A comme Alain Bianchi. Celui qui a tracé les premiers parcours du Roc d’Azur. Il avait pensé à tout, y compris l’incontournable passage sur le sable à la Galiote. Infatigable, il négociait avec les propriétaires, les chasseurs, les personnels municipaux, les élus des collectivités voisines. Il vivait et pensait le Roc d’Azur d’une édition à peine finie à l’autre. Monsieur Roc d’Azur est parti trop tôt en 2010, son âme est toujours là, Miguel Martinez, vainqueur pour la troisième fois, lui a rendu un vibrant hommage. Normal.
B comme base nature. Une ancienne base militaire que François Léotard, alors ministre de la Défense et maire de Fréjus, avait reconvertie en base de loisirs. Une base de travail essentielle à l’avènement du Roc. Stéphane Hauvette avait pensé quitter Ramatuelle devenu trop petit, ISL et la FFC l’ont fait en 1997. Certains diront forcément qu’avant c’était mieux, mais le Roc en passant à Fréjus a franchi le cap décisif. A Fréjus pour toujours. B, c’est aussi le Bougnon, l’Alpe d’Huez du VTT, un chemin de terre qui s’élève à la verticale entre deux rangées de spectateurs.
C comme champions olympiques. Si Bart Brentjens, le premier champion olympique de VTT, a gagné en 1995, c’était à Ramatuelle. Les deux champions olympiques français ont un lien différent avec le Roc. Miguel Martinez, trois victoires depuis dimanche, Julien Absalon, aucune. La raison ? Des saisons réussies auparavant qui font que le Roc n’est pas un objectif, mais un événement fait pour remercier ses partenaires, rendre à son sport ce qu’il lui apporte. Quelque chose nous dit que le « voisin de Saint-Raphaël » se mettra en tête de la gagner un jour, et ce jour-là… Julie Bresset, l’actuelle championne olympique, est un peu dans le même état d’esprit, pour le moment, mais son tour viendra forcément.
D comme Christophe Dupouey. Deux fois vainqueur du Roc en 1998 (avec le maillot de champion du monde) et 1999. A chaque fois de la même façon, au sprint avec le même homme, Miguel Martinez, avec qui il « jouait » : sprint avant les singles pour passer devant, maîtrise des coups de boutoirs de Mini Mig et déboîtage en règle au sprint sur la base nature. La seconde fois, il négocie son Supernormal avec Max Commençal la veille de l’épreuve, le lendemain il gagne. Un personnage ultra apprécié, trop vite parti.
E comme Eric Davaine. Infatigable speaker du Roc depuis 1995 et l’arrivée de la FFC et ISL à la tête du vaisseau. La voix du VTT est incollable sur les palmarès qu’il compile méticuleusement. Infatigable, incollable, il lui faut aussi une condition de sportif de haut niveau. La voix est un muscle comme un autre, il faut l’entretenir : au choix miel ou fromage blanc (ça c’est Daniel Mangeas, l’autre référence), et une chose en commun pour ces deux athlètes, beaucoup de repos. Eric a accompagné le développement du Roc. Au début une présence sur le week-end et c’était bon, maintenant c’est du mercredi au dimanche non-stop. « Applaudissez plus fort, encore plus fort », et Eric enchaînera avec sa 20ème tournée Roc en 2014 : 20/31 ça nous laisse sans voix ! E, ce sont aussi les épines. Certains comme Frank Parolin s’en souviennent encore. En 1997, à l’arrivée à Fréjus, c’est la découverte de la base nature, ses parties macadamisées, les pistes d’envol et sa prairie naturelle. Tellement naturelle que poussent des plantes venues du Sahara, les graines étant de vraies épines. Résultat : les pilotes qui s’échauffent en attendant la mise en grille creèvent à tour de bras et partent sans chambres à air, toutes consommées avant. Un vrai business pour les marques de pneus. Pour 1998, avec l’aide des écologistes, la solution est trouvée : traitement en temps et en heure et plus de soucis épineux.
