Coralie, tu évolues tant sur le circuit national que sur le circuit international depuis quelques années et pourtant, tu es peu connue …
J’ai 28 ans et j’habite du côté de Belfort. Mes débuts sur un vélo remontent à 2004 à l’âge de 21 ans, alors que je terminais mes études en école d’ingénieur, en informatique. C’est avec mon compagnon depuis maintenant 11 ans, David, que j’ai fait mes premières virées le dimanche à deux roues. De fil en aiguille, nous avons participé à des randonnées, puis des courses régionales, nationales pour finalement arriver à participer à une Coupe du Monde en 2008. Je conjugue la pratique de ce sport avec mon travail dans l’informatique pour le compte d’une société de services.
Coralie, tu rentres de l’Oxygen Challenge disputé dans le Lioran. Quel bilan tires-tu de cette épreuve grand public et poly-activités ?
Le fait de participer à de telles épreuves permet de reprendre contact avec le grand public, et de participer à des courses avec moins de pression que les épreuves nationales et internationales. Il y a moins de concurrence féminine et cela permet de se mesurer aux hommes. C’est intéressant de voir que même si je reste au niveau de la 6-7ème place au niveau national chez les Dames, j’ai tout de même bien progressé cette année.
Depuis 2/3ans tu évolues sur le circuit national XC et Marathon. Peux-tu expliquer ton rapport avec cette activité ?
J’ai progressé en VTT au fur et à mesure des années. Il y a un an et demie, je n’avais pas de coach. Je m’intéresse beaucoup à tout ce qui est entraînement, physiologie, diététique et cela me plaisait aussi d’apprendre à me gérer. J’ai décidé de faire confiance à un entraîneur à partir du moment où j’ai senti que je trouverai quelqu’un avec qui je pourrais apprendre encore beaucoup. Ce fût le cas avec Sandrine Guirronnet, qui a une bonne expérience du VTT de haut-niveau. C’est une passionnée qui s’investit beaucoup pour les autres et je lui suis très reconnaissante d’avoir accepté de me suivre. Ne faisant pas partie de l’équipe de France, je n’ai pas le statut d’athlète de haut-niveau, ce qui me prive des avantages qui y sont liés, mais je suis tout de même soumise au contrôle longitudinal. Je suis licenciée au Véloclub des cantons de Morteau Montbenoit.
A Laissac en Avril tu termines 2ème du Championnat de France VTT marathon, une belle performance. Comment te positionnes-tu par rapport à ces épreuves longue distance ?
Je dirais que je préfère le côté rapide, technique et la présence de davantage de concurrence sur les cross olympiques. Néanmoins, changer d’ambiance et tester sa résistance sur les épreuves marathon me plait aussi. La difficulté rassemble aussi plus les concurrents sur ce type d’épreuve, il y a plus de solidarité. Reste qu’il est difficile de conjuguer cross court et marathon, car les rythmes ne sont pas les mêmes et j’ai notamment eu du mal à retrouver un bon tonus pour les cross courts après le championnat de France Marathon en Avril.
Tu évolues aussi sur le circuit national et international en XC olympique. Tu progresses là aussi au fil des courses. Quels sont tes objectifs ?
Mon objectif est toujours de progresser : petit à petit gagner du temps, en améliorant mon physique mais aussi ma technique. Car en ayant commencé tard, de dois encore beaucoup apprendre, pas forcément en descente mais sur tout ce qui est franchissement, montées raides, etc. En coupe du monde, j’aurais souhaité réussir un Top 30, ce que j’avais manqué d’un cheveu à Houffalize l’année dernière. