Thomas, peut-on dire de ta saison 2012 qu’elle a été satisfaisante ?
Oui, j’ai fait une bonne saison. Elle a commencé à la Cape Epic, avec des podiums, pour se conclure plutôt bien avec un riche mois de septembre : le titre de champion de France, de belles courses organisées par Redbull en Autriche, une victoire sur la Forestière, une autre sur route aux Cimes du Lac d’Annecy, la 7ème place aux Mondiaux d’Ornans. Je suis satisfait de ma saison. Tout ça me conduit à tirer un bilan positif de cette année 2012, conclue avec de belles victoires.
Qu’est-ce qui te rend le plus fier ? La préservation du titre de champion de France marathon ?
Disons que ça comptait vraiment pour moi de garder ce titre de champion de France. Maintenant, je suis plus fier de mes résultats à l’international. Ma 7ème place à Ornans sur un Championnat du Monde XCM n’est pas plus importante mais prouve que je fais toujours partie des dix meilleurs mondiaux du marathon. C’est ça, surtout, qui me rend fier de ma saison. Plus que mon titre au Championnat de France, qui n’était pas la course la plus dure de l’année.
C’était une année particulière pour le VTT marathon, avec l’organisation des Championnats du Monde à Ornans, dans le Doubs. Comment l’as-tu vécu ?
Ça a été des Championnats du Monde super durs ! Nous avons eu des conditions météorologiques catastrophiques qui ont rendu ce Mondial extrêmement éprouvant, tant au niveau physique que mental. Je pense que tous les coureurs étaient à bout à la fin de la course. Il fallait être concentré toute la course, et c’était vraiment dur. Heureusement que l’organisation était à la hauteur. J’ai terminé 7ème et content de mon résultat, mais je trouve ça dommage qu’on ait eu des Mondiaux aussi durs au niveau de la météo.
La suppression de la Coupe du Monde XCM voici quelques années a-t-elle faussé les repères des spécialistes de la discipline avant un rendez-vous tel que celui du Mondial ?
C’est vrai que nous étions presque tous dans l’inconnue les uns vis-à-vis des autres. Nous nous sommes un petit peu mesurés à tour de rôle sur différentes courses mais nous n’avions pas vraiment de repères complets à l’international. D’ailleurs, on a vu que le Grec Periklis Ilias était au-dessus du lot alors qu’on ne l’avait pas trop vu venir. On l’avait bien repéré au Roc Laissagais puis en milieu d’année, ce n’était pas un parfait inconnu, mais nous ne savions pas dans quel état de forme il était au moment du Championnat du Monde. Or il a prouvé qu’il était très fort.
Un circuit international mieux bâti fait-il défaut au VTT marathon ?
Oui, il nous manque une Coupe du Monde bien organisée. Le World Series est arrivé mais il n’est pas possible d’en faire un objectif, certaines courses tombant le même jour. Deux World Series le même jour, c’est une aberration, ce n’est pas possible de viser un classement général. Ce serait donc bien d’avoir une vraie Coupe du Monde.
Estimes-tu que l’Union Cycliste Internationale ne mette pas assez en valeur ta discipline ?
Certainement. Il y a c’est vrai un gros calendrier cross-country au niveau de l’UCI et des Coupes du Monde. Le marathon, lui, bénéficie de superbes épreuves, et il y aurait de quoi les rassembler dans un challenge international. Mais l’UCI n’est pas trop intéressée pour l’heure pour développer ce type d’événement. Ce n’est pas grave. Il y a assez de courses pour nous en tant qu’équipe pour pouvoir courir tous les week-ends, en Allemagne, en Suisse, avec 3000/4000 participants tous les week-ends. Maintenant c’est sûr que le retour d’une Coupe du Monde valoriserait l’élite mondiale du marathon.
Si tu devais établir un Top 3 des plus belles épreuves au monde de marathon, lesquelles retiendrais-tu ?
C’est impossible d’établir un Top 3 en la matière ! Il y a des épreuves que j’aime bien mais il y en a vraiment trop. La Forestière compte beaucoup pour moi car c’est une épreuve mythique du calendrier français. Ornans est une course physique, technique, tout ce qu’il faut pour du VTT marathon. Le Roc Marathon aussi est une épreuve magnifique. Sans oublier le Grand Raid Cristalp, qui a célébré cette année sa 23ème édition. Je pense aussi à la Dolomiti Superbike, qui a dû restreindre le nombre de participants à 4000, ayant fait le plein. Là, on se retrouve dans des paysages magnifiques avec ce qui est pour moi les plus belles montagnes en Europe, les Dolomites.
Voilà maintenant un certain temps que tu t’es éloigné des circuits de cross-country olympique, quel regard portes-tu sur l’évolution de cette discipline ?
Honnêtement, je ne suis plus trop tout cela. Je regarde un petit peu les résultats des Coupes du Monde, mais je suis trop imprégné du marathon pour émettre un avis sur le cross-country. Ça reste toujours la discipline spectaculaire qui peut attirer du public. Mais quand je regarde un peu les parcours, les photos, j’ai le sentiment que ça devient un peu trop élitiste.
As-tu néanmoins suivi les Jeux Olympiques cet été ?
Oui, bien sûr ! Je ne regarde pas trop la télé mais quand viennent les Jeux Olympiques, qu’il s’agisse du VTT ou d’autres sports, ça a une saveur particulière. C’est beau à regarder. Le circuit olympique était spectaculaire, technique, et c’est ce que recherche le public. C’était agréable à regarder à la télévision.
L’hiver s’installe sur la France, quel va être ton programme durant la trêve ?
Ça va commencer par un peu de récupération en Alsace, le mois de septembre ayant été pour moi tellement dur ! J’espère avoir un peu de neige pour sortir les skis de fond, skier un peu dans les Vosges. L’hiver, je fais pas mal de ski de fond, de course à pied, un peu de roller et de marche. J’essaie de pratiquer des sports outdoor qui changent du vélo. Le vélo, je le prends de temps en temps, deux fois par semaine, mais pour des petites sorties de deux heures. C’est histoire de pédaler. Mais l’important l’hiver est de se régénérer mentalement.
A 38 ans, où trouves-tu encore la motivation de repartir une saison de plus ?
C’est un tout. Quand on voit de beaux événements, ça motive forcément. J’ai aussi l’esprit de compétition. Etre un guerrier et vouloir gagner, c’est dans ma mentalité. Je veux toujours être le meilleur, j’aime serrer les dents, et c’est ce qui me motive encore. Tant que je serai devant, j’aimerai la compétition. Et puis il y a aussi le plaisir d’être sur un vélo. En hiver, on fait la trêve, mais c’est avec plaisir que je remonte sur le vélo juste pour le fun. Juste pour me faire plaisir.
Tu rouleras encore pour le Team Bulls en 2013. Avec un calendrier similaire ?
Nous n’en avons pas encore trop parlé mais le calendrier sera peut-être un peu modifié. J’avais signé un contrat de deux ans avec Bulls pour cette année et l’année prochaine. Je suis chez Bulls jusque fin 2013, et on verra plus tard pour 2014.
Propos recueillis à Fréjus le 13 octobre 2012.