Dans quel état d’esprit abordez-vous la saison 2012 ?
Fabien Doubey : Cette année, nous n’avons pas été sélectionnés pour les Championnats du Monde de cyclo-cross étant donné qu’il s’agissait de notre première année en Espoirs. Nous avons donc fini notre saison de cross plus tôt. Nous avons pu bien nous concentrer sur le début de saison. Comme il s’agit d’une saison olympique, beaucoup d’épreuves sont concentrées dans la première partie de l’année, il faut donc être prêt d’emblée.
Vous avez attaqué la Coupe de France par le relais par équipes, qu’est-ce que ça vous apporte ?
Loïc Doubey : Le relais, pour nous, c’est un déblocage. L’année dernière, nous l’avions fait et remporté à Val d’Isère. C’est une spécialité qui me convient, qui me débloque avant la course. Cette année le relais n’a plus lieu la veille de ma course mais deux jours avant, malgré tout je pense que ça m’apporte autant.
Vous êtes Espoirs cette année, quelles sont vos ambitions ?
Fabien Doubey : On entre dans la cour des grands mais nous l’avons déjà connue cet hiver en cyclo-cross et nous savons à quoi nous attendre. Nous avons couru avec des coureurs de renom, nous n’avons donc pas de pression de ce côté, pas d’appréhensions non plus. Pour ma première année, j’aimerais pouvoir rentrer dans les dix premiers Espoirs, ce serait pas mal. J’ai en plus l’objectif d’aller chercher les points qui me permettront de disputer les Coupes du Monde pour entrer dans le quota France.
Loïc Doubey : Mes ambitions sont approximativement les mêmes. Nous les établirons aussi en fonction de la première Coupe de France. Nous suivons notre progression petit à petit, sans brûler les étapes. En cyclo-cross, nous avons fait des Tops 10 sans être sensationnels. On élèvera le niveau année après année.
Etes-vous suivis par un entraîneur ?
Loïc Doubey : Nous sommes au Pôle Espoir de Besançon, entraînés par Matthieu Nadal depuis trois ans. Nous arrivons maintenant à « maturité » avec lui, il commence à très bien nous connaître, nous avons de très bonnes relations. Il y a toujours une confrontation entraîneur-entraîné et c’est attirant. Nous sommes toujours un gros groupe à rouler sur Besançon donc nous sommes toujours tirés vers le haut, si ce n’est que nous sommes désormais les grands de la structure.
Faisons un retour sur la saison de cyclo-cross, comment l’avez-vous vécue chez les Espoirs ?
Fabien Doubey : Plutôt bien pour une découverte. Si l’on regarde les résultats globaux, nous sommes rentrés dans les dix premiers Espoirs français. Pour une première année c’est super bien. Comparé aux résultats de Kevin Bouvard et Clément Venturini, on peut dire que c’est un peu moins bien. Mais il faut voir plus loin. Nous avons aussi une saison de VTT et des Championnats du Monde qui ont retardé notre préparation. C’est notre choix de vouloir faire les deux. Nous aurons plus de temps pour nous préparer en Espoirs 2, pour mieux cibler nos objectifs.
Vous faites partie du programme U19, qu’est-ce que c’est ?
Loïc Doubey : C’est un team qui rassemble une quinzaine de pilotes français, principalement Juniors, à travers la France. C’est une structure de formation qui allie le scolaire, le vélo et la réparation du matériel. C’est un triple projet que nous avons rejoint cette année, malgré le fait que nous soyons en Espoirs. Ça nous a permis de bénéficier de matériel en plus de nos sponsors privés. Toute l’équipe est équipée B’Twin et SRAM grâce à un gros partenariat qui nous permet de bénéficier de beau matériel. C’est un gros avantage. Nous recevons également des conseils de la part de nombreux intervenants.
Combien de courses allez-vous faire pour U19 ?
Loïc Doubey : Nous sommes en train de réfléchir pour tout le mois d’août. Nous cherchons des courses sur route à faire avec U19, bien que cette structure ne puisse rassembler une équipe entière au départ d’une course puisque nous venons tous de différents comités, c’est compliqué.
Sur une année comme celle-là, à quoi ressemble votre activité de coureur ?
Fabien Doubey : Je n’ai jamais regardé combien de jours de course je faisais par an. Je devrais, ce serait intéressant de le savoir, mais au plan des entraînements, on tourne à des moyennes de 10-12 heures par semaine, sachant que nous allions les études avec. C’est un programme serré mais si on s’organise bien ça passe. L’IUT Génie Mécanique de Besançon, avec un personnel accueillant et super sympa, est assez compréhensif. Nous sommes partis pour deux années à l’IUT. Après je ferai ou bien une licence ou bien une école d’ingénieur par alternance.
Votre force n’est-elle pas de concilier toutes les disciplines et finalement de ne jamais vous relâcher dans une saison ?
Fabien Doubey : C’est ce qui fait notre force, certainement. Le cycliste fait souvent attention à ce qu’il mange pendant la saison puis prend des kilos l’hiver quand il coupe. Nous, on se fait plaisir dans la saison mais nous ne sommes pas obnubilés par ça. Nous allons en outre bénéficié de conseils de nutrition avec Punch Power.
On est en année olympique, qui voyez-vous sur les podiums cet été à Londres ?
Loïc Doubey : Chez les filles, ce sera très dur. Après la première Coupe du Monde, je verrais Maja Wloszczowska, puis Catharine Pendrel et Julie Bresset. Chez les garçons, je pense que Jaroslav Kulhavy va se fixer comme dernier objectif avant de basculer sur la route d’être champion olympique. Et je pense qu’il y parviendra. Derrière lui, je mettrais Nino Schurter et Julien Absalon pour le côté Frenchie.
Fabien Doubey : Moi je vais être Frenchie à 100 %. Je vois bien Julie Bresset et Julien Absalon champions olympiques, respectivement devant Emily Batty et Catharine Pendrel, Jaroslav Kulhavy et Nino Schurter.
Pensez-vous avoir un jour à faire un choix entre vos disciplines ?
Fabien Doubey : C’est sûr qu’il va falloir faire un choix à un moment donné. Et en même temps je pense qu’on peut continuer à concilier ces disciplines si nos objectifs sont bien ciblés. Toutes ces disciplines s’apportent mutuellement. Quand on fait du cyclo-cross on récupère beaucoup de puissance. Quand on fait du VTT on récupère beaucoup de technique. Et puis on se fait plaisir dans les deux, c’est ce qui compte.
Une autre athlète célèbre est éclectique, comme vous, c’est Pauline Ferrand-Prévot. La voyez-vous sélectionnée sur route, en VTT ou sur les deux disciplines pour Londres ?
Loïc Doubey : Je pense qu’elle peut décrocher ses deux billets, à la fois en route et VTT. Elle a un gros potentiel et a prouvé qu’elle avait sa place pour être la deuxième Française en VTT en n’étant qu’Espoir mais en courant avec les Elites. En route, elle a aussi les moyens, avec la structure Rabobank qu’elle a intégrée cette année, d’aller très haut.