Neïlo, tu rentres tout juste de Cairns. Quelle était ton ambition en te rendant en Australie pour la première Coupe du Monde Espoirs ?
J’allais à Cairns pour rentrer au minimum dans le Top 16 afin d’être placé sur l’une des deux premières lignes aux Coupes du Monde d’Albstadt et de La Bresse. Mais en moi-même, c’est le Top 10 que je visais, puisque c’est ce que j’ai pour objectif de faire sur toutes les Coupes du Monde cette saison. Je suis parti deuxième ligne et j’ai pris un bon start. Samuel Gaze, Romain Seigle et Titouan Carod sont partis tout de suite et je me suis retrouvé 4ème, en chasse, au bout du premier tour. A la mi-course, j’étais encore dans un groupe aux portes du Top 5, mais j’ai crevé au tout début de la longue descente. Le temps de rallier le poste et de changer, je suis reparti assez loin. Sur la fin de course, je ne sais pas si j’ai payé mon départ un peu fort ou la fatigue du voyage, mais j’ai eu un peu de mal et j’ai fini 24ème.
Tu dresses donc un bilan mitigé de ta rentrée en Coupe du Monde ?
Je dirais même décevant, même si j’ai eu de supers sensations sur la première moitié de course en parvenant à me placer devant. Je vais maintenant me reconcentrer pleinement sur ce qui reste le premier gros objectif de ma saison : l’enchaînement Albstadt-La Bresse dans la seconde quinzaine de mai. Surtout La Bresse, chez moi. Quand j’ai su que la Coupe du Monde allait revenir ici, j’ai été comme fou. Au point d’avoir du mal à dormir la nuit.
Tu t’es d’ailleurs investi dans l’organisation en proposant ton expertise dans le tracé du parcours…
J’ai pris contact avec le président du comité d’organisation Nicolas Remy, à qui j’ai proposé mon aide de pilote désormais aguerri aux circuits de Coupe du Monde, sur lesquels je roule depuis trois ans. Nous sommes allés faire des reconnaissances à pied, leur idée étant de repartir sur les mêmes bases qu’en 2012. C’est là que je suis intervenu pour effectuer un certain nombre de modifications par rapport au circuit précédent, que je trouvais un peu old school, avec sa très longue montée monotone et son manque de visuel.
A ce parcours qui faisait la part belle au physique, tu as donc rajouté de la technicité pour répondre au standard UCI ?
Il y a toujours une montée assez longue, bien qu’elle soit désormais interrompue au milieu par une petite descente qui vient couper l’effort. Par contre, on restera plus longtemps sur la partie du dessus, à découvert, ce qui offrira un très beau visuel aux spectateurs, qui pourront suivre cinq à six minutes de la course sans avoir à bouger. Ce sera une partie plutôt nerveuse, assez technique, avec quelques sauts assez sympas, ce qui est beaucoup plus dans les standards actuels des circuits.
Le dimanche 29 mai, au départ de la troisième manche de la Coupe du Monde Espoirs, tu seras sans nul doute le pilote le plus averti sur ce nouveau circuit bressan ?
A l’évidence. Quand je sors à VTT, je ne vais quasiment plus rouler que sur ce parcours. Et quand tu roules le circuit tu vois aussi les choses qui sont à améliorer. Tu éprouves le ressenti en tant que pilote. Je m’y fais plaisir. Et franchement quand je vois les autres circuits je me dis : ils sont nuls à côté de La Bresse !
D’autres sont déjà venus reconnaître le circuit, comme Julien Absalon et Maxime Marotte, avec qui tu as partagé une session de reconnaissance au début du mois. Qu’en est-il ressorti ?
Nous avions déjà effectué une première reco ensemble au mois de novembre, avec Julien Absalon et Sabrina Enaux. Il manquait encore pas mal de modifications mais déjà Julien avait vraiment bien aimé et m’avait confié qu’il s’agirait sûrement de son circuit préféré en 2016. J’avais bien apprécié. La montée qui reste assez longue est quelque chose qu’il aime bien, et il s’amuse aussi sur la partie du dessus, beaucoup plus joueuse et technique qu’en 2012. Les derniers retours que nous ayons eus au début du mois sont allés dans le même sens.
En 2012, tu étais Cadet 2 et donc encore spectateur. Quels souvenirs gardes-tu de la première Coupe du Monde à La Bresse ?
