Nicolas, peux-tu nous décrire ton palmarès et quand est-ce que tu as touché ton premier vélo ?
J’ai été dix fois champion du monde de descente trois fois en junior et sept fois en élite. J’ai touché mon premier VTT à 14 ans et j’ai tout de suite eu l’impression d’avoir trouvé mon sport. J’ai fait de la moto, du tennis. J’ai touché un peu à tout, mais tout de suite en vélo j’ai eu le bon feeling.
Tu as débuté dans les années 90, c’était une très belle période pour le VTT. C’est à ce moment-là que ce sport est devenu olympique. Il y a eu de grands partenaires, par exemple Sunn et toi, tu peux le dire, tu as été un des rares pilotes professionnels ?
Oui, j’ai pu vivre de mon sport et de ma passion en intégrant une grosse structure. C’est quelque chose qui n’est pas si évident en VTT, même si tous les meilleurs arrivent à bien vivre de leur sport. Après c’est clair que ce n’est pas comme le football, le tennis ou encore d’autres disciplines.
On sait qu’un pilote doit toujours être concentré à 101 % sur sa carrière, ses résultats. Toi, quand tu étais au sommet, pensais-tu déjà à une après carrière ? Est-ce que tes proches t’en parlaient également ?
Je pense que le 101 % me correspond bien, j’ai vraiment été concentré à fond sur la compétition et je ne me suis jamais soucié des médias, de mon image. J’étais concentré sur mes résultats. C’est vrai que je n’ai pas forcément anticipé la suite, même si j’ai réussi à créer ma marque de vélo V-Process dans les années 2000. J’y pensais à cette reconversion, mais vraiment qu’à la fin. En tout cas, je laissais les autres penser pour moi. J’étais surtout concentré sur la compétition.
Raconte-nous les étapes la création de ta marque ?
À un moment donné Sunn a déposé le bilan donc à ce moment-là je me suis dit que c’était peut-être le moment de créer mon team et ma marque. Ça m’a permis de continuer, j’ai créé mes suspensions et mes vélos. On essayé de les commercialiser, c’est là que ça a été compliqué parce qu’on ne connaissait pas ce milieu. On a fait appel à des sous-traitants, mais ça n’a pas fonctionné. C’était jusqu’en 2003 ensuite, je suis rentré chez Lapierre à la fin de ma carrière. La marque n’avait pas de vélo de descente et d’enduro donc ils sont venus me voir pour faire quelque chose avec V-Process et on a créé des Lapierre V-Proccess.
Ensuite, tu es devenu pilote de rallye, est-ce que c’est pour retrouver l’adrénaline que tu avais quand tu étais compétiteur ?
Quand j’ai arrêté la descente, j’avais 27 ans, j’étais bizarrement usé. Je me suis demandé pourquoi je n’avais plus cette motivation et cette flamme. Ensuite, je l’ai retrouvé rapidement dans un autre sport. Je pense que je me mettais trop la pression à essayer gagner toutes les courses et j’enlevais un peu ce côté plaisir sans le savoir. Après ma carrière dans le vélo, j’ai fait le challenge promotion Peugeot. J’ai gagné et je me suis retrouvé pilote officiel assez rapidement. Il y a eu des hauts et des bas. C’est peut-être allé un peu trop vite par rapport à mon expérience en rallye. J’avais de l’expérience en compétition, mais pas dans ce domaine. C’était un autre milieu avec beaucoup de monde autour. En rallye il a beaucoup plus d’intervenants, c’est plus compliqué à gérer.
Est-ce qu’il y a des étapes précédentes celle de Lapierre que tu aimerais faire différemment ?
Forcément il peut y en avoir, mais aujourd’hui je suis content chez Lapierre. Je fais ce qui me plaît, travailler sur les vélos, les développer, avoir un rôle assez important sur certains vélos je prends du plaisir. Après, si j’avais réussi à faire prospérer la marque V-Process chez Lapierre, ça aurait pu être la cerise sur le gâteau, mais on ne peut pas tout avoir.
Aurais-tu aimé à la fin de ta carrière avoir une formation par la fédération ou d’autres organismes pour mieux connaître tes aptitudes et compétences ?
Oui j’aurais aimé, mais c’est une question que je ne me suis jamais trop posée. Quand on est en pleine activité ou même quand on arrête, il y a des portes qui s’ouvrent. Heureusement d’ailleurs, mais après coup il peut y avoir des choses à améliorer. On peut penser à des petites formations en communication ou marketing. Je pense que ça pourrait être une aide de la part de la fédération, même si elle fait déjà plein de choses, notamment, je pense, à l’équipe de France qui est certainement la mieux encadrée. Donc oui, je pense que c’est quelque chose à faire notamment pour les jeunes.
On parlait de tes étapes tout à l’heure. Est-ce que tu aurais aimé être organisateur ou alors journaliste ?
Journaliste pas spécialement. Organisateur oui, parce que je me rends compte que quand une course est bien organisée, avec un beau parcours, les pilotes peuvent se faire plaisir. On peut transmettre et participer à ce plaisir c’est quelque chose qui me plaît. J’y pense des fois, j’aimerais montrer mes chemins, baliser ça au top, aux petits oignons, préparer les chemins. Voilà, ça serait juste pour donner du petit plaisir et partager un moment.
Une carrière, ça passe vite, quels conseils pourrais-tu donner à des jeunes que tu aurais sous ta responsabilité ?
Je le fais déjà avec les coureurs du team. On parle, on échange pas mal, même si cette année je n’ai pas fait de compétitions. Je me rends compte que je me régale à transmettre. Je ne l’ai pas fait étant jeune, mais je pense que c’est le moment. Sinon je leur dirais qu’il faut profiter à fond, il faut bien s’entourer, prendre les bons conseils. Moi, je ne me suis jamais occupé de mon image, mais à notre époque c’est juste indispensable. C’est un peu ce que je dis à Adrien Dailly, il a un peu mon tempérament, il est réservé, introverti, mais maintenant il faut vraiment faire ce qu’il faut pour ce faire connaître parce qu’il n’y a pas que le résultat qui compte. Il faut savoir gérer tous les aspects, mais surtout bien s’entourer, c’est la clé.