Julie, combien d’autographes as-tu signés sur le Roc d’Azur ?
(Elle rit) Je ne sais pas, je ne compte pas vraiment. En tout cas les séances se sont pas mal enchaînées. L’an passé, c’était impressionnant. Je n’avais jamais vu autant de demandes. C’est énorme.
Quelle saveur a ce deuxième titre mondial comparativement au premier ?
C’est complètement différent. C’est vraiment fort, surtout émotionnellement. Vu la saison que j’ai eue, remporter un titre de championne du monde était inespéré. En plus, j’ai vraiment été le cherché jusqu’au bout. J’étais heureuse, vraiment heureuse.
Comme tu le dis, 2013 n’a pas été une saison simple.
Effectivement, mais c’est comme ça. Peut-être ai-je mal géré mon hiver, mais je ne pouvais pas faire autrement en cette saison post-olympique. Puis il y a eu ces pépins de santé et cette fracture de la clavicule avec en plus cette chute de fou ! Tout cela m’a vraiment perturbé. Ça m’a empêché de revenir comme je le voulais. Sur la fin de saison, je me suis concentrée sur une seule course, le Championnat du Monde. Je voulais juste me faire plaisir, avoir une forme correcte et au final, j’étais en grande forme.
Comment as-tu géré cela mentalement ?
Dans la tête ça n’allait pas et dans ces conditions là, les jambes non plus. Je suis bien soutenu avec la famille, les amis, mon entraîneur, et même le team qui ne m’a jamais mis la pression. Je les remercie, car ils m’ont vraiment fait confiance. Je compte beaucoup sur les autres pour rester comme je suis et pour me booster.
Où as-tu eu le déclic ?
J’ai eu l’envie de tourner la page, de repartir à zéro début juillet. J’ai pris toutes les courses comme des courses de préparation. Au Mont-Sainte-Anne (où elle termine 4ème, NDLR), j’avais surtout envie de me montrer en vue du Championnat du Monde.
Repartir de zéro passait aussi par le matériel.
Oui, je suis passée en 27,5″. C’est ce que j’ai approuvé début juillet. J’ai changé la position de mon VTT. Cela me va bien. Ce n’est pas quelque chose de flagrant. Cela ne m’a pas perturbé. C’est aussi un petit plus sur les parcours Coupe du Monde où on peut franchir plus facilement certains obstacles.
Était-ce un choix personnel ou imposé ?
C’est mon choix. On pouvait rouler sur les trois tailles, 26″, 27,5 ou 29″. J’ai besoin d’un vélo agressif, surtout en compétition. Tout dépend aussi du gabarit. Quand je pilote, je préfère tout de même que ce soit assez fluide et je n’arrive pas à faire ce que je veux avec le 29″. C’est pour cela que le 27,5″ était un bon compromis.
Travailles-tu souvent en collaboration avec BH du point de vue matériel ?
Oui, ils attendent beaucoup de notre part. Notamment le nouveau cadre de cette année qui avait été conçu en fonction de ce que l’on avait dit de l’autre.
Qu’est-ce qui est le plus beau pour toi : un titre de championne du monde ou une victoire en Coupe du Monde ?
Le titre. Ça n’a rien à voir. L’objectif de la saison prochaine sera de faire une saison complète et régulière. Les Championnats restent des objectifs d’un jour.
Penses-tu que ton titre olympique et tes deux titres mondiaux aient changé quelque chose pour la médiatisation du VTT ?
Je pense qu’on en parle peut-être un peu plus. Je le ressens aussi avec les jeunes qui ont envie de faire du VTT dans les clubs. Le public a envie d’essayer ce sport. Avec Julien, la discipline a de beaux ambassadeurs, c’est cool.
Quelle est la semaine type de Julie Bresset ?
Souvent, le matin je vais au travail entre 9h et 12h30. J’ai un stage au conseil général du département. Et j’ai mes après-midi libres pour mon entraînement. Cela peut commencer par une sortie de vélo puis finir par de la gym ou par la piscine.
En quoi consiste ton stage ?
C’est assez libre. J’avais l’occasion de travailler là-bas, d’avoir un emploi. Mais ce n’est pas possible avec mon activité sportive. Donc on a mis en place une convention de stage, car la priorité reste le VTT. Ils me donnent quelques petites missions. Cela peut être dans l’événementiel comme faire des statistiques sur les centres aérés. J’ai aussi tous les dossiers des athlètes de haut niveau du département. Ça me plaît, car cela me permet de garder un pied dans le monde professionnel. J’ai coupé depuis quinze jours et j’apprécie vraiment de retourner dans mon petit bureau.
Quel sera ton programme cet hiver ?
Il sera déjà plus cool que l’an passé. Je vais me poser un peu. Je vais aussi en profiter pour être plus assidue pour mon stage. Je vais essayer de faire d’autres activités, chose que je n’ai pas pu trop faire l’an passé à cause de mes soucis tendineux : ski, piscine, marche. Je reprendrai le vélo par la route début novembre, mais je ne suis pas pressée de pédaler à nouveau.
Cette saison a été celle de l’éclosion de Tania Zakelj. Penses-tu qu’elle sera ta grande rivale pour les prochaines années ?
J’ai été très surprise par Tania. On ne l’a jamais trop vue dans le Top 5. Elle est très puissante. Ce sera une sacrée concurrente pour la suite. Chez les filles c’est hyper serré, on l’a vu en Coupe du Monde avec cinq filles différentes qui ont remporté les six manches. Ça donne de très belles courses. Le niveau est très élevé, c’est bien, ça promet une belle bataille !
Propos recueillis à Fréjus, le 12 octobre 2013.