F comme Fred Salamone. Le digne successeur d’Alain Bianchi, déjà formé par des années de présence auprès d’Alain. Fred a pris le relais à tous les niveaux : le charisme, la force de persuasion, les tracés de parcours. Pilote moto et VTT, il vit le VTT, en pratique en compétition au club local, créé spécialement pour être le relais de la FFC en 1997, à l’arrivée du Roc à Fréjus. Le premier enfant du Roc en quelque sorte.
G comme GT Air Show. Une, si ce n’est la, première animation sur la base nature. Une animation freestyle BMX avant l’heure, habituée des mi-temps NBA. Un show à couper le souffle animé par Momo au souffle jamais coupé. Une vraie animation pour laquelle certains venaient spécialement. Aujourd’hui, le programme d’animations est tellement dense qu’il faut faire des choix. Soit rouler, soit visiter le salon, soit regarder les animations. Le Roc à la carte, qui s’en plaindra ?
H comme Stéphane Hauvette. Le créateur. Celui qui y a cru dès 1984, et surtout après. 12 coureurs inscrits sur la 1ère édition, 7 au départ, le vainqueur qui arrive avant l’organisation ! Le bon côté des choses c’est « qu’on ne perd pas beaucoup d’argent sur un coup comme ça ». Un peu plus de 100 participants en 1985, le cap des 1000 en 1989, il fallait y croire. La preuve : le cap des 20 000 est désormais dépassé.
I comme inflation. Inflation limitée, très limitée quant aux prix accordés aux vainqueurs du Roc. Très longtemps limitée à 10 000 francs (1500 euros), la prime au vainqueur est désormais de 2750 euros. On vous laisse calculer l’augmentation mais on est loin de bien d’autres sports. Tous les organisateurs successifs du Roc se sont toujours attachés à ne pas verser d’argent en prime de participation aux pilotes. Ce qui n’empêche pas que les grands du monde du VTT sont venus au Roc, même les Nord-Américains comme Ruthie Matthes ou Alyson Sydor.
J comme jeunes collégiens et lycéens. Génération Roc est un autre enfant du Roc à Fréjus. Elle ouvre le Roc le mercredi après-midi et permet aux équipes de chronométreurs, d’organisation, bénévoles, etc. de se rôder, de peaufiner les derniers réglages. Gratuite pour les enfants, avec des VTT de marque, Sunn les premières années, les 350 invités au départ sont devenus 1300 coureurs désormais. Le futur vainqueur du Roc sera peut-être passé par Génération Roc un de ces quatre.
K comme KO debout. Ce fut le cas de notre ami belge qui se reconnaîtra. Il avait laissé entendre que le Roc « c’est bien, mais ça manque de bière à l’arrivée ». Bilan final, un Roc Masters terminé comme un gars qui a fait la bringue toute la nuit, un responsable des ravitos à l’arrivée, Patrick, bien patient, et une Chimay servie dans son verre pour monsieur qui en est tombé à la renverse, une fois ! Autre entorse à la diététique, le dernier du Roc avait droit aux bravos de toute l’équipe d’organisation à son arrivée, souvent nocturne. Applaudissements et pastis, une lanterne rouge version VTT !
L comme François Léotard. Le maire de Fréjus en 1996, lors des premières négociations. Ramatuelle et le carrefour de la Foux « des fous » étaient devenus trop étriqués pour le Roc. Il fallait bouger, direction l’est, Fréjus pour l’accueil et Roquebrune-sur-Argens pour l’essentiel des parcours. Peu d’élus y croyaient au départ, François Léotard si. La base nature porte désormais son nom, juste retour des choses.
M comme Maures. Le Roc est né dans le massif des Maures, l’exporter ailleurs aurait été sans doute le galvauder. Plus sauvage à Ramatuelle, il a trouvé son assise à Roquebrune-sur-Argens. Moins de propriétaires réfractaires, le soutien des collectivités locales, l’appui des écologistes, et même le calendrier des agriculteurs à qui on demande de ne pas épandre de lisier les jours avant le Roc ! Les collines de Roquebrune, même avec des chemins parfois larges, offrent un parcours roulant, trop pour certains, mais un excellent compromis entre pilotage et nécessité d’accueillir beaucoup de courses, en deux puis désormais en cinq jours.
