Julien, quel regard portes-tu sur ta saison ?
La grosse satisfaction, c’est d’avoir retrouvé mon niveau et d’avoir prouvé cette année que les deux meilleurs étaient Schurter et Absalon, comme le montre d’ailleurs le classement mondial de fin d’année. Malheureusement, je n’ai pas toujours su concrétiser, parfois par manque de chance où j’ai été trahi par des ennuis mécaniques. Le gros point positif c’est de voir que j’avais un niveau de forme que je n’avais pas retrouvé depuis un certain temps. J’étais le seul à pouvoir mettre Nino Schurter en difficulté quand il était en grande forme.
Aurais-tu préféré qu’un troisième pilote s’incruste dans ce mano a mano, Jaroslav Kulhavy par exemple ?
Clairement, plus il y a d’adversité, plus les courses sont belles. Il y a eu de beaux duels. Kulhavy a prouvé sur la finale de la Coupe du Monde à Hafjell qu’il ne fallait jamais l’oublier, même s’il a fait l’une des moins bonnes saisons depuis de longues années. Heureusement qu’il a sauvé sa saison sur la dernière course, car on ne l’a pas beaucoup vu tout le reste de l’année. Quelques fois, face à Schurter, c’est plus facile s’il y a d’autres coureurs. Face à moi, il essaye de me faire subir son rythme. Du moins il savait, car maintenant j’ai réussi à trouver les failles. Lorsqu’il impose son rythme face à un autre coureur, il est redoutable. Mais quand il est mené et que le rythme lui est imposé, il est plus facilement vulnérable.
Cette année, Nino Schurter a pu utiliser des roues à boyaux…
J’en ai déjà, mais j’ai plus souvent utilisé cette année mes roues alu à pneus que mes roues carbone à boyaux. J’ai gagné le Championnat d’Europe avec mes roues carbone. C’était l’un des gros points forts de l’équipe BMC MTB Racing Team. On avait le choix entre deux types de roues différentes, entre les boyaux et les tubeless.
Pourquoi avoir opté pour cette solution ?
Les pneus Continental sont vraiment très performants. Ils sont également plus résistants. En plus, les roues alu que l’on avait étaient vraiment tip-top ! Sur certains circuits le boyau reste intéressant, mais sur d’autres, ça l’est un peu moins. Le rendement est plus intéressant, mais on a des circuits qui tapent tellement et on roule déjà avec des cadres rigides. Parfois, avoir un peu plus de confort n’est pas plus mal, et c’est ce que m’apportaient les roues alu par rapport aux roues carbone.
Quelles différences notes-tu entre le mode de fonctionnement suisse chez BMC, et celui que tu as pu connaître en Italie chez Bianchi et en Espagne chez Orbea auparavant ?
C’est intéressant de prendre le meilleur de chaque pays, de chaque mentalité, de chaque manière de fonctionner. J’avais besoin de ce nouveau challenge après six ans en Italie et six ans en Espagne. Travailler avec d’autres personnes, selon d’autres manières de fonctionner, le fait d’avoir un nouveau vélo, etc. Tout cela faisait que j’avais une motivation supplémentaire. Ce qui m’a aussi séduit et incité à rejoindre le team, ce sont les vélos BMC, une marque qui est clairement positionnée sur le haut de gamme et qui innove. Ce qui a également beaucoup changé, au-delà des particularités dans chaque pays, c’est de passer d’une petite équipe, à un team de dix ou quinze coureurs. On se retrouve parfois sur les Coupes du Monde où on est dix crosseurs, plus le staff. Ça fait gros team, et grande famille. Je peux aussi compter sur des coéquipiers qui sont capables de terminer sur le podium d’une Coupe du Monde.
L’autre grande nouveauté pour toi était de passer sur un 29″. Cela t’a réussi, même si tu étais sceptique.
Je n’avais jamais essayé de 29″ qui me correspondait vraiment. Cela a été l’une de mes réussites cette année. Ce qui fait aussi que j’ai retrouvé ce niveau-là en 2013, c’est le vélo. Je comprends pourquoi j’étais en difficulté dans certains secteurs ces dernières années. Je n’étais pas en mesure d’être aussi rapide que les autres dans certaines portions parce que j’avais ce problème de taille de roues.
Regrettes-tu de ne pas avoir opté pour le 29″ plus tôt ?
Oui, je pense que j’ai peut-être perdu une année, voire deux. Ce n’est pas ce qui a fait toute la différence, mais clairement je suis plus rapide avec le 29″.
Propos recueillis à Fréjus le 11 octobre 2013.