Tout l’été, Vélo 101 célèbre les anniversaires : les 20 ans de l’Etape du Tour, la 50ème édition du Tour de l’Avenir, la 100ème édition du Tour de France, les 20 ans des Championnats du Monde de VTT à Métabief, la 30ème édition du Roc d’Azur…
Sophie, comment s’était passée la sélection pour les Championnats du Monde en 1993 ?
C’était une année particulière ! Je me suis fait opérer des sinus en avril. J’abordais le début de saison en demi-teinte pour arriver en forme en fin de saison avec cet objectif de briller aux premiers Championnats du Monde officiels de VTT organisés en France, qui plus est dans mon jardin. J’ai été sélectionnée en équipe de France après les Championnats de France. J’ai participé à des stages préparatoires à Prémanon chez « Fofo », Michel Forestier, une haute figure locale du VTT à l’époque et avec Yvon Vauchez l’entraîneur national. Stages au cours desquels j’ai pu progresser et me rassurer sur ma forme.
Tu étais locale, hébergée près du spot de XC, avais-tu une pression particulière ?
Nous étions tous logés en bas de la station de Métabief avec les descendeurs qui s’amusaient tout le temps et mettaient de la boue jusque dans les couloirs ! Il y avait une super ambiance et nous étions très relax.
Les parcours avaient été très boueux, comment avais-tu géré cet aspect au niveau des pneus ?
La boue ne m’a jamais vraiment gênée, car j’étais habituée à rouler souvent dans ces conditions extrêmes propres à la Franche-Comté. Le choix des pneus et le gonflage étaient effectivement déterminants, mais, sur ce point, je faisais entièrement confiance à Michelin qui était mon sponsor et le fournisseur de l’équipe de France.
Comment s’est déroulée la course ?
Le départ en montée fut percutant avec une Jeannie Longo au top de sa forme qui imprima un rythme très soutenu. Mais son manque de technique dans les descentes glissantes, boueuses entre racines et cailloux lui a fait défaut et malgré une avance de près de 8 minutes elle perdit tout son avantage, car elle descendait à pied et se fit rattraper par Paola Pezzo qui fila vers la victoire. Quand à moi je me maintenais à la quatrième place jusqu’au dernier tour où je perdis ma chaussure absorbée par la boue dans une cuvette à pied. Je vis passer avec désolation Alison Sydor et Ruthie Matthes. L’espoir de finir sur le podium s’échappait et je ralliais l’arrivée en 6ème position. Je fus reclassée 5ème après le déclassement de Chantal Daucourt pour raison de non-conformité de son VTT.
Le podium était-ce une victoire ou une déception ?
C’est sûr que le podium était à ma portée avec un peu plus de réussite, mais c’est la course. J’en garde tout de même un souvenir incroyable tant l’enthousiasme du public au travers de ses encouragements était fort, j’en avais la chair de poule. Ce fut l’un des moments les plus forts de ma carrière malgré la fatigue au terme des 2h 40′ de course avec les Championnats d’Europe organisés l’année suivante sur le même site où je terminais cette fois seconde derrière Pezzo.
Quels sont les moments qui t’ont marqué durant cette semaine ?
L’ambiance générale tout au long du week-end avec les 100 000 spectateurs venus de toute l’Europe, amateurs de nature et connaisseurs de sport d’endurance comme le ski nordique puisque Métabief était avant tout connue par la fameuse et mythique Transjurassienne.
Avais-tu suivi les autres épreuves ?
Oui, car il y avait une grande solidarité au sein de l’équipe de France, même si nous avions mal aux jambes nous étions remontées au plus haut du parcours pour encourager les garçons avec notamment Ludovic Dubau qui était resté en tête un bon moment. Les épreuves de descente avaient conquis tout le public par le côté très spectaculaire du magnifique tracé. Dessiné par un Georges Edwards créatif et convainquant, la piste allait devenir un spot permanent pour les adeptes des sensations extrêmes avec saut, forêt, dévers, franchissement, virages relevés, etc.
Vingt ans après, penses-tu que Métabief a lancé le VTT en France et même en Europe ?
Métabief a été le point de départ de la mise sur orbite médiatique du VTT en France. Le pari d’organiser un Championnat du Monde dans une station peu connue avec des parcours très visuels a été réussi grâce à la contribution de tous les acteurs : un grand merci à Stéphane Hauvette qui a été à l’initiative de cet événement en France, aux collectivités locales qui ont cru à l’avenir de ce sport et aux médias qui se sont déplacés en masse à la dernière minute pour couvrir l’événement. Cette pleine réussite a suscité ensuite des vocations dans toutes les stations de moyenne montagne de France et d’Europe.