N comme Nationale 7. La route qui sépare la base nature du massif. Le problème majeur des premiers Rocs d’Azur. Comment couper une Nationale plusieurs fois pendant un week-end, pour les départs par vagues ? Pas simple. Il a fallu des trésors de patience, des heures de négociations, le soutien de toutes les collectivités locales, pour y arriver. Pour la sortie de la base comme pour le retour, il aura fallu construire des ponts, élargir les trottoirs, travailler toute la nuit…. mais c’est toujours passé car le Roc sans sa base c’est comme le Roc sans le passage sur le sable.
O comme otage. Jamais le Roc n’a été l’otage de certains et vu son avenir remis en question. La raison ? Une négociation permanente avec tous les acteurs, que ce soient les propriétaires, les écologistes, les mairies, les chasseurs, avec qui il aura été nécessaire d’être toujours attentifs. Dès le lendemain du Roc, la chasse reprenait son droit, au moment du débalisage et du nettoyage. On a même vu des chasseurs, au début intrigués, essayer un Cannondale avec un lefty voire même récupérer nos sacs pleins de détritus, comme quoi…
P comme paquebot. Incongru sur une base aérienne, c’est pourtant bien comme ça qu’est baptisé le vaste hangar où étaient stockés les avions. Il a été la base du salon du Roc nouvelle version. Des structures en dur, avec le mistral et le bord de mer, pas du luxe quelquefois, des salles de réunion, de l’espace, bref tout le contraire de Ramatuelle où seuls deux employés municipaux pouvaient apporter leur concours. Revers de la médaille, une base militaire désaffectée, ça vieillit vite. Les locaux, les toilettes, avaient besoin d’être rafraîchis. La pluie noyait les stands, il fallait utiliser les aspirateurs à eau ! Désormais le paquebot accueille tous les coureurs pour le retrait des dossards. Au sec.
Q comme quatre. Les différents organisateurs du Roc d’Azur, Stéphane Hauvette le créateur de 1984 à 1994 qui a vendu son événement à ISL et la FFC (1995 à 1999) puis Sportys (2000 à 2011) et ASO depuis 2012. Stéphane Hauvette, Philippe Lesage, Benoît Roy et Alexandre Maslin, à la tête du Roc successivement, mais jamais seuls, surtout depuis 1997 où plus de 350 bénévoles donnent un super coup de main, certains pendant une semaine. Sans eux, pas d’événements. Chaque année après le Roc, une tombola est organisée pour eux, avec des cadeaux des partenaires, un juste retour des choses.
R comme ruelles. Le Roc Ruelles est né avec le siècle nouveau. Un ancêtre organisé déjà à Fréjus en février a servi de modèle. Aujourd’hui il voit double, une version à Fréus le vendredi soir, une autre à Roquebrune le samedi soir. Ou comment rapatrier le Roc en centre-ville : escaliers, passages étroits, virages à angles droits, etc. Bref, de l’explosivité, du pilotage, un gros cœur et le tour est joué.
S comme sable. Un incontournable du Roc de toujours. Seul événement au monde à proposer un portage en guise d’apéro à Ramatuelle, le Roc a gardé sa spécificité à Fréjus, sur le final cette fois. Avec la plage de la Galiote où les pilotes passent au milieu des baigneurs qui découvrent le VTT in vivo. Beaucoup y font un plongeon avant de repartir pour la piste cyclable et les derniers kilomètres. Les plus experts, une minorité, passent sans poser pied à terre. Les autres s’essaient au cyclo-cross, version vélo sur le dos ou version vélo poussé en courant.
T comme Martin Tzara, de TF1. Il animait Minuit Sport et accordait systématiquement une fenêtre de 26 minutes au Roc, un luxe, et une bonne habitude. Mais ça c’était avant, désormais le VTT et le Roc sont abrités sur le web, où il vit bien d’ailleurs. Avec l’arrivée d’ASO, l’Equipe 21, la chaîne du groupe, offre une belle vitrine méritée au Roc sur les quatre jours de l’événement. Les grandes chaînes s’y sont intéressées, notamment lorsque les incendies de l’été avaient détruit les collines et qu’on retrouvait les pompiers qui avaient combattu le feu sur le vélo pour le Roc des uniformes, quelques mois plus tard.
U comme universel. Le Roc s’est progressivement étendu à toutes les disciplines du VTT. Le cross-country bien sûr, en compétition et en randos, le trail d’abord aux Issambres, la descente, et l’enduro désormais où des champions emblématiques comme Nicolas Vouilloz ou Anne-Caroline Chausson peuvent inscrire leur nom au palmarès. Le Roc est même devenu support de la Coupe du Monde de BMX, juste avant l’entrée de la discipline aux JO en 2008. Un regret ? Que le trial ne soit plus mis en valeur comme il le devrait, une occasion unique d’être mis en lumière.
V comme voie cyclable. Les derniers kilomètres du Roc sont plats, sur le macadam avant d’aborder la base nature, mais les kilomètres précédents sont suffisamment sélectifs pour qu’un coureur ayant fait la différence avant la plage puisse être revu par de gros rouleurs. Et puis un peu de répit après tant d’efforts, ça ne fait pas de mal.
W comme web. Le site Internet www.rocazur.com est né en 1998, aux débuts du web, bien avant la bulle Internet. Issu de VTT Passion créé par Christophe Sicot, en version française uniquement en 1998, puis anglaise et française en 1999, l’année où les inscriptions en ligne ont été lancées. 750 inscrits dès le premier jet, désormais toutes les inscriptions passent pas le web, les forêts ne s’en portent que mieux. Quelque part, Vélo 101 est un enfant du Roc, lui aussi, lancé en juin 2000 par ceux qui avaient lancé rocazur.com.
X comme l’inconnu qui le restera. Il avait fait croire à sa femme qu’il était inscrit au Roc, laquelle lui avait fait la surprise de l’attendre à l’arrivée. Attente vaine. Une fois le dernier concurrent arrivé, des recherches sur tous les postes de contrôle avaient été effectuées jusqu’à ce que l’informatique assure que la personne en question n’avait pas pris le départ, occupé ailleurs ! Ambiance… Le Roc, c’est une foultitude de détails comme ça : une bombe de la Seconde Guerre mondiale découverte à 50 mètres d’un parcours où allaient passer des milliers de coureurs, déterrée en plein Roc, sans que personne ne se rende compte de quoi que ce soit. A quand un livre sur l’Histoire du Roc ?
Y comme yaourts. Une savoureuse et dernière anecdote. En 1997, le Roc passe de 6300 à 8500 coureurs, tout ça mélangé avec le fait que les coureurs, une fois leurs dossards retirés, vont tout de suite reconnaître et goûter les parcours, s’arrêtent aux ravitos déjà en place pour les autres courses. Bilan final ? Pas facile de calculer les quantités nécessaires aux ravitos. Première édition à Fréjus, plus de ravito au dernier poste à la sortie de la plage et les derniers qui sont forcément dans le très dur à tous niveaux ! La solution vient d’un militaire, forcément débrouillard. Il réquisitionne ce que la cafétéria n’avait pas trop vendu, les yaourts, pour les filer aux coureurs, tous supers contents de ce ravito nouveau genre. Le ramassage après, c’était du boulot, mais l’essentiel était sauf.
Z comme z’avez visiblement apprécié cette saga du Roc d’Azur, que Vélo 101 vous a proposé depuis août en alternance avec les 20 ans des Championnats du Monde à Métabief. Vous en voulez encore ? Rendez-vous tous les mardis pour la suite et fin des pionniers du Roc : Christian Taillefer, époque débutant et crosseur, Jean-Christophe Savignoni, Michel Hutsebaut époque coureur. Après ça ? On vous emmène jusqu’en décembre avec les pionniers du VTT. A suivre…