Tout l’été, Vélo 101 célèbre les anniversaires : les 20 ans de l’Etape du Tour, la 50ème édition du Tour de l’Avenir, la 100ème édition du Tour de France, les 20 ans des Championnats du Monde de VTT à Métabief, la 30ème édition du Roc d’Azur…
Jean-Michel, en 30 ans de Roc d’Azur, tu dois avoir au moins un souvenir marquant…
Si on fait un bilan aujourd’hui, ce qui me marque c’est l’évolution de la course Elites. C’était vraiment un grand rendez-vous les quinze premières années du Roc. Ça a été le grand final de la Coupe de France pendant des années. Les étrangers étaient là aussi. C’était vraiment le grand rendez-vous sportif. Aujourd’hui, j’ai l’impression que cet aspect sportif du Roc d’Azur se perd un peu. C’est ce que je note comme puriste du VTT. D’un autre côté, cela a aujourd’hui un gros impact populaire et ça a atteint un gigantisme impressionnant.
À quand remonte ta première participation ?
J’ai participé pour la première fois au Roc en 1988, l’année où Patrice Thévenard gagne. On devait être environ 300. Bien sûr, c’était encore du côté de Ramatuelle, du côté du village Léo Lagrange. On avait fait une belle petite balade. Ce n’était pas très long, une quarantaine de kilomètres. Thévenard avait gagné facilement. Je crois que j’avais fini dans les 50 ou 60ème.
Te souviens-tu du matériel que tu utilisais ?
J’avais un Peugeot qu’on m’avait prêté. Je suis même pratiquement sûr que c’était Patrick Béraud, le marchand de cycle à Fréjus qui me l’avait prêté. C’était un vélo de supermarché, un peu orienté VTT mais qui n’avait rien de spécial. C’étaient des vélos rudimentaires, rustiques. Il n’y avait pas de suspension, pas d’amortisseurs. Je crois avoir eu des pneus spéciaux, type cyclo-cross améliorés. Mais la mémoire me fait un peu défaut sur le coup. On parle de choses qui datent d’il y a plus de 25 ans.
1988, c’est la dernière année où le Roc était exclusivement masculin. Tu as donc pu voir la première édition féminine remportée par Nathalie Segura…
On l’avait tous remarqué, Nathalie attirait les regards, les photographes. Elle a marqué les débuts féminins du VTT, les débuts du VTT tout court même. Elle était le relais médiatique du VTT avec Christian Taillefer.
Combien d’éditions as-tu courues ?
Paradoxalement, je ne l’ai couru qu’une seule fois, par contre j’ai suivi une bonne vingtaine d’éditions. À partir de 1989, je l’ai suivi en tant que journaliste pour l’Equipe.
Comment as-tu ressenti l’évolution du point de vue de la couverture média toi qui étais d’une certaine manière un local ?
J’avais toujours mon domicile à Saint-Raphaël même si je travaillais à Paris. Je faisais tous les jours le trajet pour aller à Ramatuelle avec les désagréments qui vont avec. J’avais fait au préalable un périple aux États-Unis avec les précurseurs comme Tom Ritchey, Joe Breeze, Charles Kelly et Gary Fisher. Quand je revenais au Roc d’Azur, c’était pour moi presque banal finalement. C’est là-bas que l’impact du VTT m’a le plus marqué. Quant au Roc d’Azur, ce qui me marque c’est la continuité de l’événement.
Et concernant l’aspect professionnel avec le salon, toi qui étais directeur communication et marketing chez Philamy ?
Ce côté industrie du cycle s’est développé depuis qu’il est arrivé sur la base nature à Fréjus. Le salon a pris beaucoup d’impact. En dehors du Salon du Cycle à Paris qui se tient tous les deux ans, le Roc a pris le dessus sur tous les salons, quels qu’ils soient. Il y a un état d’esprit propre au Roc. C’est la fin de saison, c’est les vacances pour tout le monde pendant toute une semaine. C’est peut-être aussi pour cela que l’aspect sportif de la course est un peu moindre aux dépens du succès populaire.
Qu’attends-tu de la 30ème édition ?
Sincèrement pas grand-chose de plus. On est arrivés à des limites au niveau structurel. Que ce soit en terme de participation, ou même au niveau du salon. ASO va maintenant décliner le Roc dans d’autres endroits. Ici, on est au maximum. Il faudrait peut-être même descendre un peu au niveau du nombre de participants, pour le confort. C’est très bien pensé, les parcours sont très beaux mais vite engorgés au pied des bosses.
Le Roc doit-il s’étendre à d’autres univers que celui du VTT ?
Oui, je pense. C’est indéniable. On l’a vu avec le triathlon l’an dernier. Il y a eu des expériences cyclos aussi. Mais si on veut garder la pérennité de l’événement, il faut que cela reste un événement VTT. Si on commence à le décliner sous toutes ses formes, il perdra de son impact. Je ne veux pas mettre en opposition la route et le VTT. Mais dans l’esprit des gens le Roc, c’est le VTT. Si on y ajoute un triathlon ou même une cyclo, tant mieux. Cela va amuser les gens. Mais il faut préserver l’identité VTT du Roc d’Azur.