Julie, comment avez-vous géré l’après-Jeux Olympiques ?
Ce n’était pas évident, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Il y a eu cinq jours magnifiques, avec notamment la descente des Champs-Elysées. Le retour dans le train, avec toute l’équipe de France olympique, c’était vraiment super. Il y a eu beaucoup de sollicitations, ce n’est pas évident à gérer, mais je suis bien entourée et je prends cela très bien, j’en profite. Par contre, c’est difficile de m’entraîner, je n’arrive pas à monter sur le vélo en ce moment. Le mondial risque d’être dur, mais au final, c’est aussi cela qui me tient un peu derrière. Je n’ai pas le temps de décompresser. J’en profite et je savourerai vraiment après le mondial.
Qui vous aide à gérer ce flux de sollicitations ? Vos parents, votre famille, votre entraîneur ?
Tous ces gens m’aident, et également Matthieu Durand, qui me suit pour mes contrats. Je suis bien entourée. Il faut bien, car seule, je ne pourrais pas gérer.
Après les JO, il y a eu les Champs-Elysées. Qu’est-ce qui vous a marqué le plus ? Est-ce que ce n’est pas simplement le fait de s’assoir dans un fauteuil tranquillement ?
Cela, j’en avais besoin pour réaliser ce que j’avais fait. Aux Champs-Elysées, ce qui m’a marqué, c’est le monde qu’il y avait, l’organisation de la soirée. C’est une autre vie. C’était la fête. Les gens qui vous acclament du jour au lendemain, ça fait drôle. C’est bien, car cela va justement faire parler du VTT.
Comment avez-vous vécu le lendemain de votre médaille, avec le désappointement chez les masculins ?
J’ai regardé la course au club France. J’étais très déçue pour Julien Absalon. Je l’ai vu sur le grand écran raconter ce qu’il a vécu, ça faisait mal au cœur pour lui. Mais c’est comme ça. Moi, j’étais dans mon truc, je n’avais pas pu aller voir la course. Cela arrive, pour lui c’était un mauvais jour.
Il y a eu des polémiques suite à son abandon alors qu’il était double champion olympique et qu’il s’était préparé pour un podium. Comprenez-vous son abandon ?
Oui, c’est dur pour lui. Je pense que c’était surtout dans la tête. Le problème ne venait pas de lui, ce n’était pas une faute de pilotage. C’est cela qui est encore plus rageant, cela explique son abandon. Personnellement, je ne sais pas comment j’aurai réagi à sa place. Mais je n’aurai peut-être pas eu envie d’abandonner. Julien a ses raisons personnelles, c’est un champion, un grand coureur, il se connaît, et s’il a arrêté, c’est qu’il savait ce qu’il faisait. C’est son choix.
On dit que la course des garçons était une des plus belles courses de VTT. Vous confirmez ?
Il y avait tout pour plaire là-bas : le site, le public. Ceux qui se sont imposés sont ceux qui ont su maîtriser le parcours, être concentrés. Il y avait tous les atouts du VTT, même si ça aurait pu être plus dur techniquement, mais au final, vu que c’était physique, il y avait de quoi faire.
Quels objectifs vous fixez-vous pour les championnats du monde en Autriche ?
Personnellement, je ne sais pas. Je sais que je serai motivée, mais physiquement je ne sais pas du tout où j’en suis. Avec tout ce que je fais, je me fatigue. Je suis assez épuisée, j’espère que je vais refaire du jus pour le mondial. C’est ça qui peut peut-être sauver une place d’honneur. J’ai envie d’y aller motivée, mais après, le résultat ne compte pas, car j’ai déjà gagné ma saison.
Qu’en pense votre entraîneur, Benoît Gloux ?
Il pense exactement la même chose que moi. Le mondial, on n’y a pas pensé cette année. Il fallait que je gère l’approche pour mes premiers Jeux. On ne s’attendait pas à une médaille d’or. Vu ce qui arrive, on ne peut pas préparer le mondial comme il faut, ce n’est pas possible.
Si vous deviez donner une qualité et un défaut de votre entraîneur, quels seraient-ils ?
Un défaut, je n’en trouve pas. Des qualités, il en a plein. On est vraiment proches, c’est un homme en or, il me donne beaucoup de confiance. On s’appelle souvent, mais on ne parle pas que de vélo.
Vous arrive-t-il de douter ?
Je n’ai pas toujours confiance en moi, je n’arrive pas à me dire que je vais gagner, à me fixer des objectifs. Je ne veux pas me mettre de pression inutilement, je veux juste partir motivée.
Championne olympique à 23 ans, cela ouvre des perspectives. Vous fixez-vous une limite avant d’arrêter ?
Chaque saison est différente, j’ai du mal à me projeter. Tant que j’ai la passion et le plaisir, je continue. Je ne me projette pas du tout.
L’hiver dernier, vous avez participé à plusieurs cyclo-cross, comme le challenge national et le championnat de France. Est-ce une discipline qui vous plaît pour compléter votre saison de VTT ?
Non, pas du tout. Mon entraîneur voulait que j’en fasse pour préparer les JO. Je suis bien contente d’arrêter ! Les championnats de France étaient quand même une très belle course. J’ai aimé, l’ambiance était belle. Je n’ai toutefois aucun objectif de résultat dans cette discipline.
Serez-vous encore dans le team BH Suntour la saison prochaine ?
J’espère. Je m’y plais bien. Le Team va tout faire pour que cela continue dans le bon sens. L’équilibre du groupe est un facteur essentiel. Si on ne se plaît pas dans une équipe, je ne vois pas comment on peut rouler sereinement et faire des résultats.
Propos recueillis le jeudi 30 août à l’Eurobike.