan (Specialized Racing DH) et Josh Bryceland. Le premier vient titiller le temps de son compatriote en se rapprochant à moins d’une seconde avant de s’écraser dans la dernière partie de son run. Le second sera légèrement plus rapide sur le haut de la piste, mais manque de technicité dans la partie intermédiaire où il concède près de deux secondes avant de rectifier le tir dans le dernier intermédiaire. Le clan français pourra se satisfaire de placer deux représentants dans le Top 15. Loic Bruni (Lapierre Gravity Republic) malgré un pneu à plat à l’arrivée prend la 9ème place. Rémi Thirion (Commençal Riding Addiction) échoue quant à lui aux portes du Top 10.
En revanche, les Tricolores pourront déplorer l’absence de la championne de France Myriam Nicole (Commençal Riding Addiction), blessée à la main et qui a donc dû déclarer forfait. Avec Emmeline Ragot (Lapierre Gravity Republic), le podium était, semble-t-il, assuré sur cette piste que l’ancienne championne du monde avait domptée l’an dernier. Deuxième des qualifications derrière Manon Carpenter (Madison Saracen Factory Team), la pilote Lapierre échoue finalement au 3ème rang, à quelques centièmes de Rachel Atherton (GT Factory Racing). Avec cette nouvelle victoire de Manon Carpenter, âgée de 21 ans, la descente féminine semble être entrée dans une nouvelle ère.