Francis, l’heure est aux bilans de la saison 2016. Comment jugez-vous celui de votre team Scott-Creuse Oxygène-Guéret ?
Notre objectif était de conserver le titre en Coupe du Monde Espoirs de Titouan Carod. C’est une réelle satisfaction d’y être parvenu. Il avait cependant une pointe de déception en passant à côté du titre mondial. Mais, ce jour là, il a fait la course, il a tout donné et n’a donc pas de regrets puisqu’il a tout fait pour gagner. C’est le plus important.
Titouan Carod quittera votre équipe pour rejoindre BMC. Est-ce à dire qu’une page se tourne pour le team Scott-Creuse Oxygène-Guéret ?
Oui, une nouvelle ère commence. Nous n’avions pas de coureurs en Elites cette année et nous en aurons trois l’année prochaine. Nous changeons de dimension tout en continuant ce que nous savons faire, c’est à dire de la formation avec trois Juniors et quatre Espoirs. Nous essayons de franchir les étapes petit à petit. Il était important pour nous d’avoir dans notre effectif des pilotes ayant participé aux Jeux Olympiques. Nous avons pour objectif d’avoir un représentant aux Jeux de Tokyo en 2020.
D’où l’arrivée de Perrine Clauzel…
C’est en effet ce vers quoi nous voulons tendre avec le recrutement de Perrine Clauzel et de Jens Schuermans. Ils vont nous apporter l’expérience du haut niveau qui nous manquait. Avec eux, nous sommes sur un projet à long terme. Nous allons tous dans le même sens avec le même objectif. C’est ce qui va nous permettre d’avancer. Concernant Perrine, nous avons commencé à discuter ensemble à l’occasion de la dernière manche de Coupe du Monde à Vallnord au début du mois de septembre. Nous avons maintenu le contact. Perrine a discuté avec d’autres équipes. Elle a retenu notre offre et nous en sommes ravis. Nous avons suivi le même procédé avec Jens Schuermans qui évoluait au sein du Team Versluys qui disparaît. Le mercato s’est plutôt fait en fin de saison.
Son recrutement est-il le symbole d’une volonté de vous ouvrir à l’international ?
C’est un coureur que j’ai vu évoluer depuis très longtemps. Il a signé de très bons résultats alors qu’il n’était qu’Espoir 2 en 2013 avant de connaître un grave accident en 2014 qui l’a privé de vélo pendant près d’un an et demi. Il fera le circuit français dans son intégralité. C’était important pour nous de nous ouvrir à l’international. C’est la première fois que nous aurons un étranger qui évoluera sous nos couleurs. Cela montre que nous grandissons, que nous franchissons des étapes. Nous sommes tournés vers Tokyo avec les coureurs français, mais aussi étrangers qui nous rejoignent.
On ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre son histoire et celle de Titouan Carod, lui aussi victime d’un grave accident il y a quelques années pour revenir plus fort encore…
Effectivement, les coureurs qui ont été victimes de coups d’arrêt dans leur carrière ont tendance à revenir plus fort mentalement. Ils baissent moins vite les bras, ils montrent l’exemple et tirent le groupe vers le haut. Titouan a été notre porte-étendard pendant deux ans. Il a ouvert une fenêtre internationale à nos résultats. Je rappelle que nous étions la 35ème équipe mondiale en 2015 et que nous avons terminé 22ème cette année.
Vous accueillerez en outre deux jeunes : Pierre Chabaud et Maxime Loret. Qu’est-ce qui vous a séduit dans leur profil ?
Pierre, c’est un battant. Nous l’avons suivi toute l’année lors de ses joutes avec Hugo Peyroux, formé chez nous. Il a beaucoup de panache et j’aime ce type de coureurs. Dès qu’il accroche un dossard, il met tout ce qu’il a pour jouer la victoire ou être sur les podiums. Quant à Maxime, nous le côtoyons depuis quelque temps. Nous l’avons vu grandir et nous avons constaté qu’il avait pris une autre envergure cette année. Il est capable de rouler parmi les dix meilleurs mondiaux. J’avais besoin de quelqu’un pour seconder Raphaël Gay, notre leader. Je ne le voyais pas repartir seul alors qu’il a toujours connu une dynamique de groupe. Et pour moi, Maxime sera l’Espoir qui marchera l’année prochaine.
Finalement, la force de votre équipe ne réside-t-elle pas dans votre homogénéité ?
Tout à fait, c’était quelque chose sur lequel nous avons travaillé. Nous partons souvent avec un système de binômes. Nous étions partis avec douze coureurs cette année et avons terminé à huit. Être à plusieurs, ça permet de discuter, de confronter ses avis. Notre effectif est très homogène. Je souhaite de tout cœur de jouer les premiers rôles. Je ne pense pas qu’on en sera loin, surtout au niveau mondial. Nous voulons continuer sur la dynamique que nous avons lancée avec Titouan depuis deux ans. Nous savons que nous partons avec des coureurs de grande valeur.
Comment expliquez-vous le succès de votre équipe ces dernières années ?
L’an dernier, nous avons réalisé un hiver studieux et beaucoup travaillé pour corriger nos points faibles. Cela a permis à l’ensemble du team d’être tiré vers le haut. Les résultats ont suivi dans toutes les catégories. Le travail a payé, c’est ce sur quoi nous avons mis l’accent et c’est ce qui nous a permis d’avoir de très bons résultats. Nous avons construit une certaine forme de travail en ce qui concerne la préparation hivernale, les vélos, les choix des stages ou de courses. C’est de l’expérience que nous prenons année après année et qui nous permet d’amener nos coureurs sur les podiums mondiaux comme cela se passe depuis quelques années.
C’est cette formule que vous comptez appliquer cette année encore ?
Il n’y a pas de recette qui fonctionne à tous les coups. Le but, c’est de mettre les coureurs dans les meilleures conditions pour éviter qu’ils se posent trop de questions. Tous les petits détails sont réfléchis. Ce n’est pas un gage de résultat, mais ça permet de limiter les risques. On repartira sur le même concept cette année. L’équipe sera présentée la semaine prochaine et nous partirons en stage la semaine suivante pour travailler sur les suspensions avec notre partenaire SR Suntour. Pendant tout l’hiver, nous ferons pas mal de petits stages de deux ou trois jours qui nous permettront de régler les positions, les suspensions, les vélos. Nous serons tous là pour travailler ensemble, mais aussi pour vivre ensemble, car nous avons un fonctionnement très familial. Nous passons beaucoup de temps ensemble ou au téléphone. C’est ce qui fait grandir le groupe.
Propos recueillis le 17 novembre 2016.