Pierre Lebreton | © Team KMC Ekoï SR Suntour
En pleine préparation d’une saison 2019 qu’il espère encore meilleure que la dernière, Pierre Lebreton en a profité pour livrer son regard sur la dernière saison des siens, sans oublier de faire le point sur l’actualité vtt du moment.
Pierre, quel bilan tirez-vous de cette saison 2018 ?
Cette saison a été spéciale, pleine de nouveautés et d’essais, marquée encore par de multiples podiums en Coupe du monde. Le retour de Jordan Sarrou et Victor Koretzky au premier plan est une excellente nouvelle. Parmi les plus beaux moments de la saison, je retiens la médaille d’or d’Annie Last lors des Jeux du Commonwealth. Un souvenir énorme !
Avez-vous l’impression que le vtt progresse dans la hiérarchie des sports en France comme à l‘international ?
Les données ont tendance à confirmer une hausse de l’intérêt pour le vtt en France et à l’étranger. Nous avons la chance d’avoir de belles images, bien produites par la télévision, que ce soit sur l’Equipe ou sur Red Bull TV, ce qui pousse les gens à s’intéresser à notre discipline. Evidemment, la concurrence avec les autres sports et les autres disciplines du cyclisme est forte. Mais nous progressons d’année en année. Le vtt, dans son ensemble, le mérite.
Le Championnat du monde de cross-country eliminator se déroule chaque année en Chine, pour quatre ans. Est-ce bien le rôle de l’UCI de vendre son âme comme cela ?
Il ne faut pas se mentir, la discipline tend à s’externaliser de plus en plus. Mais retenons le positif. Pendant un temps, tout le monde pensait que l’eliminator était mort. Au moins, là, nous avons la certitude de le voir survivre et perdurer. On peut se dire qu’il est bizarre de voir des mondiaux au même endroit pendant quatre ans. Mais je pense que c’est positif pour tout le monde.
Pierre Lebreton est satisfait de la saison 2018 des siens | © Team KMC Ekoï SR Suntour
Julien Absalon a mis fin à sa carrière cette saison. Selon-vous, va-t-il laisser un vide difficile à combler ?
Julien va laisser un vide, forcément. Et pas seulement pour les Français. A l’international, Julien avait un impact fort. Heureusement, il a su gérer sa transition, avec entrain et plaisir. Et là encore, c’est quelque chose d’exemplaire. A nous, désormais, de nous tourner vers l’avenir.
Nino Schurter est-il intouchable, au moins jusqu‘à Tokyo 2020 ? Sa domination presque sans partage est-elle un frein pour la discipline ?
Intouchable, je ne pense pas. Un frein pour la discipline ? Encore moins. Prenons l’exemple de Mathieu Van der Poel qui survole la concurrence en Cyclo-cross. Quand on aime vraiment une discipline, on apprécie avant tout la beauté du geste. Nous ne sommes pas juste là pour le suspens. Et puis dans le vtt, toutes les places se jouent. Quand il s’agit d’intégrer un top 10, la bataille est la même que pour la première place. Les cinq premiers à l’arrivée lèvent les bras de la même manière. Même si, pour l’instant, Nino se balade devant, je pense que c’est jouable pour les autres.
Quelles sont pour vous les révélations chez les hommes et les femmes cette saison ?
(Sourire) Je préfère les garder pour moi. C’est mon rôle d’embaucher les jeunes pépites de demain. Mais je vais retenir les évidences. Annie Last chez les femmes. Et Victor Koretzky chez les hommes, qui malgré la suprématie Schurter, a confirmé après une année difficile.
Avez-vous noté certaines évolutions dans les types de parcours proposés cette année ?
La grosse évolution, c’est le short-track. Sinon, pas grand-chose. L’UCI continue d’avoir une réflexion de fond sur les différents parcours proposés, où sont mixées parties artificielles et naturelles. Je suis d’ailleurs content que les portions naturelles subsistent. Les sauts, c’est sympa, spectaculaire, mais les passages dans la forêt et les bois sont tout aussi intéressants techniquement pour les spectateurs.
Propos recueillis par Romain Boisaubert