Marc, 2012 est une année cruciale pour tous les athlètes français avec les Jeux Olympiques de Londres. Or 2011 a vu la confirmation de Maxime Marotte et Stéphane Tempier aux côtés de Julien Absalon. Penses-tu que la sélection nationale est déjà figée ?
Non ! La sélection n’est pas définitive. Les pilotes et les responsables de teams ont reçu l’information qu’elle le sera début juillet 2012. Maxime et Stéphane ont effectué une très belle saison 2011 et ont confirmé leur potentiel. La France a trois coureurs dans le Top 10 de la Coupe du Monde : Absalon 3ème, Marotte 5ème et Tempier 9ème. Logiquement et incontestablement ils méritent de représenter la nation aux JO. Maintenant, en sport, rien n’est acquis et tout peut arriver.

Au même titre qu’Alexis Vuillermoz, t’estimes-tu encore capable de remplir les critères de sélection pour intégrer l’équipe de France ?
Je ne vais pas me voiler la face, j’ai passé deux saisons difficiles, je ne pense donc pas aux JO mais plutôt à retrouver mon niveau pour la saison 2012. Je me suis prouvé à plusieurs reprises que je peux sortir de belles courses internationales, sur un jour où les conditions sont réunies et que la malchance m’épargne. Après, tout peut arriver et la situation sera définitive fin juillet.

En cas de non-sélection olympique, quels seront tes objectifs 2012 ?
Depuis deux saisons je me suis fixé pour objectif prioritaire d’être performant et régulier sur les Coupes du Monde. Je n’ai pas eu de résultat concluant et satisfaisant. Auparavant, j’ai prouvé que j’étais capable de coups d’éclat sur quelques courses par an. Je vais donc revenir en arrière et faire ce qui m’a permis de gagner la confiance de l’équipe de France et de mes partenaires de 2006 à 2009. Je vais donc plus cibler certaines courses et valoriser au maximum mes pics de forme programmés avec mon entraîneur. Le calendrier 2012 me semble favorable à cette stratégie. J’ai fait ce choix avec Gérard Pégon, mon entraîneur, après avoir analysé ma préparation, mon approche et mes résultats sur deux Coupes du Monde, Mont-Sainte-Anne et Windham. J’ai terminé 26ème aux Etats-Unis en bataillant longtemps dans le Top 20.

Le Top 20, c’est le critère de sélection en équipe nationale pour le Mondial. Un retour en équipe de France est-il un de tes objectifs prioritaires pour 2012 ?
Nous étions un groupe de cinq-six pour la place de 15. Comme je l’ai dit je vais revoir ma façon d’aborder la saison et cibler des courses précises qui me conviennent bien. La manche de Windham a été le déclic et le déroulement de la course m’a conforté dans mon choix. J’ai eu la chance de participer à de nombreux championnats sous les couleurs de l’équipe nationale. J’ai toujours gardé de bons souvenirs. Oui, j’ai envie de faire mon retour en sélection pour les Championnats d’Europe et du Monde avec l’objectif de m’y exprimer pleinement. Obtenir mon billet pour le Championnat du Monde est une source de motivation et sera une grande satisfaction si j’y parviens.

Depuis 2007, tu as souvent bataillé avec Marotte, Tempier, Vuillermoz. Tu parviens à les vaincre lors des échéances nationales sans parvenir à leurs performances sur les épreuves mondiales. Que te manque-t-il pour y parvenir ?
Effectivement j’ai souvent bataillé avec eux sur les courses nationales et internationales. Mais depuis deux ans je n’ai pas franchi de cap, j’ai progressé mais pas comme je l’aurais voulu. Je manque de sérénité, de stabilité, mais cela s’arrange peu à peu. Je manque de confiance en moi, mais j’ai également voulu changer ma façon d’aborder mes saisons en privilégiant la régularité. Maintenant, dire que je vais pouvoir faire des podiums en Coupe du Monde comme Max ou des Tops 10 comme Steph serait prétentieux. Dans le passé, je suis parvenu à être devant eux, sur des échéances mondiales comme le Mondial 2007 que j’avais ciblé dès le début de saison et organisé ma saison pour être en pic de forme.

On a l’impression que ta saison 2011 a été en-deçà de tes objectifs. Quel bilan en tires-tu ?
Ma saison a été en-deçà de mes objectifs, oui. J’ai pris beaucoup de recul, j’ai fait un bilan lors de ma coupure. C’est un bilan mitigé. J’ai fait quelques bons résultats nationaux comme à Saint-Raphaël avec une 5ème place avec un beau plateau de pilotes internationaux. Au France, j’obtiens un titre de champion de France en relais des comités où j’ai conclu le travail de mes équipiers et assumé la responsabilité de concrétiser face à Jérôme Chevallier. Sur le plan international, je réalise une belle manche à Windham, qui reste ma référence pour aborder 2012. J’estime être un coureur de type « objectif d’un jour », type championnat, capable de sortir une grande course sur un objectif ciblé. Depuis 2010, j’ai voulu miser sur la régularité… je n’y parviens pas, j’en conclus que je ne suis pas fait pour cette approche. Changer ma façon de faire n’a pas été une bonne chose. Je vais donc revenir en arrière. C’est le premier constat de ma saison 2011.

