Maxime, tu as effectué un stage de regroupement-oxygénation avec BH et à présent un stage foncier à Calpe en Espagne avec l’équipe nationale. Où en es-tu de ta préparation hivernale ?
Je suis dans les temps concernant ma préparation même si la météo n’a pas été clémente ces derniers temps. Je profite vraiment du stage pour accumuler les kilomètres au chaud. C’est vraiment idéal car le temps est catastrophique chez nous, j’y aurais laissé des plumes c’est sûr.
Tu as annoncé ta présence à Chypre, mi-février, pour l’ouverture de la saison internationale. Quels y seront tes objectifs ?
Chypre sera tout sauf un objectif, j’y vais pour reprendre des sensations et me jauger par rapport aux autres. Je serai en plein cycle de préparation, il y aura sûrement de la fatigue. L’objectif est vraiment de travailler, de reprendre le rythme. Si les résultats suivent, tant mieux, sinon ce ne sera pas alarmant.
Au vu de ta saison 2011 et de tes résultats, n’aurais-tu pas apprécié une qualification assurée pour les JO afin de les préparer dans la sérénité, comme Absalon, Schurter ou Hermida ?
Comme tout pilote, j’aimerais être assuré d’une participation, mais j’accepte complètement le fait que l’on fixe la sélection plus tard. Il peut se passer pas mal de choses durant l’intersaison. J’ai cependant une position plus confortable que certains. Je dois montrer que je suis encore capable d’être parmi les meilleurs mais je sais que je peux le faire.
Au sein du team, tu côtoies Julie Bresset, qui est certaine d’aller aux Jeux. Discutez-vous de cet événement tous les deux ?
Oui, on en discute un peu, mais on trace chacun notre voie à notre manière. Personnellement je ne ressens aucune pression, je suis avant tout concentré sur ma qualification et mes premiers objectifs. On prépare déjà les Jeux mais la pression viendra plus tard.
La présence de Pierre Lebreton au poste de team manager est-elle un plus pour toi étant donné votre relation et l’état d’esprit sympathique, relax et optimiste de Pierre ?
Oui, c’est évident que j’apprécie énormément Pierre et le voir s’investir toujours plus dans la structure est un réel plaisir car c’est facile de bosser avec lui. Il apporte tout son sérieux et sa science du haut niveau. On continue aussi à déconner quand on peut, ce qui constitue un aspect très important aussi à mes yeux pour rester un peu détendu dans les phases de grosse pression.
Après les échecs au sein du Team Maxxis et d’Egobike, tu as su trouver un équilibre et progresser auprès de Michel Hutsebaut, qui a cette image de patriarche protecteur, patient, motivant… Si vous y allez, vous serez ses premiers sportifs aux Jeux, lui en es-tu reconnaissant ?
Bien sûr, l’équipe a permis mon épanouissement. J’ai clairement trouvé ce que je cherchais : sérieux, sérénité et plaisir. Ça a de suite fonctionné entre nous ! C’était vraiment l’équipe qu’il me fallait à ce moment-là. En plus de Michel, il y a tout le reste de l’équipe qui est toujours là depuis mon arrivée, ils font aussi partie de cette belle aventure, pourvu que ça dure ! Quand je vois tout le progrès accompli, je crois que nous avons vraiment bâti quelque chose et j’espère que nous irons encore plus haut !
Comment avez-vous planifié le début de saison 2012 et l’approche des Jeux Olympiques ?
Avec Philippe Chanteau, mon entraîneur depuis fin 2005 et CTN responsable de la formation à la FFC, nous avons fixé un premier pic de forme à Pietermaritzburg et pour les deux Coupes du Monde à Nove Mesto et La Bresse pour assurer ma sélection. En cas de sélection, on sacrifiera le reste pour l’objectif, sinon, je ne sais pas, je n’y ai pas pensé. Les Jeux en eux-mêmes, on en discute vraiment depuis fin 2010. Philippe y pense depuis bien longtemps même s’il ne me l’a jamais dit… C’est un travail de très longue haleine, il pense à tout, il planifie tout depuis des années. Chaque année, l’axe de travail principal change, on bâtit petit à petit. 2011 a été très chargé pour moi dans le but d’apprendre à courir devant. Ça ne s’improvise pas, le contact avec les tops pilotes, ça s’apprend. La course est différente devant, ce n’est plus vraiment un combat seul contre la douleur.
