Le press camp de Merida Bikes s’est tenu du 10 au 13 février à Playa de Muro, sur l’île de Majorque, où la neige ne s’était pas invitée depuis plus de 56 ans. Presse mais aussi collaborateurs, techniciens, distributeurs, revendeurs et bien sûr les sept pilotes et leur encadrement du Multivan Merida Biking Team, dont les emblématiques Gunn-Rita Dahle-Flesja (dont c’était l’anniversaire vendredi) et José-Antonio Hermida, ambassadeur (à vie ?) de Merida et toujours là quand il s’agit de vannes et même de multi-vannes (par exemple en danseur de flamenco !). 300 personnes au total venues de près de 70 pays. Chez Merida, on voit les choses dans une autre dimension, cette année en particulier puisque le fondateur de la marque est parti, et son successeur prend le relais.
La notoriété de Merida, surtout en France, est inversement proportionnelle à sa puissance de production, basée à Taïwan. La journée de samedi a été consacrée aux présentations. De la société d’abord, dont les chiffres de croissance sont à deux chiffres, tout va bien merci, avec l’ouverture sur la Chine et des capacités de production à 1,5 million de vélos par an (seulement 700 000 à ce jour !). Moment particulier, la minute de silence à la mémoire d’Inke Tseng, fondateur de la société, décédé le 6 février et dont les funérailles auront lieu pendant le salon de Taipei. La famille du vélo pourra ainsi rendre hommage à un géant de l’industrie du bike.
C’est William Tseng qui a dévoilé les ambitions et l’actualité du groupe, qui reste le plus gros producteur de vélos au monde avec Giant, et qui produit pour de nombreuses marques, ce qui ne l’empêche pas de développer sa propre marque taïwanaise… et pas espagnole comme beaucoup le croient. Perspectives d’avenir ? Très rapidement devrait être annoncée l’approche sur le monde de la route, avec la création, la reprise ou le sponsoring, l’avenir nous le dira, d’une équipe WorldTour. Côté calendrier, on parle de cet été, lors du prochain Tour de France. Pourquoi pas ?
Sur le VTT, c’est une affaire qui roule. Très bien même avec la perspective des Jeux Olympiques à Londres et deux vraies chances de médailles. A ma droite Gunn-Rita Dahle, qui a déjà été en or à Athènes et ne veut pas donner de place précise mais se voit bien dans celles qui ont une réelle chance (à lire prochainement sur Vélo 101). A ma gauche José-Antonio Hermida, qui a touché l’argent à Athènes mais se verrait bien avec un autre métal, comme il nous l’a confié (relire l’interview), sans oublier Rudi Van Houts qui poursuit sa progression au fil des saisons et pourrait créer une surprise à Londres pour le plus grand plaisir de Merida… Le VTT est donc bien l’emblème de la marque, porté par de très beaux succès, comme le titre de champion du monde conquis en 2010 au Mont Sainte-Anne. Ne serait-ce qu’en France, on est sur un ratio de 70 % VTT et 30 % route, comme nous l’a confié Olivier Douçot, le directeur marketing France.
Si le team n’évolue pas quantitativement, si la route est en gestation, la gamme Merida, elle, s’étoffe très largement. En route, c’est le Scultura EVO SL, une nouvelle version plus nerveuse, plus haut de gamme, avec une déclinaison grand public via les Scultura Pro et Comp. Côté VTT, c’est le passage à la vitesse supérieure surtout en 29 pouces, où à côté du Big Nine Carbon Team (le 29″ rigide), le Big Ninety Nine présenté à l’état de prototype (29″ tout suspendu) est une des grandes nouveautés pour cette année 2012, développé en liaison étroite avec les pilotes du team, dont beaucoup sont crosseurs marathoniens, là où le confort et le rendement peuvent faire la différence quand on flirte avec les quatre heures de course.
29″ ? 26″ ? Les pilotes « olympiques » n’ont pas encore fait leur choix, il sera affiné après la manche de Coupe du Monde de Houffalize et les vraies reconnaissances du circuit de Londres, encore susceptible de changements, comme on l’avait vu à Pékin où le circuit des Préolympiques et celui des JO n’avaient rien à voir.
Place au terrain maintenant, même si la neige s’est invitée pour les tests VTT. Merida avait mis les moyens pour que cette journée-test se passe dans les meilleures conditions mais c’était sans compter sur les aléas climatiques et les chutes de neige. Les invités avaient à disposition plus de 80 VTT tous modèles confondus avec la possibilité de rouler sur le prototype tout-suspendu en 29″ ou le Big Nine, le semi-rigide aux grandes roues. Côté esthétique, on apprécie la décoration colorée des Merida avec ce ton noir bleuâtre aux écritures blanches et vertes, caractéristiques de la marque taïwanaise. Les composants aussi adoptent des coloris similaires qui donnent une touche homogène aux VTT. Ainsi les fourches DT Swiss, les selles Italia SLR ou bien les périphériques PRC (accessoires développés par Merida) se sont tous mis au vert !
Contrairement à la concurrence et à la tendance, les VTT Merida n’ont pas pris en compte l’intégration des gaines et câbleries internes. Merida se justifie en soulignant les changements réguliers de câblerie sur un VTT et la dextérité demandée pour manipuler ces câbles…
Côté comportement, la neige a abrégé les essais. En toute honnêteté, nous avons roulé sur le hardtail 26″ sur les sentiers boueux et escarpés majorquins. Côté géométrie, nous sommes sur du classique avec un léger sloping qui donne un cadre court donc attention à faire le bon choix de taille lors de l’achat. On notera la présence du groupe SRAM XX pour la transmission et les freins, un groupe léger, esthétique, et qui semble fiable au vu des résultats des coureurs. Niveau suspension, des fourches DT Swiss permettent d’engager les descentes en toute sécurité avec des trajectoires stables à condition de bien adapter la pression et faire les réglages nécessaires. On notera la présence des jantes Alex Rims accouplées aux moyeux DT Swiss, tout comme l’utilisation de nouveaux pneus Maxxis qui viennent étoffer la gamme.
Côté route, Merida fait évoluer son haut de gamme, le Scultura, petit clin d’œil au créateur du vélo, ancien sculpteur sur pierre reconverti dans la bicyclette. Les heures passées sur le Scultura Evo SL ont confirmé les présentations des techniciens de la recherche-développement de Merida. Des bases courtes en font un vélo très nerveux, excellent en relances, surtout avec des roues carbone de chez Vision, notamment la Trimax 24 (dont vous retrouverez photos et impressions très prochainement). De par sa géométrie classique, ce Scultura performe sur tous les terrains et rend parfaitement bien sur des circuits roulants ou puncheurs. Son poids est très étudié, 150 grammes de gagnés avec le nouveau SRAM Red, mais surtout il est équipé du pédalier FSA Evo 386. Cette évolution, disons plutôt une révolution, permet d’avoir un pédalier qui s’adapte à tous les boîtiers de pédalier du marché actuel grâce à une panoplie diversifiée d’adaptateurs compatibles avec ce pédalier. Fini les prises de tête, quel que soit votre vélo vous pourrez y positionner ce pédalier FSA 386. Une réponse intelligente de FSA à toutes les marques qui souhaitent imposer un standard et rendre exclusive une utilisation qui doit rester la plus simple possible !