Grande banlieue parisienne, disons nord-ouest, ligne de RER, on arrive à la campagne, de beaux coins pour aller faire du VTT, tester des nouveautés! et pas trop loin non plus de Roissy, histoire de rassembler les pilotes, c’est là qu’est niché le service course du team numéro un Français et qui vise tous les ans le top 5 voire 3 international, Bh-SR Suntour-Kmc qui va devenir Kmc-Ekoï-Sr Suntour….histoire d’enchaîner les victoires! Un très bel ensemble, fonctionnel avec de l’espace et partout les traces de l’histoire du team qui a grandi avec Michel Hutsebaut aux manettes. Discret, efficace, solide, tout ce qui caractérise ce team qui se projette déjà sur 2020 voire même 24. Double rencontre avec Pierre Lebreton d’un côté, encore en tenue, après avoir testé du matériel, un peu pilote encore, mais déjà entraîneur et aussi manager. De l’autre, Michel Hutsebaut, ex cyclo-cross man et vététiste (à gauche sur la photo), madré, négociateur né, l’âme du team, le manager, au moins jusqu’en 2020.
Pierre quel bilan fais-tu de cette saison post-olympique ?
De notre côté, on est parti avec un effectif impressionnant, large et beau. Il y avait des athlètes très prometteurs et il y a eu une bonne alchimie. On a eu de nombreux nouveaux pilotes, mais avant tout c’était des super personnes. C’est primordial dans un team à l’effectif important. Cela m’a donné parfois beaucoup de tristesses et de regrets pour certains qui ont eu des difficultés. C’est là qu’on se rend compte dans le sport qu’il faut une part de réussite. On essaye de toujours de faire mieux après que l’on gagne, ou que l’on perdre il faut être reconnaissant du sort. C’est ce qui fait la beauté du VTT.
On pensait que Nino Schurter allait souffler un peu en cette année post-olympique. Aujourd’hui, quel que soit le type circuit c’est systématiquement lui et les autres. Penses-tu que ce sont les parcours qui expliquent cette différence ?
Je pense que Nino a réussi à souffler et à repartir sur une année sans pression, c’est comme ça qu’il a eu autant de réussite, c’est un peu la clé. Dans les faits, il a toujours eu un adversaire pas loin. C’est dans les derniers tours qu’il a fait la différence. On a eu du spectacle toute la saison, c’est déjà bien pour le sport, mais il n’a pas fait ça pour le show. Il a été dominant, mais avec de la réussite. Sur certaines courses, les choses auraient pu se passer différemment.
Est-ce que Jordan Sarrou s’est rapproché de Nino Schurter ?
Pour moi cette année Jordan a passé un cap au niveau de la régularité, c’était l’axe de sa saison. Il est dans un âge ou c’est rare d’être aussi régulier, comme le montre sa deuxième place au classement UCI. Après, lui s’est peut-être posé la question : « est-ce que je vais le suivre et être à la bagarre ». Si Jordan s’est rapproché de Nino, c’est la question que l’on va se poser la saison prochaine. L’objectif pour 2018 sera de passer un cap supplémentaire au niveau des résultats.
Tu as vécu le burn-out de Julie Bresset de l’intérieur. Il y a eu celui de Pauline Ferrand-Prevot, Marianne Vos ou encore de la championne olympique Suédoise Jenny Rissveds. Penses-tu que c’est typique au cyclisme féminin ?
Les cas sont tous différents. En tant que team on fait un constat : du moment que l’on recrute et que l’on s’occupe d’une athlète féminine, c’est difficile. On peut avoir quelqu’un de très fort qui perd ses moyens et qui ne va plus rouler au même niveau. C’est une réalité sur le VTT féminin. Je pense ce qui fait la plus grosse différence entre les hommes et les femmes c’est la force explosive. Elle entre moins en jeu chez des filles. Cela peut expliquer que c’est plus facile pour les femmes de performer dans plusieurs disciplines. C’est important de le dire, mais pour beaucoup d’hommes le niveau est moins bon chez les filles donc ils se disent qu’elles peuvent performer sur toutes les disciplines. Mais pour moi c’est avant tout une réalité physiologique. Cette réalité amène à une chose, c’est qu’on a vite fait de se disperser, ce qui peut amener au burn-out. Une deuxième chose, avec mon expérience je pense que les filles sont capables d’aller beaucoup plus loin dans l’effort. Elles vont plus facilement tirer de bénéfices d’une surcharge d’entraînement, mais une fois que ça lâche, c’est pour de bon.
A l’avenir pourrais-tu avoir des préparateurs mentaux qui encadrent le team ?
Aujourd’hui, les pilotes peuvent gérer ça eux-mêmes et je pense que pour beaucoup ils préfèrent choisir. Déjà on n’impose pas les entraîneurs, c’est une des spécificités du VTT. Pour les préparateurs mentaux,c’est un frein. C’est dans la culture du VTT d’être encadré par les personnes de son choix.
De mon point de vue personnel, ça serait la prochaine étape pour le team, mais il faudrait trouver une personne qui convient à tout le monde. Cependant pour le moment on fait avec les moyens qu’on a.
Retrouvez la seconde partie de l’interview ici: http://www.velo101.com/vtt/article/interview-de-pierre-lebreton-on-revient-a-six-coureurs–18462