Joris Bagnol au milieu de ses jeunes pousses | © JB
A seulement vingt-sept ans et alors qu’il évolue toujours au plus haut niveau, Joris Bagnol est déjà un entraîneur reconnu dans le milieu du vtt. Installé sur la Côte d’Azur, le natif d’Aubagne, qui a commencé le vélo à l’âge de sept ans, a créée depuis peu sa propre structure d’entraînement où il intervient régulièrement auprès des clubs du département. Interview avec un passionné, prêt à tout pour former les futurs talents français de la discipline.
Joris, racontez-nous cette passion, presque viscérale, que vous entretenez avec l’entraînement ?
Ce qui m’anime depuis toujours, c’est de transmettre mon expérience. Quand j’étais plus jeune, des personnes compétentes m’ont amené au plus haut niveau. C’est une façon de rendre la pareille. J’adore la pédagogie. Faire progresser les jeunes techniquement et physiquement. Je peux faire partager mon vécu et toutes les compétences que j’ai acquises depuis maintenant plus de vingt ans.
Pourquoi ce choix d’entraîner, si jeune ?
J’ai rapidement pensé à l’après, à ma vie future, dès mes dix-huit ans. Le haut niveau me plaisait, j’ai donné le maximum, j’ai rapidement été performant, mais ce que j’aimais, aussi, c’était le partage. J’avais vraiment ce besoin de transmettre. Et je ne voulais pas attendre sagement la fin de ma carrière. Ce qui m’importait, c’était d’allier les deux. Physiquement, je suis toujours un athlète de haut niveau. Ce qui me permet de véhiculer une image auprès des jeunes. Tout s’est fait naturellement. J’ai eu mes diplômes. Aujourd’hui, j’arrive parfaitement à concilier mon entraînement personnel avec celui des jeunes.
Comment se déroule une journée type ?
(Il sourit) Une journée type commence par un réveil à six heures, avant d’aller à la salle de musculation jusqu’à huit heures. Je me rends ensuite au travail, où j’aide à la réhabilitation de terrain sportif pour la ville de Nice, jusqu’à midi. L’après-midi, elle, est consacrée à l’entraînement, où j’interviens auprès des jeunes de différents clubs, comme ceux du CA Peymeinade ou du pôle espoir du lycée Don Bosco de Nice. Et le soir, quand il me reste un peu de motivation, je pars m’entraîner une petite heure. Parfois plus !
Cette double casquette n’est pas trop dure à gérer au quotidien ?
Un peu. Mais je donne la priorité aux jeunes, avec qui je peux parfois m’entraîner pour moi-même aussi. Aujourd’hui, je préfère avant tout transmettre, plutôt que de m’occuper de ma propre carrière.
Vous qui êtes maintenant bien implanté sur la Côte d’Azur, quel regard portez-vous sur le VTT dans la région ?
La Côte d’Azur est le berceau du VTT. D’excellents pilotes y sont sortis. On pense à des pointures comme Nicolas Vouilloz ou Fabien Barel. Et depuis quelques années, beaucoup de jeunes sont également sortis, tels que Julien Trarieux, Lucas Martin ou Clément Champoussin. C’est la preuve que la région regorge de bons clubs et de pépites, qui n’attendent qu’une chose : s’affirmer au plus haut niveau.
La Côte d’Azur, berceau du vtt en France ? | © JB
La Côte d’Azur peut-être le bastion du VTT en France à l’avenir ?
En tout cas, elle a tout pour. Les massifs montagneux, des jeunes compétents et des entraineurs de qualités. Le seul petit problème, c’est ce côté un peu « m’as-tu-vu ». Parfois, dans certains clubs, les dirigeants préfèrent tout mettre en œuvre pour être le meilleur club plutôt que de former de bons jeunes. Le paraître est important ici. C’est parfois dommage. Mais c’est le tourisme et la beauté de la région qui veulent ça.
Et en France. Le VTT progresse-t-il dans la hiérarchie des sports ?
Le nombre de licenciés progresse gentiment d’année en année. Mais nous sommes bien loin des masses importantes que drainent le rugby ou le football. Même si au plus haut niveau, nous avons de plus en plus de publicités, la médiatisation reste difficile. Mais depuis quelques années, grâce à Red Bull TV et l’Equipe 21, le VTT commence à faire sa place dans le paysage audiovisuel. J’entends beaucoup de monde râler. Mais il faut se rendre compte de la chance que l’on a, déjà, d’être retransmis sur une chaîne de la TNT. Ce n’est pas rien. Et en derrière le football, le rugby ou le tennis, on est là. Nous avons un public.
La route vous fait-elle de l’ombre ?
Forcément… C’est un peu comme le football masculin et féminin. Mais à l’heure actuelle, le football féminin commence un petit peu à refaire son retard sur son homologue masculin. Pour moi, le vtt évolue dans le bon sens, médiatiquement parlant. L’évolution, grâce à internet et Red Bull TV, est importante. Il faut que cela continue.
Quitte à tomber dans l’extrême ?
C’est vrai que depuis cette nouvelle médiatisation, nos circuits sont amenés à être de plus en plus spectaculaires, même si la descente et l’enduro restent les deux disciplines phares de l’extrême. Mais nos parcours de vtt sont de plus en plus accidentés et spectaculaires, pour attirer l’œil du spectateur.
A propos de la nouvelle génération, pensez-vous que le départ à la retraite de Julien Absalon va laisser un vide difficile à combler ?
Honnêtement, je ne pense pas. Les clubs sont toujours garnis de pépites et sortent régulièrement d’excellents coureurs. Derrière les Suisses, nous sommes la meilleure nation mondiale. Si Absalon a pris sa retraite, c’est aussi parce qu’il a constaté que derrière lui, il y avait une belle génération de pilotes, qui commençait parfois à le battre sur certaines courses. Je pense à Stéphane Tempier ou Victor Koretzky notamment.
Propos recueillis par Romain Boisaubert
Joris Bagnol, pilote-entraîneur | © JB
Joris Bagnol au second plan, deuxième à gauche | © JB
Les jeunes vététistes du CA Peymeinade | © JB