Sophie, tu gagnes le Roc en 1994 et 1995. Quelle est la victoire la plus marquante?
1994 me laisse le meilleur souvenir, en termes de sensations, car cette année-là je rentrais des Championnats du Monde au Colorado où j’avais passé un mois en altitude. La course me parut facile avec de très bonnes jambes.
Entre ces deux années, le départ a changé et en 1995, il est donné sur le sable. Qu’est-ce que cela a changé pour toi ?
Rien de particulier, car, quels que soient le départ et le type de terrain, il fallait partir vite pour s’extraire du peloton afin de ne pas être gênée dans les premiers passages techniques, et c’était mon point fort. Je n’en garde pas un bon souvenir, car je n’ai jamais apprécié le portage. J’ai juste assuré pour préserver le matériel, car sable et eau de mer ne font pas bon ménage.
Comment s’est déroulée ta course en 1995 ?
J’étais en tête dès le début de la course, puis j’ai vu que mon amie Laurence Leboucher n’était pas très loin derrière, alors je l’ai attendue puis nous avons cheminé de concert avec une belle avance et je l’ai battue au sprint.
Voilà pour tes deux victoires, mais de quand date ton premier Roc ?
Ma première participation au Roc remonte à 1989. La course était prévue à mon programme établi en début d’année avec Peugeot.
Étais-tu déjà dans le team avec les frères Hosotte?
Oui nous avons été recrutés pratiquement ensemble, car très vite la marque Peugeot recherchait des pilotes féminines pour promouvoir ses VTT et donner une image plus accessible de la discipline, moins traditionnelle du vélo classique.
Comment avais-tu vécu la première édition féminine remportée par Nathalie Segura ?
Il n’y avait pas encore de départs séparés pour les femmes et nous partions de ce fait avec les Juniors et Vétérans. Nathalie Segura avait effectivement remporté la course en 89. Pour ma part, la course fut brève puisque j’ai cassé ma chaîne à mi-parcours.
Avant tes deux victoires, comment y as-tu évolué en termes de places ?
J’étais en passe de gagner en 1990 quand une erreur d’aiguillage sur le chemin des douaniers en fin de parcours alors que j’étais en tête m’a contrainte de laisser filer Sylvia Furst vers la victoire. J’ai fait le forcing pour rentrer, car je l’avais en point de mire et elle me devance de quelques secondes à l’arrivée. J’étais très déçue. Ensuite j’ai gagné en 1994.
Qu’est-ce qui t’a marqué dans ces premières années ?
Le Roc marquait la fin de saison dans un site magnifique et devenait déjà une épreuve incontournable sur le plan médiatique avec un nombre grandissant de participants de renommée internationale. C’était le rendez-vous fun de la saison ou chacun pouvait encore profiter de la beauté du circuit, de la clémence de la météo avec des baignades conviviales après la course !
Après cette victoire, comment abordais-tu le Roc ?
En 1997, j’ai vécu le Roc en spectatrice, car j’avais subi une opération peu avant. J’étais un peu frustrée, car le site avait été déplacé de Ramatuelle à Fréjus, circuit qui semblait très attractif et j’aurais aimé en découdre sur ce nouveau parcours.
Comment juges-tu son évolution ?
L’évolution du Roc se mesure par son aspect événementiel beaucoup plus marqué : shows multiples, animations de toutes natures, salon d’exposants immense, démultiplication des épreuves annexes tout public et médiatisation élargie avec la participation des stars internationales du VTT. Le site très ouvert est propice au gigantisme de l’organisation, mais sans doute au détriment de l’esprit famille initial propre à l’avènement de la discipline qui nous plaisait tant dans les années 90.
Toutes éditions confondues, quels sont les moments qui t’ont marqué ?
Les premières éditions avec la découverte des variantes du parcours chères à Bernard Bon qui savait trouver les endroits les plus techniques et attractifs et les mots pour obtenir les autorisations de passages dans les propriétés privées autour de Saint-Tropez. Ce qui est devenu ensuite, compte tenu du nombre de participants, de plus en plus compliqué et ce qui entraîna la recherche d’un nouveau site plus approprié.