Miguel, tu avais été le premier pilote français à montrer la voie à suivre aux Jeux Olympiques, comment réagis-tu à la victoire de Julie Bresset à Londres ?
Je dirais que c’est exceptionnel. Je suis heureux que le VTT obtienne encore une médaille d’or pour la France, en plus chez les filles, ce que nous attendions depuis l’introduction de la discipline au programme à Atlanta en 1996. Je suis content car le VTT a besoin de cela. Les Français ont toujours été là, on prouve encore une fois qu’on pratique toujours le VTT au plus haut niveau. C’est grâce aussi aux écoles de cyclisme et à la fédération, qui permettent au VTT national d’être toujours là.
On sent beaucoup de fierté dans ta voix…
Ce qu’il y a, c’est que c’est assez étroit car nous n’avons en VTT qu’une grosse heure et demie pour prouver qu’on est là. Ce n’est pas comme en natation ou en athlétisme, où plusieurs médailles sont en jeu, ce qui les autorise à se louper pour mieux rebondir. Un vététiste, il n’a pas le choix. Il a une heure et demie à deux heures pour prouver qu’il est le meilleur. Et à chaque fois la France est présente, on ne peut que s’en réjouir et être fiers.
Quelle analyse ferais-tu de la course de Julie Bresset ?
Elle était un ton au-dessus. Ça a été un jour exceptionnel pour elle. Les autres ont fait ce qu’elles ont pu, mais le dynamisme porté par l’Anglaise Annie Last dès le départ a mis d’emblée tout le monde en difficulté. Julie a pu bien contrôler. Elle voulait même lâcher les chevaux dès les premiers tours, étant un ton au-dessus des autres, mais elle a été bien conseillée par tout le staff de l’équipe de France. Ça lui a permis de bien gérer, c’était beau à voir.
La victoire olympique de Julie Bresset peut-elle aider à booster le VTT auprès des filles ?
Tout à fait. Le VTT c’est bon pour les hommes, c’est bon pour les filles, même si l’aspect compétition est difficile. Mais il y a de nombreuses compétitions féminines et les femmes adorent ça. C’est un très beau sport, noble, très beau à voir, avec des sensations exceptionnelles. Il faut essayer de le maintenir au plus haut. J’aimerais que la médaille de Julie et, je l’espère, une autre médaille demain, puissent nous permettre de bien booster la discipline auprès des gens, des médias et des sponsors. Ce serait mérité par rapport aux efforts fournis.
Sur ce que tu as vu aujourd’hui, qu’attends-tu de la course des garçons demain ?
Le circuit est très difficile. Techniquement, du fait d’un parcours artificiel, il est facile de mémorisation. Le terrain ne bouge pas, les cailloux ne bougent pas. Ça diffère des paramètres que nous avions à prendre en considération autrefois. Ça va être vraiment une course intéressante mais ça ne va pas être facile pour Julien Absalon. Ce sera serré. Maintenant, si Julien a le physique, comme il l’a prouvé cette année à Houffalize et La Bresse, s’il a ce niveau-là, les autres vont lâcher un par un. Mais ce ne sera pas facile.
Certaines trajectoires sont tendues, des pilotes comme Julien Absalon et Nino Schurter sont-ils favorisés par ce terrain ?
Pour les hommes ça va aller encore beaucoup plus vite. Les trajectoires seront plus difficiles à prendre. Les points de passage pour doubler ne sont pas non plus évidents. A chaque relance, il va falloir essayer de toujours coller. Ce sera tendu.
Quel est selon toi le bon choix technique : 26 pouces, 27,5 pouces, 29 pouces ?
27,5. Je suis allé quelques mois aux Etats-Unis. J’ai pu tester les deux derniers. Par rapport à ma petite taille, 1,65 mètre, je préconise vraiment le 27,5. Sur les Jeux Olympiques, où ça va relancer fort à chaque fois pendant une heure et demie, le 26 ne devrait pas être mal non plus. Julie Bresset a gagné sur du 26, c’est ce que préconisera aussi Julien Absalon. A la longue, ça peut faire la différence vu les virages dans les montées et tout ça, mais ce sera surtout le mental et les jambes qui trancheront.
Propos recueillis à Londres le 11 août 2012.