Fabien, tu réalises tes premiers pas dans le Team Keops, comment ça se passe ?
Super bien. Il y a une ambiance excellente, comme chez Lapierre du temps d’Yvon Miquel. Ce sont des bénévoles qui sont là pour s’amuser tout en restant professionnels. L’année dernière, j’étais vraiment dans une équipe pro avec un encadrement professionnel, mais ce n’est pas pour autant que c’était mieux. Je préfère un team familial, il y a plus de plaisir et on s’éclate plus.
Comment se sont passées tes négociations avec Adrien Pastor ?
Ca a été simple. On m’a dit à la veille du Roc d’Azur que je ne serais pas gardé chez Lapierre. Ca a été dur de se remettre dedans pour retrouver un team. J’ai eu un moment de flottement sans savoir ce que j’allais faire. Je suis allé voir les teams français pour voir ce qu’ils proposaient et quelle ambiance je pouvais retrouver. Tout s’est fait assez rapidement.
Après avoir côtoyé de grands leaders, tu as choisi l’option d’être le numéro un dans une nouvelle équipe, est-ce que cela a pesé dans ta décision ?
J’avais le choix entre différents teams mais on m’a dit qu’il valait mieux être un grand chez les petits qu’un petit chez les grands. Ca va me changer car après avoir profité des conseils de Cédric Ravanel, qui est un grand ami, je vais à mon tour pouvoir faire profiter de mon expérience.
Comment as-tu géré ton intersaison du fait de changer de team ?
J’ai fait un meilleur travail foncier que les années précédentes en faisant des stages avec l’Armée de Terre. Je me suis cependant fait opérer de l’épaule pour passer une bonne saison sans problème de luxation. J’ai fait essentiellement de la route mais je pars plus sereinement cette année. Je suis surmotivé.
Tu es entraîné par Sandrine Guirronnet, est-elle assez éclectique dans son approche ?
Sandrine a l’expérience et connaît le milieu. Elle connaît bien les entraînements vu qu’elle les a tous pratiqués avant. Par rapport au niveau qu’elle a eu, j’ai vraiment confiance en elle. Elle me permet de varier les exercices quand auparavant j’avais tendance à m’enfermer dans certains clichés. Je prends plus de plaisir à l’entraînement.
Comment travaillez-vous au quotidien, Sandrine et toi ?
Quand j’ai des questions d’entraînement, je l’appelle directement. Sinon je lui envoie mes fichiers par email. Il m’arrive aussi d’aller rouler avec elle, de discuter des sensations et d’autres choses. Je veux passer mon Brevet d’Etat l’hiver prochain, donc ça me permet aussi d’apprendre à ses côtés, sur le corps humain et son fonctionnement.
Que retiens-tu de l’année 2009 ?
Ce qui m’a marqué en négatif, c’est ma luxation de l’épaule en milieu d’année. Malgré cela, j’ai fait une bonne saison en me rattrapant bien en Coupe du Monde en fin d’année, où je suis rentré dans les 60. J’ai rempli tous mes objectifs, même s’il y a eu de gros ratés sur les championnats. Je vais essayer de soigner mon manque de régularité cette année.
Quels seront les rendez-vous que tu vas privilégier cette année ?
La Coupe de France en début d’année sera un bon test, mais ensuite ce sera essentiellement les Coupes du Monde. L’objectif sera de rentrer dans les 30-40. Et puis je vise aussi les championnats internationaux et les Championnats de France. Faire des places, pas seulement de la figuration. Les Championnats du Monde de Mont-Sainte-Anne, ça va être mythique. Le parcours est magnifique, j’espère y aller pour tenter d’accrocher un Top 10 chez les Espoirs.
Les Jeux de Londres en 2012, y penses-tu ?
A l’Armée, on m’en parle, mais je suis assez jeune et ce n’est pas un objectif. Un coureur comme Alexis Vuillermoz, qui est un cran au-dessus de moi, peut y penser. Pour le moment je n’y pense pas.
Tu pratiques également la route, que penses-tu d’une évolution à la Jean-Christophe Péraud ?
Ce qu’il a fait, c’est très bien mais je ne pourrai pas le faire. Je ne fais que quelques courses dans l’année pour acquérir un peu de puissance mais je suis assez réticent à la route. Ce n’est pas trop mon truc, je préfère aller m’amuser dans les bois et faire du freeride.
As-tu un modèle ?
J’admire Jean-Christophe Péraud pour tout ce qu’il a fait, sa médaille olympique et sa carrière sur route. Julien Absalon, c’est un grand performeur. Il est vraiment impressionnant, ça reste la référence. Dans l’état d’esprit, je suis plus proche de la philosophie de Cédric Ravanel, qui est un grand copain. C’est le plaisir avant tout.
Quelles relations as-tu avec un champion comme Julien Absalon ?
Je commence à bien le connaître. Nous nous sommes souvent vus après les Coupes du Monde. C’est vraiment quelqu’un d’accessible, certainement pas sur son nuage. C’est impressionnant de la part d’un grand champion comme lui. Il reste un grand modèle, sur et en dehors du vélo.
La France possède ce champion que le monde nous envie mais la médiatisation du VTT reste confidentielle, qu’en penses-tu ?
Le VTT n’est pas assez médiatique, du fait déjà de sa difficulté à être filmé. A la télé, c’est pourtant spectaculaire, avec les descentes, tout ça. A nous d’insister pour montrer le VTT au monde entier et susciter de l’intérêt. Ce serait dommage de réduire les circuits pour faciliter sa diffusion à la télé, surtout avec les moyens que nous avons aujourd’hui. Ce qui fait la différence, c’est surtout la qualité du circuit plus que sa longueur.
Propos recueillis à Habère Poche le 13 février 2010.