Stéphane, comment as-tu géré ta coupure après les Mondiaux de Champéry ?
J’ai coupé plus tôt que prévu en cette fin de saison. J’ai fini usé physiquement et nerveusement après les Championnats du Monde. Je n’étais donc pas présent au Roc d’Azur et j’en ai profité pour partir deux semaines en vacances en Nouvelle-Zélande avec un ami, en marge de la Coupe du Monde de rugby. J’ai repris doucement à mon retour en France et me voilà désormais en pleine préparation pour la saison prochaine et notamment pour l’ouverture de la Coupe du Monde dès le mois de mars. Comme chaque année, je pratique la course à pied avec une participation traditionnelle au Kilomètre vertical de Fully (1000 mètres de dénivelé en 1,9 kilomètre) ! Je me suis mis cet hiver au cyclo-cross pour travailler les relances et l’explosivité, en attendant la neige pour sortir les skis de fond et les skis d’alpinisme !
2012 est une année importante avec l’opportunité de participer à tes premiers Jeux Olympiques. Comment perçois-tu cette échéance ?
L’année 2012 est évidemment très importante. Le VTT reste encore peu médiatisé et les Jeux Olympiques sont l’événement incontournable pour notre discipline. Il y a toujours plus d’attentes et de pression pendant les années olympiques. Chaque nation joue les sélections et tout le monde est très nerveux, ça se voit sur les premières Coupes du Monde avec tous les coureurs encore plus déterminés. Je suis très motivé et excité à l’idée d’attaquer cette saison si particulière. Mais pour l’instant, je me prépare sereinement pour être à la hauteur des objectifs.
En vue de cette saison cruciale où certains prônent la continuité et la stabilité, tu as fait le pari de changer d’entraîneur et de travailler avec Olivier Maignan. Pourquoi ?
L’année a été longue et je me suis retrouvé un peu à saturation sur la fin de saison. J’ai eu le temps de réfléchir sérieusement pendant ma coupure et j’ai cherché des solutions pour me lancer dans cette année capitale avec de grandes motivations et déterminations. Nous avons fait du bon travail pendant cinq ans avec Jean Garzunel, qui m’a permis de m’installer dans le Top 10 mondial. J’ai voulu changer pour ne pas tomber dans la routine et me reposer sur mes lauriers. Ce changement a pour but de me remotiver, tel un nouveau défi, en allant voir ce qui peut se faire ailleurs. Cela permet de découvrir une autre vision et une autre relation de l’entraînement, ce qui ne peut être qu’enrichissant. Je connaissais Olivier Maignan en tant que compétiteur et j’ai pu discuter entraînement avec lui en fin de saison. Son discours m’a très vite séduit.
Olivier Maignan entraîne Kohei Yamamoto et toi, deux athlètes susceptibles d’aller aux JO. Comment avez-vous planifié ta saison, tes entraînements ?
Olivier entraînait Kohei déjà cette année donc il a plus d’expérience avec lui et tout un protocole en place. La planification de la saison a été assez facile en fonction de mes objectifs. Nous avons beaucoup discuté par rapport aux entraînements des années précédentes pour connaître les charges d’entraînement, les activités pratiquées et la répartition des cycles dans la saison. A partir de là, nous avons pu planifier les entraînements et tout se passe parfaitement jusqu’à présent. Il n’y a pas de changement considérable bien entendu, mais des détails et des orientations qui font toujours la différence ! Cet hiver, nous travaillons surtout sur mes points faibles.
Ta saison 2011 a été marquée à la fois par ta régularité en Coupe du Monde et par ton échec lors du Mondial. Quel bilan en tires-tu ?
Ce fut une saison satisfaisante avec encore une progression dans la hiérarchie mondiale. Je finis 9ème au général de la Coupe du Monde avec plusieurs places dans le Top 10. Une belle saison, ponctuée toutefois d’une mauvaise période début août et d’un échec au Mondial. Pour 2012, il va falloir encore plus cibler les objectifs et ne pas courir tous les lièvres à la fois.
Tu as frôlé le Top 5 en Coupe du Monde, avec deux places de 6ème. Que te manque-t-il pour être encore plus devant ?
J’avais pour objectif de monter sur le podium en Coupe du Monde en 2011, j’attendrai donc 2012 ! Je suis passé tout près de la 5ème place sur plusieurs manches mais il m’a manqué encore un petit quelque chose pour y accéder. Il faut réaliser des courses parfaites pour aller chercher ce podium. J’ai été très mauvais sur les départs cette année et j’étais trop souvent en retrait sur les premiers tours. C’est pourquoi je fais du cyclo-cross cet hiver, afin d’être plus performant en explosivité. Il y a aussi un travail mental, pour éviter les chutes bêtes mais très pénalisantes comme aux Championnats de France et Championnats du Monde.
En 2012, tu vas tout axer sur les JO ou bien cibler certaines échéances nationales ou mondiales ?
En 2012, la priorité est la course olympique ! L’objectif à l’heure actuelle est d’être au top au moment des sélections olympiques.
Si on s’en tient au classement 2011, la sélection française pour les JO pourrait se composer de Julien Absalon, Maxime Marotte et toi. Quel est ton point de vue à ce sujet ?
Dommage que les Jeux Olympiques n’aient pas eu lieu en 2011 ! La sélection n’est pas acquise puisque les sélections auront lieu en début de saison 2012. Mais cette saison 2011 m’a montré mes possibilités et m’apporte de la confiance pour me préparer correctement pendant l’hiver en vue des sélections. Et comme on dit, ce qui est pris n’est plus à prendre !
Des garçons comme Ravanel, Péraud, Vuillermoz ou Colom sont capables d’effectuer des résultats susceptibles de chambouler la sélection qui se dessine. Comment comptes-tu acquérir définitivement ta sélection ?
Les critères de sélection sont clairement définis : il va falloir répondre présent sur les quatre premières manches de la Coupe du Monde, de Pietermaritzburg à La Bresse. L’objectif est d’aller chercher le podium sur ces épreuves. Ce seront bien les trois meilleurs pilotes français qui iront aux JO : à moi de tout faire pour être de la partie !
Jusqu’à quand est valable ton contrat avec le team Tx Active-Bianchi ?
Jusqu’à fin 2012. Je vais attaquer ma sixième année avec eux ! C’est une équipe très professionnelle qui m’a toujours fait confiance depuis mes débuts en Espoirs et je n’ai aucune envie que ça s’arrête. Mais je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait et je verrai concrètement en fin de saison. La route ne me dit rien du tout pour le moment, je n’ai pas la même aisance et le même plaisir que sur un VTT. Et pour le cyclo-cross, il y a encore des progrès à faire ! Mais pourquoi ne pas découvrir encore autre chose… Ce que j’espère, c’est avoir beaucoup de propositions en fin d’année, cela signifiera une belle saison 2012 ! Je tiens pour finir à remercier mon équipe et tous les partenaires qui me soutiennent. Et pour suivre mon actualité et la préparation de la saison : www.stephane-tempier.com.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec le 7 décembre 2011.