Quels en sont les autres ?
J’ai eu des soucis, peu visibles, mais qui m’ont perturbé depuis fin 2008. J’ai eu beaucoup de hauts et de bas lors de mes entraînements et cela me pénalise en course. J’ai subi des vertiges, voire des malaises parfois, et des baisses de forme trop importantes. Inquiet, j’ai passé une batterie de tests qui n’ont rien révélé. Le doute s’est installé. J’ai donc pris en 2010 un préparateur mental, pensant que c’était d’ordre psychologique. Ça n’a pas changé grand-chose non plus. J’ai perdu pas mal de poids et surtout du muscle. Cet été 2011, j’ai subi deux malaises lors des France et en Coupe du Monde en Italie. Je ne pouvais plus continuer comme cela… J’ai donc passé de nouveaux tests qui ont mis en avant un asthme d’effort. Depuis, j’arrive à m’entraîner de façon sereine sans avoir de gêne et de malaise. La situation se rétablit, je reprends confiance et j’arrive à reprendre un peu de poids musculaire. La nouvelle réglementation, avec des temps de course réduits, m’aide et je suis capable de finir très fort mes courses, mais pour cela il me faut être à 100 %.

A l’entraînement, tu es suivi depuis tes débuts par le CTR Gérard Pégon. Intégrez-vous les nouvelles technologies dans tes séances ou tes compétitions ?
Bien sûr, nous utilisons les nouvelles technologies ! Tout évolue si vite ! Mais il faut également faire le tri et ne pas se disperser. La tendance actuelle prône les VTT 29 pouces. C’est peut-être un avantage sur certains circuits mais le 26 le reste sur d’autres. Mon team New Cycling y pense et nous aurons les deux vélos à disposition pour 2012. Je ne suis pas un grand technicien et utiliser un 29 pouces me sera d’une grande aide sur certains circuits avec les racines notamment. On a eu l’arrivée du 2X10 et à présent certains coureurs (Yamamoto) utilisent un mono plateau en course. Je m’y intéresse.

On ressent ton envie de réussir mais aussi le sentiment que 2012 sera une saison déterminante : ou ça passe ou ça casse ?
J’ai passé deux saisons difficiles, et en passer une troisième serait dur. Maintenant j’aime mon sport, je prends du plaisir à m’entraîner, à vivre les saisons. 2012 sera déterminant, mais je ne vais pas me mettre plus la pression. Je vais revenir à mon ancienne méthode, cibler des courses, c’est ma façon de fonctionner. Je ne vois donc pas pourquoi je n’y arriverais pas. J’aime le vélo, mon sport. J’espère me faire plaisir encore plus que ces deux dernières années !

Un maillot tricolore reste-t-il un objectif atteignable compte tenu du niveau français ?
Je ne suis pas dans le bon pays (il rit) ! Le niveau français est très relevé, c’est le top niveau mondial, comme en Suisse ! Mais rien n’est acquis. Julien reste un ton au-dessus mais des jeunes comme Stéphane ou Maxime poussent fort derrière. En 2007, 2008 et 2009 j’étais à leur niveau. Maintenant je souhaite réellement retrouver mon niveau et je verrai ce dont je suis capable. En 2012 un titre de champion de France paraît difficile, une médaille est plus dans mes cordes. Pour les saisons à venir ça reste un objectif plausible.

En parallèle de ta carrière sportive, tu développes des prestations d’entraînement, notamment auprès de cyclistes de ta région Languedoc-Roussillon…
La carrière d’un sportif est courte, encore plus en VTT. C’est pour ça que j’ai poursuivi mes études. J’ai obtenu une Licence STAPS Option AEP (Altitude Entraînement et Performance) à l’université de Font-Romeu, un Diplôme Universitaire Dartfish (logiciel d’analyse vidéo) et mon Brevet d’Etat 1er degré option du Cyclisme. J’ai donc créé mon entreprise et depuis 2009 je propose des entraînements. J’ai pu entraîner Hugo Drechou en 2009, actuellement j’entraîne Stéphan Berto, vice-champion du monde 2011 des sapeurs-pompiers et 3ème des Championnats de France Masters, et Alexandre Muñoz, vainqueur de la coupe de France Masters 2011, 2ème des Championnats de France. Je suis également conseiller sportif pour une association : préparation-sport. Cette intersaison, j’ai développé mon activité et je vais proposer d’ici peu des stages dans les Pyrénées-Orientales. Ce seront des stages personnalisés où chaque personne, club ou équipe pourra avoir son stage sur mesure, selon ses attentes : découverte, état de forme, performance… Je ne souhaite pas m’arrêter là et plusieurs idées seront développées courant 2012. Vous pourrez obtenir toutes les informations concernant mon entreprise sur www.marccolom.fr, rubrique coaching.

Tu es un des rares cyclistes de haut-niveau du Languedoc-Roussillon à rester licencié dans un club régional. Comment expliques-tu l’exode sportif de tes compatriotes régionaux ?
Je suis attaché à ma région et aux gens qui m’ont permis d’accéder au haut-niveau. Sans l’aide de la famille Delanerie au travers du Team Calvisson et ses partenaires, je ne serais pas ici aujourd’hui. Je leur en suis reconnaissant. C’est aussi une grande satisfaction car j’ai pu démontrer qu’avec des gens passionnés on peut arriver à faire de grandes choses sans avoir des budgets extraordinaires. Je ne dirais pas qu’il y a un exode. Beaucoup de sportifs sont encore licenciés dans la région : Christel Ferrier-Bruneau, Arnaud Jouffroy, Hugo Dréchou, Victor et Clément Koretzky et moi. Et si le comité régional a autant de bons résultats et d’effectifs à haut-niveau c’est qu’il y a un bon travail de détection, de suivi de la part des clubs et des teams. Les bénévoles transmettent des valeurs aux jeunes coureurs et chaque sportif sait d’où il vient et n’hésite pas à venir courir dans la région ou rencontrer son club formateur dès qu’il en a la possibilité. Ce n’est pas rare de voir Arnaud, Christel, Hugo, Victor ou moi sur des épreuves dans notre région.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec.