Stéphane, une victoire au Roc d’Azur, c’est la plus belle de toutes ?
C’est vraiment la plus belle, oui. J’y pensais depuis les Championnats du Monde. J’ai tâché de garder la motivation pour aller jusqu’au Roc. Dimanche dernier, j’ai couru le Championnat du Monde marathon à Ornans en guise de préparation pour cette échéance. Mais ces deux derniers jours, j’ai eu un peu peur car je commençais à avoir mal à la gorge. J’ai pensé que j’allais tomber malade, finalement ce sera sans doute pour demain donc c’est nickel !
En solitaire la majeure partie de la course, tu as réalisé un sacré numéro…
Ça a d’abord été une belle course d’équipe avec Tony Longo. Je suis parti dans la descente, lui descendait beaucoup moins vite, et du coup ça a fait un trou. J’ai fait un bout tout seul. Je me suis alors dit qu’il fallait y aller. On est au Roc, et ici quand on peut prendre quelques secondes, il ne faut pas hésiter. Des trous comme ça, c’est rare. J’ai décidé d’y aller, en me disant que si ça rentrait il y avait toujours Tony Longo derrière.
Avais-tu des informations sur les écarts ?
Oui. Au franchissement du col du Bougnon je savais que mes poursuivants étaient à une minute. Là, je me suis dit que ça pouvait le faire. Après, j’entendais plutôt 30 secondes. Je voyais bien que l’écart se réduisait, mais en sortant de la plage j’avais toujours ces 30 secondes d’avance. En emmenant bien, et sachant qu’à trois derrière ils se regarderaient forcément un peu, ça m’a bien sauvé. Sur la fin, ça devenait dur sur la piste cyclable. Mais j’ai eu de la chance car aujourd’hui il n’y avait pas trop de vent.
Comment as-tu vécu ce Roc seul en tête ?
C’est vrai que parfois je me sentais seul, ne connaissant pas trop les écarts. Je suivais la moto qui était devant ! Et quand on arrive sur des endroits où il y a beaucoup de monde, comme le col du Bougnon, ça devient vraiment motivant. Le plus dur, c’est resté la bosse en ciment. Là, il ne faut pas craquer, essayer de tenir jusqu’à la plage pour finir à bloc sur la piste cyclable.
Que représente le Roc d’Azur pour un pilote ?
Une victoire sur le Roc d’Azur, ça reste sur un palmarès. Quand on voit qui s’est imposé ici, ça compte. C’est un événement très médiatique, c’est une très belle course à gagner. Franchir le col du Bougnon seul en tête, c’était impressionnant. On voit à quel point le Roc est populaire.
Gagner le Roc au terme d’une saison olympique durant laquelle tu t’es battu dès le début de l’année pour ta place à Londres, il fallait le faire…
C’est vrai que la saison a été longue. Pour moi elle a commencé en février au Portugal. Cet été, je suis resté sur l’excitation des Jeux et j’étais motivé pour rouler jusqu’au Roc. C’était plus une question de motivation qu’une question de préparation. Celle-ci, je l’avais faite pour les JO et je l’ai ensuite entretenue.
Depuis combien de temps rêvais-tu de remporter cette classique du VTT ?
Ça fait un moment ! L’année dernière je n’étais pas venu, étant cramé. J’étais déjà parti en vacances ! Quand je le prépare, c’est au moins pour essayer de faire un podium. Maintenant ça arrive souvent groupé et au sprint je ne suis pas exceptionnel. Aujourd’hui ça m’a bien arrangé d’arriver tout seul.
Ta saison ainsi bouclée, te projettes-tu déjà sur la saison 2013 ?
Oui. Je vais changer de team pour rejoindre BH-SR Suntour-Peisey Vallandry. Ce sera un nouveau challenge. Avant cela, je vais partir en vacances en Nouvelle-Zélande jeudi, poser le vélo et faire un peu de tourisme. On reprendra ensuite la préparation hivernale pour faire une bonne saison en Coupe du Monde l’année prochaine.
Ta victoire au Roc d’Azur, c’est finalement un beau cadeau d’adieu au team TX Active-Bianchi ?
J’avais à cœur de bien partir avec Bianchi, avec qui ça s’est bien passé pendant six ans. J’avais déjà terminé 2ème de la GimondiBike, la course de l’équipe. J’avais une revanche à prendre sur la dernière course. Quand on a la forme au Roc, il y a moyen de faire une belle course. J’avais déjà fait des Tops 10, mais dans des configurations plus groupées. Je ne pensais tout de même pas partir seul de suite, mais faisant la différence dans les descentes, je pouvais en profiter pour creuser l’écart.
11ème et 1er Français des Jeux Olympiques, vainqueur du Roc d’Azur, tu t’es affirmé cette année comme le meilleur pilote français ?
Le meilleur, je ne sais pas, mais j’ai fait une belle saison. Le but, à terme, sera d’aller chercher un podium aux Jeux de Rio. Mais il y a encore des paliers à franchir en Coupe du Monde, où je n’ai jamais obtenu de podium. J’espère que ce sera pour l’année prochaine. Je vais travailler dans ce sens pour monter dans l’échelon mondial.
Tes objectifs, la saison prochaine, ce seront les Coupes du Monde et les Championnats du Monde ?
Bien sûr, le programme international, et puis il y aura aussi le Championnat de France. Avec Maxime Marotte, on pourra peut-être essayer de faire une course d’équipe face à Julien Absalon pour aller chercher un titre.
Avec Maxime Marotte, Julie Bresset et toi, BH-SR Suntour-Peisey Vallandry va devenir l’un des plus gros teams de la planète ?
Je crois que nous devenons le deuxième team derrière Specialized, qui reste une grosse structure. Deuxième derrière, ce n’est pas rien. Mais ça c’est sur le papier, à nous de montrer ce qu’on sait faire l’année prochaine.
Propos recueillis à Fréjus le 14 octobre 2012.