Olivier, la saison VTT s’est conclue sur la victoire de ton poulain Stéphane Tempier au Roc d’Azur, était-ce anticipé ?
On ne peut jamais tout prévoir mais nous l’avions anticipé effectivement. Dans la lignée du Championnat du Monde Marathon, nous avions fait du Roc d’Azur un petit objectif. La priorité c’était le Mondial Marathon, puis l’idée était de surcompenser sur la lancée pour le Roc d’Azur. J’avais encouragé Stéphane à préparer cet objectif voici quelques mois, en lui disant que ça pouvait être une bonne opportunité, sur un parcours du Roc qui lui convient très bien.
Contrairement à ce qui a pu être dit ça et là, Stéphane Tempier avait fait d’Ornans un grand objectif…
Ornans, c’était tout de même un Championnat du Monde, avec une sélection en équipe de France. Par respect pour le maillot, Stéphane en avait fait un objectif. Ce n’est d’ailleurs pas dans son tempérament de prendre le départ d’une course en demi-teinte. Donner le meilleur de lui-même en toutes circonstances est l’une de ses qualités premières. Il a un grand professionnalisme.
Il a prouvé cette saison qu’il faisait partie des meilleurs pilotes français, pour ne pas dire le meilleur, c’est une satisfaction en tant qu’entraîneur ?
Bien sûr. Il y a eu beaucoup de travail. Je suis un jeune entraîneur, j’ai démarré mon activité il y a deux ans et j’ai fait progresser pas mal de coureurs. Cette saison restera comme une grande expérience pour Stéphane, qui participait à ses premiers JO, comme pour moi en qualité d’entraîneur. Nous sommes sortis complètement des grands principes d’entraînement. Nous nous sommes focalisés sur l’objectif d’une vie que représentent les Jeux. Il y a un bon feeling entre nous, et nous avons prouvé cette année que le duo fonctionnait bien. On prend du plaisir mutuellement à travailler ensemble.
Les JO étaient l’objectif majeur, comment as-tu travaillé sur l’aspect de la remobilisation après l’échéance olympique ?
Ça n’a pas été un gros travail car nous l’avions anticipé ensemble. Après l’objectif JO, nous avions déjà parlé de la perspective des Mondiaux en Autriche. C’était aussi une opportunité à saisir, du fait que les médaillés allaient sans doute relâcher un peu la pression. Nous avions tout anticipé jusqu’au Roc d’Azur. Ça fait partie du rôle de l’entraîneur de planifier tout cela et d’orienter le coureur dans ses choix.
Stéphane Tempier rejoindra le team BH-SR Suntour-Peisey Vallandry la saison prochaine, es-tu intervenu dans le sens de cette nouvelle orientation ?
Evidemment, nous en avons beaucoup discuté. Il avait plusieurs opportunités, nous avons tout mis à plat, et c’est lui qui a pris la décision finale. Il faut qu’il ait le feeling avec le team, les conditions, son fonctionnement… Ce choix, c’est lui qui l’a fait avant tout. Ça change peu de choses dans la relation entraîneur-entraîné, si ce n’est que ce sera plus simple pour moi du fait que je connais le fonctionnement du team BH pour y avoir passé un peu de temps ! Le travail va être encore plus collectif, j’espère que ce sera un plus dans la carrière de Stéphane.
Que ressent-on en tant qu’entraîneur quand on voit ses athlètes briller ?
Ce sont avant tout les athlètes qui pédalent et c’est pour vivre ces moments qu’on fait le métier d’entraîneur. On y retrouve la satisfaction du travail achevé. C’est bien agréable d’avoir des coureurs sur le podium, contents d’eux-mêmes et de leurs performances. Parfois il y a des moments un peu plus difficiles, ça fait partie du job d’entraîneur. Il faut s’adapter.
Est-il délicat d’entraîner des pilotes de niveau différent ?
Le métier d’entraîneur, c’est avant tout de l’adaptation. Chaque coureur est différent, chacun a sa méthode de fonctionnement psychologique, de fonctionnement physique. Mon but premier, c’est que le coureur progresse. Je souhaite aussi qu’il le fasse dans le bien-être, et j’y attache beaucoup d’importance. J’ai autant de satisfaction pour les uns que pour les autres.
On a longtemps reproché à Stéphane Tempier de mettre trop gros, a-t-il progressé de ce point de vue après un an de coopération ?
Il a beaucoup évolué du côté de la force explosive. L’an dernier, lorsque nous avions fait les tests, c’était « très limité », bien que ça reste un coureur de rang international. Il a donc beaucoup travaillé toute la saison pour arriver à pallier cela. Je pense que son évolution de puissance passera de toute manière par une évolution de sa fréquence de pédalage, qui reste encore relativement faible. Maintenant, il n’est pas évident de modifier son mode de fonctionnement du jour au lendemain, mais des plans se dessinent pour essayer de gagner ces 10 % qui lui manquent pour être au top mondial la saison prochaine.
Propos recueillis à Fréjus le 13 octobre 2012.