Gunn-Rita, es-tu certaine de prendre ta retraite à la fin de l’année ?
Non, pas du tout ! Et si je reçois une offre de Merida demain pour resigner pour deux ans, je le ferai. J’ai peur de ne pas trouver de vraie raison d’arrêter à la fin de la saison. Je prends toujours du plaisir dans ce que je fais, j’ai toujours cette passion, j’ai toujours le corps pour supporter des entraînements durs. Je suis convaincue que je peux encore gagner de grandes courses. Mais en même temps, je me dis que toutes les bonnes choses ont une fin. Mon contrat se termine à la fin de la saison. Je ne prendrai ma décision qu’en octobre ou novembre.
Tu as remporté le Championnat du Monde marathon et la finale de la Coupe de France devant Julie Bresset. Ces performances t’ont-elles convaincue que tu pouvais rester au top niveau encore quelques années ?
Oui, se battre pour un Top 5 sur un Championnat ou sur une Coupe du Monde montre que l’on est l’une des meilleures au monde. Remporter un maillot arc-en-ciel, c’est ce qu’on fait de mieux dans notre sport ! Cela importe peu que ce soit en marathon ou en XCO. Pour moi, la difficulté est la même. Si on demande à Sally Bigham, elle dira que c’est plus difficile de remporter un titre en marathon. Si tu poses la même question à Jaroslav Kulhavy ou à José Hermida, ils diront que c’est plus difficile d’aller chercher un maillot arc-en-ciel en XCO. Pour moi, cela requiert la même énergie pour gagner. J’ai réussi à accomplir mes objectifs l’an dernier. Cette année, ce sera de nouveaux challenges.
Penses-tu pouvoir remporter le Championnat du Monde en cross-country et en marathon ?
Je l’ai fait plusieurs fois. Ces deux Championnats du Monde sont les deux courses les plus importantes pour moi. Mais le challenge vient du fait que le marathon sera en Afrique du Sud. Ce sera aussi à un moment de la saison où je devrai me concentrer sur l’entraînement pour avoir mon pic de forme à Hafjell. Aujourd’hui, je ne suis pas certaine de participer au Championnat du Monde marathon. Mais je pense que le doublé est faisable. Je l’ai déjà fait et je pense que c’est encore possible.
Gagner un nouveau titre mondial te poussera-t-il, quoi qu’il arrive, à poursuivre ta carrière ?
Je ne suis pas branchée par le fait de partir en étant au sommet. J’ai l’impression que c’est plus correct pour les personnes qui croient en moi de leur informer que je n’ai plus la même passion et la même motivation. D’admettre que je ne peux plus être performante. Alors, il sera temps d’avoir le regard tourné vers l’avenir et trouver un autre emploi.
La perspective d’arrêter ta carrière sur un titre mondial chez toi à Hafjell ne t’enchante donc pas ?
Non, ça paraît super ! L’avenir nous le dira.
Sens-tu déjà l’intérêt des Norvégiens pour ces Championnats du Monde ?
Oui, je pense que les Norvégiens qui aiment le VTT sont très enthousiastes. Mais en même temps, nous avons une participation énorme aux courses marathon en Norvège. Ce qui ne veut pas dire qu’ils soient intéressés par le cross-country. C’est un challenge pour nous qui aimons notre sport, de convaincre ceux qui aiment le vélo de venir à Hafjell. Le temps nous dira si nous pouvons faire de cet événement quelque chose de grand. Nous aimerions que ça se passe comme cela. Cela n’arrive qu’une fois dans une vie. C’est ce que je veux dire en Norvège : que c’est une opportunité unique, qu’il faut la saisir et venir à Hafjell au début du mois de septembre 2014.
Sais-tu si le circuit sera modifié par rapport à celui de la Coupe du Monde l’an dernier ?
Ils feront quelques petits ajustements, mais ce sera mineur. Il ressemblera fort au circuit de l’an dernier. Certains se sont plaints du départ. L’ascension était trop longue.
Que retiens-tu de ta saison 2013 ?
Le bon point, c’est le Championnat du Monde XCM. C’est incroyable de gagner un titre à 40 ans. Je suis la première championne du monde quarantenaire ! C’est quelque chose de spécial. Ça faisait du bien de sentir que j’avais une super condition en fin de saison. Malheureusement, je suis tombée malade juste avant le Championnat du Monde en Afrique du Sud. Les sensations que j’ai eues à Méribel, cela faisait longtemps que je ne les avais pas ressenties. Ça t’aide à devenir fort quand tu ressens cette puissance. J’espère que je vais pouvoir montrer la même chose cette saison.
En ce sens, as-tu changé quelque chose dans ta préparation cet hiver ?
Non, pas cette année. Mais si on regarde ces cinq six dernières années, oui, parce que les courses ont elles aussi changé. Je deviens plus vieille également. J’ai donc fait quelques ajustements. Mais j’utilise mon expérience et mon entraînement est pratiquement le même qu’il y a dix ans.
Même si entre-temps, tu es devenue maman ?
Il y a eu une vie avant et après ma maternité. Tu n’as pas les mêmes conditions pour te reposer ou pour t’entraîner. Tu n’as plus non plus le même nombre d’heures de sommeil. Donc, oui, beaucoup de choses ont changé à ce niveau. Mais la base de l’entraînement est plus ou moins la même.
Comment juges-tu la saison de Julie Bresset qui a suivi son titre olympique ?
Même si elle est très jeune, elle fait partie des rares à pouvoir gérer cela, car elle a déjà énormément gagné en Espoirs et chez les Juniors. D’une certaine façon, elle a déjà de l’expérience. Je pense qu’elle est également très bien entourée par des personnes qui prennent bien soin d’elle, sans l’exposer. Les résultats qu’elle a eus en 2013, montrent qu’elle est très forte mentalement. Elle sait comment elle doit s’entraîner et se préparer pour les grands événements. Se fracturer la clavicule en début de saison, c’est très difficile mentalement. C’est dur de revenir au meilleur niveau dans les premières semaines. Avec l’expérience qu’elle a, elle est l’une des seules à pouvoir réaliser ce qu’elle a fait l’an dernier.
Propos recueillis à Alcudia, le 14 février 2014.