Francis, peut-on dire du Creuse Oxygène que c’est le club qui monte ?
Nous avons fait un très bon début de saison mais cela fait des années qu’on travaille. C’est surtout l’aboutissement d’une dizaine d’années de travail. Nous avons tout basé sur la formation et nous commençons à avoir un groupe très performant chez les Elites. A côté de cela nous avons des jeunes qui sont là, chez les garçons comme chez les filles. C’est pour nous une réelle satisfaction que de pouvoir former des jeunes et les garder par la suite.
Le Creuse Oxygène n’est pas non plus issue d’une génération spontanée…
C’est un projet mûrement réfléchi, le club ayant été créé en 1992. Le club approche de ses vingt ans. Nous sommes tous partis du VTT, puis les différentes familles se sont créées. Nous savons qu’en cyclo-cross nous avons des résultats performants, avec deux titres nationaux ces dernières années. Nous prônons la pluridisciplinarité. On fait du VTT, de la route, du BMX, du cyclo-cross… Jusqu’en Cadets nos coureurs font de tout, ils ne choisissent qu’ensuite. On arrive ainsi à tirer des choses de chaque discipline pour permettre à nos coureurs de progresser.
Cette pluridisciplinarité vous oblige à être mobilisé en permanence ?
Nous sommes également un club organisateur, avec vingt-neuf journées d’organisation à l’année. C’est effectivement très compliqué mais les dirigeants du club s’investissent tout le temps et vont jusqu’à sacrifier leur vie familiale. C’est un investissement très lourd et très important.
Comment fonctionne le club d’un point de vue concret ?
Le club, à la base, était VTT. Nous sommes passés ensuite à toutes les disciplines du cyclisme. Et nous sommes désormais omnisports, avec une section gym, de la moto-trial, relativement verte, qui nous aide en plus sur les organisations. Nous avons en outre des sections raids et orientation, pédestres et cyclistes. Ca représente un gros volume de bénévoles. Nous comptons 300 licenciés toutes sections comprises.
Les parents deviennent-ils progressivement dirigeants ?
Ils sont surtout éducateurs. Avec l’expérience qu’ils ont tirée eux en tant que coureurs, maintenant avec leurs enfants, ils arrivent à faire passer ce message chez les plus jeunes. Nos jeunes générations sont tout de suite plus évoluées et nous avançons beaucoup plus vite.
Quand est-ce que les jeunes sont amenés à faire des choix ?
Le système à Guéret est très travaillé, c’est comme une grande fusée. On attaque par l’école de vélo où nous accueillons tout le monde de 5 à 77 ans en VTT, route et BMX. Ensuite, les jeunes ont la chance d’avoir un atelier de deux heures par semaine lorsqu’ils rentrent au collège. Nous ne faisons que du travail technique qui concerne les 6èmes et les 5èmes. Pour les 4èmes et les 3èmes, nous avons une section de VTT où nous faisons quatre heures de VTT et deux heures de BMX hebdomadaires. Les meilleurs passent au Pôle Espoir. Ce cheminement nous permet d’amener les meilleurs au plus haut niveau.
Vous évoluez aujourd’hui en team club, est-ce un aboutissement où vous verriez-vous passer au stade supérieur ?
C’est différent puisqu’il faut alors des points UCI, qui sont très difficiles à avoir en France. Aujourd’hui ce qui nous importe est de continuer à former des jeunes et les emmener au plus haut niveau. Cette identité club est importante pour nous. Nous la prônons depuis notre plus jeune âge.
Le risque lorsqu’on est un club formateur est de se faire piller, est-ce quelque chose que vous assumez ?
Je ne crois pas que le mot piller convienne. La qualité de la formation est importante et si nos coureurs sont recherchés par des équipes plus importantes et aux budgets plus conséquents, c’est plutôt valorisant. Ca ne me gêne pas, au contraire, d’autant que nos coureurs restent licenciés au club, comme Jordan Sarrou, qui court pour Scott. Les relations demeurent saines et c’est ce qui importe.
Quelles sont vos grandes organisations ?
Nous venons de terminer la saison de cyclo-cross. Nous sommes passés sur les courses VTT avec un rallye de descente en début de saison. Après, nous allons avoir les courses pour les jeunes sur route, Minimes et Cadets, et les épreuves pour les Régionaux. Notre grand événement à VTT, c’est la Grande Traversée du Limousin. C’est une épreuve très lourde, sur trois jours, avec déjà plus de 200 inscrits un mois avant l’événement. La Grande Traversée du Limousin, ce sont trois compétitions en trois jours : 55, 70 et 50 kilomètres pour découvrir le Limousin sous toutes ses coutures.
Vous avez déjà organisé au niveau national, est-ce en projet pour l’avenir ?
Aujourd’hui, pour organiser une Coupe de France, il faut surtout avoir un projet de circuit mûri, bien travaillé. Ce qui est important, c’est d’amener les gens à venir voir le VTT. Nous travaillons sur un circuit qui partirait du centre-ville de Guéret et se disputerait en urbain. Il y a beaucoup de boulot donc on verra…
A titre personnel, vous reste-t-il du temps pour rouler ?
Avec les jeunes, tout simplement. Je pratique du VTT parce que c’est la base, c’est là où on attire les jeunes.
Propos recueillis à Saint-Raphaël le 2 avril 2011.