Coutumier d’une trêve hivernale en deux parties, Julien Absalon (Orbea) a accompli un bout de la saison de cyclo-cross ces dernières semaines. Comme chaque année, finalement, à la différence que le double champion olympique de VTT a choisi cette année de se mesurer au haut niveau national de la discipline. Avec réussite ! Ainsi l’aura-t-on vu finir 6ème du Challenge National de Saverne, 10ème du cyclo-cross de Nommay et tout récemment 2ème du cyclo-cross de Saint-Etienne-lès-Remiremont, 1er du cyclo-cross de Lunel (devant Francis Mourey et Steve Chainel) et 2ème pour finir du Challenge National de Miramas. Vingt-quatre heures avant de s’envoler pour la Réunion, où il rejoindra son frère Rémy à l’occasion de la Mégavalanche, Julien Absalon est revenu avec nous sur son expérience nationale des cyclo-cross et sur sa préparation hivernale.
Julien, tu as terminé 6ème à Saverne, 2ème à Miramas, tu t’es décidément fait plaisir sur les cyclo-cross du Challenge National ?
Je suis arrivé à obtenir un bon niveau cette saison en cyclo-cross et je me suis vraiment fait plaisir. Venir me glisser entre Francis Mourey et Steve Chainel, les deux leaders du cyclo-cross français qui évoluent à un niveau mondial, c’est plaisant. A Miramas, le circuit était difficile physiquement et techniquement mais je me suis régalé avec beaucoup de petits virages et des passages dans les cailloux. Je suis très satisfait de ma dernière course de l’année et très satisfait de ma saison de cyclo-cross.
Au niveau cardiaque, es-tu monté très haut dans les tours à Miramas ou es-tu resté régulier ?
(Il manipule son cardiofréquencemètre) 158 de moyenne, 168 au max. J’ai une fréquence cardiaque particulièrement basse puisque je bats à 28 au repos. J’ai une fréquence cardiaque maximale assez basse à 178/180 pulsations/minute.
Finir dès à présent est presque frustrant…
Oui, mais je vais prendre l’avion pour la Réunion, où je vais disputer la Mégavalanche, et me retrouver au soleil pour changer à nouveau de discipline. C’est ce qui est super dans le cyclisme, c’est qu’on peut passer d’une discipline à l’autre. Du vélo de cyclo-cross je vais passer cette semaine au VTT tout suspendu sur une course de VTT descente marathon.
Depuis quand pratiques-tu le cyclo-cross ?
Depuis plus de dix ans, depuis que je suis Espoirs. En fait, j’ai commencé le cyclo-cross quand j’étais jeune parce que j’avais des lacunes dans certains domaines, notamment la puissance. Je n’étais pas spécialement très fort au niveau des départs donc mon entraîneur m’a dit de choisir le cyclo-cross pour justement travailler ces points faibles durant l’hiver afin de les transformer en points forts la saison suivante. Et puis en fin de compte j’ai gardé l’habitude de faire des cyclo-cross tous les hivers car je préfère faire deux petites coupures plutôt qu’une longue. Cette année on m’a un peu plus vu parce que j’ai tout simplement décidé de faire des courses un peu plus relevées.
Que t’auras apporté ce début de saison de cyclo-cross dans la perspective de ta saison VTT 2011 ?
C’est très important pour moi de garder le contact avec la compétition, de garder le rythme. C’est peut-être d’autant plus important aujourd’hui car les circuits de VTT évoluent, ils sont de plus en plus courts, requièrent de plus en plus de puissance, il faut être plus tonique. C’est vraiment ce qu’on retrouve sur le cyclo-cross. Tout le travail effectué en ce début d’hiver sera donc profitable pour la saison prochaine.
Tu vas participer à la Mégavalanche de la Réunion avec ton frère Rémy. Ce sera avant tout du plaisir ?
Oui, d’abord du plaisir. J’ai plus travaillé en cyclo-cross qu’en VTT ces dernières semaines donc je vais vraiment à la Réunion pour me faire plaisir. Malgré tout, je vais tout de même travailler le pilotage, qui reste très important car les circuits évoluent aussi sur ce point. On retrouve des portions plus engagées, davantage de sauts, des virages relevés… Le cross-country devient du sport-spectacle et le pilotage est très important. A la Réunion, je vais rouler avec l’Orbea Rallon.
Quel va être le programme après les vacances à la Réunion ?
Je vais passer les fêtes de fin d’année tranquillement à la maison, en famille, puis je reprendrai l’entraînement par du ski de fond si les conditions d’enneigement sont bonnes. A partir de fin janvier, je reprendrai de manière plus spécifique avec du foncier sur route.
Quels vont être tes prochains rendez-vous VTT ?
Il va falloir attendre la saison 2011 et les premières courses en mars. Je ferai la première Coupe du Monde fin avril en Afrique du Sud. Par la suite nous allons avoir un calendrier assez dense avec sept manches de Coupe du Monde, le Championnat du Monde et puis, particularité d’une année préolympique, le test olympique sur le circuit de Londres.
Quelle relation entretiens-tu avec Nino Schurter : respect ou animosité ?
On s’entend très bien. Dès l’arrivée aux Jeux Olympiques, j’avais désigné Nino comme mon successeur, comme l’avenir du VTT mondial et comme le favori aux Jeux 2012. J’ai beaucoup de respect pour lui mais c’est vrai qu’il y a une certaine rivalité qui s’est instaurée. On a une bonne relation et il n’y a pas de soucis. Nos relations sont très cordiales. Je vais le retrouver à la Réunion dans une atmosphère plus détendue, ça va certainement être sympa de se retrouver dans une autre situation, sans pression. On va pouvoir rigoler, boire la bière locale et s’amuser.
A l’issue d’une saison 2010 marquée par la malchance, comment abordes-tu 2011 ?
Avec de la niaque, même si c’est un peu rageant d’avoir enchaîné comme ça des problèmes mécaniques, de la malchance, mais bon c’est du sport et il faut être conscient que le sport de haut niveau c’est ça aussi. Je n’ai pas à me plaindre, ayant été épargné jusque-là. Il faut relativiser. Le fait de devenir papa en 2010 restera pour moi une grande année, la naissance de mon fils compense largement tous mes déboires. Je ne suis donc pas inquiet et je préfère à la limite une petite saison sur des problèmes mécaniques et sur un enchaînement de malchance qu’une saison ratée par des problèmes physiques, un manque de forme ou un virus. Dès 2011 je repars « feuille blanche », à zéro, en espérant que je serai un peu plus chanceux.
Propos recueillis à Miramas le 21 novembre 2010.