Rien ne sert de courir, il faut partir à point. La maxime célèbre de Jean De La Fontaine est plus que jamais d’actualité quand il convient d’établir une stratégie pour le relais par équipes. Dans quel ordre faut-il faire succéder la Dame, le Junior, l’Espoir et l’Elite ? Qui doit ouvrir ? Qui doit conclure ? Véritable dilemme, ce choix peut être payant d’abord, puis désastreux ensuite dans une épreuve spectaculaire, où tous les scénarios sont possibles. Un titre mondial est toujours prestigieux, mais celui-ci est tout particulier. Il juge la cohésion et la force d’une nation dans toutes les catégories représentées lors de ces Championnats du Monde. Inutile de préciser que de voir les Français glaner une deuxième breloque après le bronze de Kevin Miquel sur le XCE est fort probable, même si les tricolores restent sur deux échecs aux Mondiaux.
Cette fois, les Bleus ne manqueront pas la plus haute marche, sur laquelle Jordan Sarrou, Hugo Pigeon, Margot Moschetti et Maxime Marotte s’étaient installés en juin dernier au Championnat d’Europe. On ne change pas une équipe qui gagne, mais on peut la renforcer. Pauline Ferrand-Prévot prendra ainsi le relais d’Hugo Pigeon avant de le transmettre à Maxime Marotte pour la dernière boucle. En plaçant sa Dame et son Junior au cœur du relais, l’équipe de France équilibre ses forces et s’offre une dernière cartouche de choix. Il fallait au moins cela pour que les Bleus bouchent la trentaine de secondes qui les séparent des Espagnols et des Canadiens à l’entame de la dernière boucle.
Les deux adversaires des Français n’ont quant à eux pas retenu la leçon. Le choix audacieux du relais espagnol de placer d’entrée de jeu ses deux atouts majeurs, Pablo Rodriguez et José-Antonio Hermida, ne sera pas payant, comme celui des Canadiens. Les deux nations ont choisi de placer leur dame en dernière position et ce choix, fatal aux Français aux Championnats d’Europe l’an dernier, n’est sans doute pas la bonne stratégie. Cela sera confirmé aujourd’hui. Les deux nations vont sombrer au fond du Top 10 pour laisser les favoris s’expliquer.
Sur le papier, l’équipe de Suisse représentée par Andri Frischknecht, Filippo Colombo, Jolanda Neff et Nino Schurter, semblait en mesure de contester à la France le rang d’équipe favorite. Mais les Helvètes vont payer le retard accumulé sur les deux premiers relais. C’est avec 48 secondes d’avance sur Jolanda Neff que Pauline Ferrand-Prévot prend le témoin. Un avantage qu’elle porte à 50 secondes au moment de laisser Maxime Marotte seul face à Nino Schurter. L’Alsacien rentre sur l’Espagnole Rocio Martin et la Canadienne Catharine Pendrel pour se porter rapidement en tête.
Le pilote de BH réalise un tour impressionnant dans lequel il ne lâche que cinq secondes au champion du monde. Les Tchèques qui ont tout misé sur leurs deux derniers relayeurs, Katerina Nash et Jaroslav Kulhavy, s’emparent du bronze. Maxime Marotte qui faisait partie du relais vainqueur en 2011 à Champéry, et de ceux argentés de Saalfelden et de Pietermartizburg, gomme ainsi la déception du Mondial sud-africain, lors duquel il s’était montré impuissant face à Gerhard Kerschbaumer dans le dernier relais. Il permet à l’équipe de France d’ajouter une nouvelle breloque au tableau des médailles. Avec ce relais en or, quelque chose nous dit qu’il ne restera pas bloqué à deux jusqu’à dimanche…
Classement :
1. France (Jordan Sarrou, Hugo Pigeon, Pauline Ferrand-Prévot, Maxime Marotte) en 52’02 »
2. Suisse (Andri Frischknecht, Filippo Colombo, Jolanda Neff, Nino Schurter) à 45 sec.
3. République Tchèque (Krystof Bogar, Jan Rajchaart, Katerina Nash, Jaroslav Kulhavy) à 55 sec.
4. Etats-Unis (Todd Wells, Neilson Powless, Lea Davison, Keegan Swenson) à 1’25 »
5. Allemagne (Julian Schelb, Luca Schwarzbauer, Sabine Spitz, Manuel Fumic) à 1’31 »
6. Australie (Daniel McConnell, Cameron Ivory, Rebecca Henderson, Reece Tucknott) à 1’36 »
7. Canada (Leandre Bouchard, Geoff Kabush, Marc-André Fortier, Catharine Pendrel) à 1’53 »
8. Pays-Bas (Rudi Van Houts, Joris Nieuwenhuis, Anne Terpstra, Michiel Van Der Heijden) à 2’13 »
9. Danemark (Sebastian Carstensen-Fini, Niels Rasmussen, Annika Langvad, Simon Andreassen) à 2’16 »
10. Espagne (José-Antonio Hermida, Pablo Rodriguez, Javier Jimenez, Rocio Martin) à 2’49 »