J’en garde un souvenir très fort. J’étais alors très envieux, sur le bord de la piste, quand je voyais rouler les gars. C’était un an avant que je ne rentre sur le circuit de Coupe du Monde en Juniors. Je m’étais régalé en tant que spectateur. J’avais vu mon frère Titouan courir, je me souviens de l’ambiance au cœur du public. Ça me donne déjà très envie de rouler en tant que pilote sur cette Coupe du Monde.
Nous sommes à un peu plus de quatre semaines de l’événement. Par quoi passera ta préparation d’ici là ?
Je n’ai pas prévu de préparation particulière. Je vais essayer de faire des intensités un petit peu plus longues que d’habitude pour justement être à l’aise sur cette longue montée. A côté de cela, je ferai du travail plutôt court et tonique pour être bien sur la partie du dessus, qui demande beaucoup de relances, beaucoup d’énergie. Ce sera je pense une partie assez décisive car le circuit offre finalement peu de parties de récupération. Il s’agira souvent de petites descentes assez techniques qui réclameront d’être assez lucide. Et ce n’est pas forcément dans la longue bosse que les écarts se feront.
Tu n’as pas été retenu en équipe de France Espoirs pour le Championnat d’Europe la semaine prochaine, cela influera-t-il sur ta préparation ?
J’avais en tête d’y être sans que ce soit un véritable objectif. N’ayant pas fait un super résultat à Cairns, je n’ai pas été sélectionné. Ce n’est pas très grave. Les Championnats d’Europe, c’est toujours sympa, mais je trouvais l’événement mal placé cette année. D’ici Albstadt, je vais donc courir uniquement sur route, faire pas mal de foncier dans les Vosges. Je pense notamment participer à la Route Verte, la cyclosportive organisée atour d’Epinal, le 8 mai. Je préparerai ensuite Albstadt et La Bresse depuis chez moi.
Fort de ta première année d’expérience chez les Espoirs, qu’as-tu apporté comme changements à ton entraînement à l’approche de la saison 2016 ?
J’ai changé pas mal de trucs ! J’ai fait un bon bloc de musculation, ce que je n’avais pas fait par le passé. Je suis aussi allé en stage à Calpe dix jours avec l’équipe de France début février. Ça m’a fait le plus grand bien, moi qui ne vois quasiment que la neige à La Bresse de décembre à mars. Ça m’a permis de faire un bon bloc de foncier, de rouler dans de bonnes conditions. Avec un groupe. J’ai ensuite enchaîné avec un stage spécifique, toujours avec l’équipe de France, fin février dans le Var. Du côté de mon programme, j’essaie de me déplacer davantage à l’étranger dans l’idée de marquer des points UCI. En France, il y a un gros niveau, et il n’est pas facile d’en marquer. C’est pourquoi je suis allé courir au Portugal mi-mars (10ème à Marrazes) et en Croatie il y a un mois.
L’autre nouveauté, c’est ton passage sur un 29 pouces. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Je roulais jusqu’alors sur un 27.5, ne me sentant pas à l’aise sur le cadre de 29 pouces que j’avais essayé par le passé. Ça manquait de tonicité sur les relances, moi qui ai un pilotage plutôt nerveux. Mais Focus a sorti un nouveau cadre en cours d’année dernière, je l’ai testé en fin de saison, et bien que je n’avais pas la sensation d’aller plus vite, mes chronos étaient meilleurs. Maintenant que le cadre me convient mieux, j’ai souhaité tenter. J’ai mis un peu de temps à le prendre vraiment en main, à être précis en descente pour mettre les roues là où je le voulais. Il m’a bien fallu un mois de roulage avant d’avoir vraiment de bonnes sensations. Mais désormais c’est tout bon et je ne regrette pas mon choix.
On a évoqué La Bresse, mais où fixes-tu tes objectifs plus généralement cette saison ?
En termes de résultats sur les Coupes du Monde Espoirs, mon objectif est de rentrer dans le Top 10. L’année dernière, j’avais terminé 17ème à Nove Mesto en étant dossard 114, soit treizième ou quatorzième ligne, ce qui était une galère pour remonter les gars. Je pense avoir progressé cet hiver et j’ai une année de plus. Le Top 10, ce sera un bon objectif. A La Bresse, j’aimerais bien aller chercher un Top 5 voire un podium dans un très bon jour. L’autre gros objectif de la saison, ce sera le Championnat du Monde Espoirs. A Nove Mesto, sur un circuit que j’aime vraiment bien et sur lequel je me fais souvent plaisir. Ce sera la course la plus importante de la saison. Après La Bresse.
Propos recueillis le 28 avril 2016.