C’est une saison dont on attendait évidemment beaucoup de Julie Bresset. Sacrée successivement championne olympique et championne du monde il y a un an, la Bretonne de 24 ans était en passe d’honorer son nouveau statut de n°1 mondiale lorsqu’un incident de parcours est venu tout chavirer. Le dimanche 14 avril, au moment où la Polonaise Maja Wloszczowska faisait un retour triomphal à la compétition en s’imposant à Münsingen dans le cadre de la Bundesliga, elle qui s’était vue privée de Jeux après une fracture du pied, c’est Julie Bresset qui rejoignait le banc de touche. Une chute après 500 mètres de course et sa première confrontation internationale virait à la tragédie. La clavicule brisée, elle se voyait écartée du circuit mondial jusque mi-juin. Dès lors il était dit que sa saison 2013 serait bien compliquée.
Et en effet il aura fallu un temps certain à Julie Bresset pour remonter la pente. Si sa place sur la scène nationale n’a jamais été mise en péril, il lui aura fallu davantage de temps pour retrouver son statut international. Pourtant les observateurs ont bien noté la progression de la Bretonne : 39ème à Val di Sole en juin, 10ème à Vallnord en juillet, 4ème au Mont-Sainte-Anne en août, il était clair que la championne olympique et du monde était sur le bon chemin. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elle ne part pas favorite ce midi lorsqu’elle s’aligne en deuxième rideau sur la grille de départ du Championnat du Monde de Pietermaritzburg, l’événement sur lequel elle a orienté toute sa saison depuis ses mésaventures printanières.
Si les certitudes n’accompagnent plus Julie Bresset, la Française n’est certainement pas prête à abandonner son titre mondial sans combattre. Depuis un mois maintenant, elle se sait sur la pente ascendante. Aussi c’est elle qui va prendre la course en mains dès le départ, donnant l’impulsion en personne à un groupe que composent dans le premier des six tours Alexandra Engen (Suède), Eva Lechner (Italie), Katerina Nash (République Tchèque) et les deux supers favorites Tanja Zakelj (Slovénie) et Maja Wloszczowska (Pologne). Les actrices principales de la saison sont toutes rassemblées dans ce groupe royal, mais Julie Bresset n’y prête guère attention. Elle a décidé de prendre la course à son compte et déploie toute son énergie à l’avant, donnant le tempo pour mettre la pression à ses adversaires et noter quelles seront les plus coriaces.
Déjà, à la faveur d’une accélération dans la partie descendante du circuit sud-africain, Julie Bresset a relevé que les plus à même de répondre à ses changements de rythme étaient Zakelj et Wloszczowska. Mais il est encore un peu tôt pour se lancer dans une grande explication. Alors qu’Eva Lechner passe par-dessus son guidon après qu’elle eut perdu le contrôle de celui-ci, d’autres filles revenues de l’arrière viennent se greffer au groupe de tête. C’est le cas d’Irina Kalentieva (Russie) et d’Esther Süss (Suisse). Mais les deux filles ne joueront qu’un rôle intermédiaire dans ce Mondial car la Slovène Tanja Zakelj, grande révélation de l’année, décide de provoquer ses adversaires peu avant la mi-course. Bresset et Wloszczowska restent à son contact, la Polonaise renchérissant dans la section la plus raide du parcours. Tanja Zakelj commet une erreur, glisse et s’affale alors. Elle n’aura pas le loisir d’accompagner les deux filles qu’elle vient de mettre sur orbite en direction du maillot arc-en-ciel.
Il reste une seconde moitié de course à effectuer, et tant Julie Bresset que Maja Wloszczowska essaient de pousser l’autre dans ses retranchements. Les deux filles étant de niveau égal, elles comprennent qu’elles ne se départageront pas avant le dernier tour. La décision se fera au sprint. Pas pour atteindre la première la ligne d’arrivée mais pour basculer en tête dans le pierrier de Tree House, à compter duquel tout dépassement deviendra périlleux. Ayant repris la tête des opérations dans le dernier tour, Julie Bresset tient tête à la Polonaise dans une bataille engagée pour la pole position. C’est elle qui pénètre la première sur le torrent rocailleux, dont elle sort à toute vitesse. Maja Wloszczowska ne pourra jamais revenir, et c’est vers un deuxième titre de championne du monde que s’envole l’époustouflante Julie Bresset.
A Pietermaritzburg, le circuit sur lequel elle avait révélé l’ampleur de son talent en Coupe du Monde il y a deux ans, la danse de la victoire a belle allure pour la championne française. A l’issue d’une saison compliquée, elle préserve le maillot arc-en-ciel, qu’elle reçoit sur le podium entre Maja Wloszczowska, sa belle rivale, et la Suissesse Esther Süss, qui se sera installée sur la troisième marche du podium à compter de la mi-course. Malchanceuse, Tanja Zakelj sauve une place dans le Top 5 quand c’est une médaille (laquelle ?) qui aurait dû la récompenser.
Classement :
1. Julie Bresset (FRA, France) les 28,2 km en 1h42’54 » (16,4 km/h)
2. Maja Wloszczowska (POL, Pologne) à 5 sec.
3. Esther Süss (SUI, Suisse) à 1’06 »
4. Irina Kalentieva (RUS, Russie) à 1’29 »
5. Tanja Zakelj (SLO, Slovénie) à 2’03 »
6. Alexandra Engen (SUE, Suède) à 2’57 »
7. Kathrin Stirnemann (SUI, Suisse) à
8. Gunn-Rita Dahle (NOR, Norvège) à 3’23 »
9. Lea Davison (USA, Etats-Unis) à 3’41 »
10. Eva Lechner (ITA, Italie) à 3’58 »