Miguel, quel regard portes-tu sur ta saison à la veille de remettre en jeu ton titre de lauréat du Roc d’Azur ?
J’ai vécu une saison moins bonne que la précédente sur le plan des performances. En revanche sur le plan plaisir je me suis davantage régalé cette année. J’ai souffert d’une mononucléose en plein mois d’avril/mai, si bien que je n’avais plus la condition. Il m’a fallu me surpasser à chaque course en pleine saison de Coupe du Monde alors qu’il aurait fallu que je me repose. Puisque je n’avais pas les moyens d’aller faire des Tops 10 comme je l’ai fait l’année dernière, j’ai estimé que le principal était de se faire plaisir en course.
Qu’en as-tu retenu ?
J’ai appris à être heureux même en étant moins performant. Et puis je sais que je ne peux faire que mieux l’année prochaine. J’ai couru comme ça, j’ai amusé le public en réalisant des sauts, tout en restant concentré sur la performance. Disons que j’ai réalisé cette année un autre mode de performance mais qu’en termes d’image ça s’est très bien passé. J’ai donné l’image d’un Miguel Martinez qui se fait plaisir à vélo.
Tu comptes déjà trois victoires au Roc d’Azur, qu’ajouterait une quatrième victoire demain ?
Ce serait énorme. Je suis juste déçu d’une chose aujourd’hui, et je pointe les commissaires qui ont décidé en vingt ans de modifier un point du règlement en n’attribuant pas au vainqueur du dernier Roc d’Azur le dossard n°1, préféré à Julien Absalon, qui est champion du monde. Ce n°1 au Roc, je n’ai jamais eu cette chance de le porter. Dix minutes après ma victoire l’an passé, j’avais déjà en tête que j’allais courir avec le n°1 en 2014. Ce symbole avait beaucoup d’importance à mes yeux. Ce dossard-là, je l’aurais encadré chez moi… C’est une grande déception. Ça me donne une rage supplémentaire pour aller chercher une nouvelle victoire.
Tu cours depuis deux ans pour le team Tropix-FRM, comment fonctionne-t-il ?
Le team portait cette année la nationalité italienne mais avec une marque chinoise. L’année prochaine il deviendra le Team Tropix et sera entièrement chinois. Le team tournera tout autour de moi. Avec deux autres pilotes pour faire le nombre et être labellisé UCI. Le marché sur l’Asie est très important. La marque Tropix est partenaire principal de la Coupe de Chine, dont j’ai gagné une manche là-bas il y a deux semaines. J’ai pu mesurer l’ampleur qu’a mon nom là-bas. Comme celui de la marque Tropix.
Quel matériel utiliseras-tu l’an prochain ?
Je vais rouler sur un Tropix monté en 29 pouces et je ferai quasiment toutes les courses en tout-suspendu. J’ai fait un test cette année et je me régale.
Quelles seront tes ambitions à l’échelon national ?
Je souhaiterais me replacer dans les Tops 10 mondiaux, comme je l’ai fait l’année dernière pour retrouver de la valeur aux yeux des entraîneurs nationaux et obtenir une sélection aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Ma sélection, si l’on doit tenir compte de mes résultats cette année, ne serait pas valable et je le sais. Je n’ai pas fait les résultats qu’il fallait. Maintenant à moi de prouver que j’y ai ma place, et c’est un bon challenge. Le niveau va être très élevé, avec Jordan Sarrou qui va entrer en lice, Victor Koretzky et Julien Trarieux qui sont pas mal aussi. Ils choisiront les plus forts. Peut-être que je n’y aurai pas ma place mais au moins je vais tenter.
Quelles vont être les échéances par rapport à une sélection olympique ?
C’est simple. Il faudra déjà rentrer parmi les quatre meilleurs la saison prochaine, puis parmi les trois en 2016. Et faire partie des trois meilleurs Français, ça veut pratiquement dire rentrer dans le Top 5 en Coupe du Monde. Ça va être dur, très dur, mais pas impossible !
Propos recueillis à Fréjus le 11 octobre 2014.