Victor, tu as dû renoncer à défendre ton titre sur la Coupe de France de Marseille le 26 mars dernier. Que t’est-il arrivé ?
J’ai chuté l’avant-veille au cours de ma reconnaissance du circuit. Je suis tombé sur le coude. Rien de cassé mais on m’a posé des points de suture, et la douleur étant trop forte j’ai préféré jouer la prudence et renoncer à prendre le départ. Ce ne sont pas vraiment les points qui m’ont dérangé mais j’ai pris un gros coup. L’hématome était énorme et avec les vibrations il m’était impossible de faire du VTT. J’ai déclaré forfait pour Marseille afin de me laisser le temps de bien me remettre. J’ai fait de la route la semaine dernière avant de reprendre le VTT hier. Au final, ça m’a peiné de ne pas courir à Marseille, où je m’étais imposé en 2016, mais ça n’impacte pas ma préparation. Et dans mon malheur c’est plutôt positif. Désormais tout est OK.
Ton début de saison jusqu’alors suivait à la lettre celui que tu avais écrit un an plus tôt. N’as-tu pas ressenti de la frustration à l’idée de devoir renoncer à cette première échéance nationale ?
Oui, bien sûr, mais ce sont des choses qui arrivent bien qu’on ne sache jamais quand ça va nous tomber dessus. Je relativise. A choisir, je préfère que ça m’arrive maintenant plutôt qu’à la veille d’une manche de Coupe du Monde. Les conséquences ne sont pas très graves, mieux valait donc que ça arrive à Marseille qu’ailleurs.
Ton doublé Chelva-Banyoles, le même qu’en 2016, indique-t-il que tu évolues déjà sur les mêmes bases que la saison passée à époque comparable ?
J’ai réalisé un hiver tranquille en me préparant comme toujours avec le cyclo-cross, à hauteur d’une petite dizaine de courses, ce qui est très peu. Garder du rythme pendant l’hiver doit certainement aider à relancer derrière au moment d’enchaîner avec la compétition en VTT. Chelva et Banyoles, ce ne sont vraiment pas des objectifs. Ça n’indique pas que je suis en forme mais ça confirme que je suis déjà dans le rythme, même si je ne me l’explique pas nécessairement. Je pense que je tire bénéfice de ma préparation en cross. Et réaliser deux fois ce doublé prouve que j’arrive à me mettre rapidement dans le rythme dès le début de saison.
Tu as décroché l’an passé le ticket que tu convoitais pour les Jeux Olympiques de Rio (10ème). Qu’attends-tu de cette saison 2017 ?
L’an passé, j’ai foulé deux fois le podium d’une Coupe du Monde, 3ème à La Bresse puis 2ème à Mont-Sainte-Anne, ce qui reste ma meilleure performance. J’ai terminé 4ème du classement général de la Coupe du Monde. Mon ambition, forcément, c’est de faire mieux. Ça passe par une victoire en Coupe du Monde et un Top 3 au classement général. Je ne vise pas une manche plus qu’une autre. Je m’adapterai au circuit en fonction de la forme du moment.
Le départ de Maxime Marotte pour Cannondale fait-il peser davantage de poids sur tes épaules ?
Ce n’est pas une pression supplémentaire. A la base, je suis quelqu’un qui ne stresse pas. Je ne me dis pas que le résultat doit venir de moi coûte que coûte. Je fais mon truc, sans pression. Je m’entendais bien avec Max, mais il a fait un choix personnel après avoir passé beaucoup d’années dans l’équipe. Je pense qu’il avait envie de changer un peu d’air. Maintenant, le VTT ce n’est pas comme la route. La plupart du temps, même quand on porte le même maillot, on est adversaires. Son départ pour un autre team ne changera pas grand-chose au moment de s’affronter.
Quelles évolutions matérielles as-tu entrepris cette saison ?
Nous allons adopter la nouvelle gamme Michelin, que nous avons validée après près de deux ans d’essais. Il y a toujours des réglages à faire sur les vélos, les sponsors sont preneurs de nos idées et de nos envies, ce à quoi nous accordons toujours de l’importance, mais les nouveautés seront mineures cette saison.
A 22 ans, sur quels aspects te faut-il encore progresser ?
Quand on arrive au haut niveau, il est parfois dur de se remettre en question, surtout quand on a un caractère un peu fort comme le mien. Le niveau est tellement serré que ce sont les conditions de course et d’entraînement qui vont vraiment faire les différences. Ça se joue souvent à rien et nous n’avons jamais le même point faible d’une course à l’autre. C’est parfois dur de définir ce sur quoi il nous faut travailler en priorité. L’an dernier, je me trouvais encore en-dessous sur le plan physique, ce qui est peut-être aussi lié à ma jeunesse. Cet hiver, j’ai le sentiment d’avoir comblé cette lacune en gagnant en puissance, mais peut-être que je me découvrirai un nouveau point faible dans les semaines à venir.
Par quels rendez-vous passera ton approche des premières Coupes du Monde à Nove Mesto et Albstadt fin mai ?
Je vais courir dimanche à Bad Säckingen, comme l’année dernière (5ème). Puis je courrai le Grand Prix de Vougy, sur route, le lundi de Pâques. Je poursuivrai avec Heubach le dimanche 30 avril, la troisième manche de la Coupe de France à Chamberet le 7 mai. Puis viendra Nove Mesto. Je pense que nous avons tous la même idée en tête : être en forme d’entrée de jeu pour la Coupe du Monde.
Nous sommes en année post-olympique. Qu’est-ce que cela change concrètement ?
L’an dernier, il y avait les Jeux Olympiques, ce qui faussait l’approche des meilleurs mondiaux. Cette année, tout le monde voudra être opérationnel dès la première Coupe du Monde, d’autant plus qu’elle commence tard, le 21 mai. Il y a eu la Cape Epic mais ceux qui en reviendront auront eu le temps de bien récupérer avant d’enchaîner sur les Coupes du Monde. Il devrait y avoir du niveau dès le coup d’envoi. De mon côté, je vais tâcher de monter en puissance jusqu’au début du challenge. De là, même si on a des pics, je ferai en sorte de maintenir une très bonne forme tout au long de la saison.
La Cape Epic, que tu évoquais, pourrait-elle un jour faire partie de ton programme de course ?
C’est un événement qui m’attire et qui me motive. Les circuits ont l’air top et ça donne envie de les rouler. Je pense être un poil jeune pour disputer la Cape Epic, mais ça a l’air sympa. Il fait beau, les tracés et l’ambiance ont l’air sympas, ça donne envie. Un jour, peut-être.