Julien Absalon a beau avoir remporté sa sixième Coupe du Monde cet été et a beau être installé depuis bien longtemps au Panthéon de la jeune histoire du VTT, il en veut toujours plus. Même à 34 ans et alors qu’il a tout gagné, le pilote français n’est pas rassasié. Le Vosgien part en quête sur le circuit de Hafjell d’un titre mondial qui se refuse à lui depuis sept ans et sa dernière victoire à Fort William. Depuis lors, et malgré un deuxième titre olympique, Julien Absalon a toujours trouvé des obstacles qui lui ont barré la route. Christoph Sauser, José Hermida, Jaroslav Kulhavy se sont succédé dans la tunique irisée longtemps en possession du Français, mais c’est Nino Schurter qui s’est montré le rival le plus encombrant pour la légende du sport tricolore, gênée par des côtes fracturées lors des derniers Championnats du Monde en Afrique du Sud.
Aujourd’hui, Julien Absalon met tous les atouts de son côté. Sa défaite à Méribel l’a poussé à remettre en question sa fidélité au semi-rigide. Le circuit rocailleux et technique d’Hafjell l’oblige à utiliser pour la première fois un tout-suspendu. Un choix qui lui permet de gommer en partie le déficit technique dont il souffre face au Suisse et d’affronter les soubresauts du circuit norvégien avec sérénité.
L’autre point faible de Julien Absalon par rapport au Suisse est peut-être son manque d’explosivité dans les premières boucles. Et ça, le Lorrain ne peut rien y faire. Surtout quand son rival prend un départ canon et franchit à la vitesse de l’éclair la ligne au bout du premier tour. Le Français accuse alors un retard d’une petite trentaine de secondes, mais ne panique pas. Il sait qu’à 34 ans, la machine peine un peu à se mettre en route, mais semble plus efficace que jamais après un tour. Dès la deuxième boucle, le double champion olympique se porte à l’avant du groupe de chasse et part à la poursuite d’un Nino Schurter qui semble logiquement accuser le coup.
Ce qui était une preuve de force n’était peut-être qu’un aveu de faiblesse. Après cette première boucle, l’Helvète pensait peut-être avoir fait le plus dur en appliquant un schéma qu’il connaît à la perfection depuis deux ans. Mais cette fois, Julien Absalon a toutes les cartes en main pour renverser la vapeur. Dès le deuxième tour, il commence à grignoter son retard. Deux tours plus tard, il retrouve le sillage de Nino Schurter, moins aérien qu’il ne l’a été. Le duel tant attendu peut avoir lieu. Celui-là même qui tourne pratiquement toujours à l’avantage du Suisse depuis deux ans.
Le triple champion du monde fait illusion pendant un tour pendant lequel il tente désespérément de décrocher son adversaire sans y parvenir. En revanche, quand les deux hommes abordent les longues montées du circuit norvégien, Julien Absalon retrouve son terrain. Il ne met pas longtemps à trouver la clé pour distancer celui qui l’a souvent battu cette saison en Coupe du Monde. L’écart qui sépare les deux hommes ne cesse alors d’augmenter jusqu’à la ligne. Il y a un an et demi, le Français avait en partie battu le Suisse sur ennui mécanique au Championnat d’Europe. Cette fois, c’est à la pédale qu’il retrouve ce maillot arc-en-ciel qui se refusait à lui depuis sept ans. Quelques secondes après que le désormais quintuple champion du monde ait franchi la ligne, Nino Schurter, si habile habituellement, chute dans le dernier passage technique du circuit : tout un symbole.
Classement :
1. Julien Absalon (FRA, France) en 1h27’06 »
2. Nino Schurter (SUI, Suisse) à 1’51 »
3. Marco-Aurélio Fontana (ITA, Italie) à 3’28 »
4. Moritz Milatz (ALL, Allemagne) à 3’33 »
5. Manuel Fumic (ALL, Allemagne) à 3’43 »
6. Sergio Mantecon (ESP, Espagne) à 3’56 »
7. Lukas Flückiger (SUI, Suisse) à 4’25 »
8. Jaroslav Kulhavy (TCH, République Tchèque) à 4’33 »
9. José-Antonio Hermida (ESP, Espagne) à 4’40 »
10. Ralph Näf (SUI, Suisse) à 5’06 »