Maxime, on t’a vu ému aux larmes après ton épatante victoire au Roc Marathon, pourquoi ?
J’ai eu une seconde partie de saison très compliquée, alors ça fait juste du bien de gagner. Dès le début, j’étais avec Stéphane Tempier. Nous avons fait le forcing dans la première montée et sommes partis d’entrée de jeu. Nous avons insisté dans la descente, Stéphane surtout, qui a descendu comme un barjot ! En bas, nous avions déjà une petite avance sur nos poursuivants et avons monté la deuxième difficulté ensemble. A ce moment, il m’a dit qu’il allait se réserver pour la course de dimanche. Ça m’embêtait de me relever alors que j’étais devant, alors j’ai choisi de continuer en pensant trouver du renfort un peu plus loin. Or ça n’est jamais rentré.
Comment l’expliques-tu ?
Je connaissais bien le parcours. Nous y avions fait un stage en début de saison. Nous étions passés sur tous ces chemins, et du coup j’étais un peu comme à la maison. Je crois vraiment avoir été très bon techniquement. C’est ce qui m’a permis d’augmenter mon avance.
Comment as-tu préparé ce rendez-vous après l’Extrême-sur-Loue ?
Après le Championnat de France Marathon à Ornans dimanche dernier, je n’ai pas fait grand-chose cette semaine. A Ornans j’avais eu du mal dans la dernière heure, en plus de ma crevaison. Là, avec un peu de fraîcheur, je me suis rendu compte que tout le travail effectué en septembre, avec de longues sorties sur route, m’a servi aujourd’hui. Ça a enfin porté ses fruits avec un vrai pic de forme. Pourtant nous n’étions pas hyper confiants avec Steph au départ. Jusqu’à ce que nous nous retrouvions devant et qu’il me laisse tout seul, ce qui n’a pas été très sympa de sa part (il rit) ! Il avait autant les jambes que moi pour aller jusque-là mais il a préféré se réserver pour dimanche.
Qu’as-tu pensé à ce moment ?
Je ne pensais pas aller au bout car tout seul ça a été vraiment très long. Je me suis bien alimenté, j’ai bien bu, je n’ai pas craqué et les pulsations montaient encore sur la fin. J’ai vraiment été propre en descente, très rapide. J’ai été le premier surpris que ça ne rentre pas derrière. Mais ce circuit-là me convient mieux que celui d’Ornans car les montées sont moins longues et plus nerveuses, avec des replats. Ça correspond mieux aux crosseurs olympiques, avec davantage de relances. Ça m’a pas mal avantagé.
Et puis tu as eu ce pic de forme…
Et c’est une bonne chose, ça fait du bien, parce que le mois de juin ça a été compliqué. J’ai eu pas mal d’emmerdes, je n’ai jamais réussi à m’exprimer vraiment. Je suis tombé malade, une bronchite sur les Coupes du Monde nord-américaines, j’ai eu des problèmes mécaniques, une double crevaison à Méribel. Il y a eu le titre mondial en relais mais je suis passé à côté de mon Mondial. Je l’ai vraiment en travers de la gorge car j’avais les moyens de faire quelque chose.
Stéphane Tempier a préféré lever le pied dans la perspective du Roc d’Azur dimanche, pas toi ?
J’avoue que ça m’a traversé l’esprit. Mais quand on est en tête, c’est dommage de renoncer. Je me suis dit que j’allais continuer sur ce rythme-là, voir si ça rentrerait, et finalement personne n’est revenu. Au bout de 40 bornes passées devant je ne me suis plus posé de questions, et je me suis dit qu’il me fallait aller au bout comme ça. Je serai au départ du Roc dimanche, soulagé, car j’ai déjà fait mon week-end ! Ça va être dur d’enchaîner parce qu’on ne récupère pas comme ça d’un marathon. Ce sera au feeling. Mais le marathon est quand même une belle victoire et c’est déjà ça de pris.
Tu avais déjà gagné des marathons par le passé, mais ta fin de saison semble davantage te prédestiner pour la discipline ?
J’en avais déjà gagnés par le passé, mais cela faisait deux ans que je ne venais plus trop sur ces épreuves. Ça m’a fait du bien de me remettre dedans. J’ai bien travaillé en septembre dans cette optique. J’ai enchaîné les longues sorties, je me suis fait plaisir à monter à bloc dans des beaux cols vosgiens. De belles sorties de bourrin ! Mon coach m’a dit de me faire plaisir, j’ai roulé sans plan d’entraînement et ça m’a fait du bien. Je ne lui ai demandé conseil que cette semaine car j’étais vraiment crâmé après le France. Nous avons roulé trois heures avec Steph lundi et je suis rentré explosé. J’ai pris deux jours de repos et roulé une grosse heure hier. Ça m’a fourni de la fraîcheur et j’étais bien aujourd’hui.
Ce triomphe au Roc Marathon te permet de finir la saison sur une excellente note…
Oui et ça fait du bien après ma deuxième partie de saison compliquée. J’avais vraiment l’impression que ça n’allait jamais me sourire. C’est fait, enfin, aujourd’hui !
Propos recueillis à Fréjus le 10 octobre 2014.