En 2011 tu as acquis tes podiums dans les derniers tours, tu as un gros finish. Te penses-tu capable de gagner une manche de la Coupe du Monde cette année ?
Comme tout le monde, je souhaite progresser. Je ne sais pas si je serai en mesure de le faire, on verra ! Après, un podium et être capable de gagner, c’est vraiment différent, il y a encore une grosse marche à franchir. Par contre je sais aussi que l’équilibre est fragile, que tout peut arriver, alors je continue de bosser pour mettre toutes les chances de mon côté. L’an prochain, ce sont les Jeux, alors même si j’étais en mesure de les faire, je ne troquerai pas l’or contre un maillot de leader !
Tu as participé à l’épreuve préolympique en 2011. Comme beaucoup, tu as intégré des cyclo-cross dans ta préparation hivernale. Quel sont les autres points que tu as travaillés cet hiver ?
Les cyclo-cross m’ont permis de garder un niveau de forme correct et de revenir plus vite en 2012. Ils m’ont permis de travailler mes relances en vue de Londres, que j’ai aussi bossé à l’entraînement. Je fais aussi actuellement un cycle de musculation dans le même but. Au niveau du volume, pas de changement, les courses sont plus courtes, donc le travail en endurance diminue. Mais je fais toujours beaucoup de qualitatif. Avec l’équipe de France, nous accordons toujours plus d’importance au travail mental, mais je crois que les sports d’endurance ont encore de la marge dans ce domaine. Après, avec la bonne saison que je viens de faire, il y a eu un déclic aussi dans la tête, je me sens plus serein, moins fougueux, je me mets moins de pression… Je doute beaucoup moins.
On sait que ton team travaille étroitement avec la firme BH, qui est réactive au niveau du matériel, de son optimisation. Au vu de tes objectifs 2012, tu prônes l’utilisation d’un 29″ ou d’un 26″ ?
Nous travaillons beaucoup avec BH mais aussi avec nos autres partenaires. Après une telle saison, c’est vrai que les marques sont plus à l’écoute et vu que j’adore tester, je suis vraiment ravi ! Concernant le match 26 vs 29, j’ai opté pour le 26. La nervosité des circuits et ma taille ne jouent pas en faveur du 29. Il a aussi des qualités (motricité, franchissement…) mais d’une manière globale, je me sens plus à l’aise sur mon 26, ma position est meilleure, le feeling aussi. Il est possible que sur certains circuits le 29 soit meilleur, c’est vrai. Je ne souhaite pas alterner, c’est pour moi une erreur de jongler de machine, le pilotage est différent, la position jamais vraiment la même, c’est un excellent moyen de ne jamais tirer le meilleur de chaque machine. Il y a une grande part de feeling, j’ai alterné les deux cet hiver et à chaque fois il faut du temps pour retrouver le petit plus qui fait toute la différence.
Au niveau entraînement et matériel, es-tu adepte de nouvelles technologies tendances ?
J’ai été un des tout premiers vététistes à utiliser les capteurs de puissance pour toutes mes séances d’entraînement et parfois en course. Ma base de données est immense, mon coach a clairement un avantage sur les autres. Pour les boyaux, on travaille, on analyse, mais avec Continental, nous avons une bonne alternative aux boyaux avec des pneus spéciaux pour le team. Les cintres larges c’est bien pour un 29″ mais je n’ai pas augmenté ma taille de cintre depuis très longtemps. Il est simplement à ma taille. C’est vrai qu’un cintre large rend le pilotage plus facile mais n’oublions pas que nous passons la majorité du temps en montée ou sur le plat. Il faut trouver le bon compromis.
En cas de non-sélection pour les Jeux Olympiques, quels seraient tes objectifs secondaires : un titre national aux Gets, une performance au Mondial, un arrêt de carrière ?
A vrai dire, je n’y ai pas réfléchi, je suis concentré à fond sur ma sélection. Mais j’aime trop le vélo pour m’arrêter là en cas de contre-performance, surtout que je sais ce dont je suis capable maintenant. On verra, je ne souhaite pas passer à côté de mon rêve, si ça m’arrive, ce sera très dur mais heureusement ce ne sera pas la fin du monde.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec le 29 janvier 2012.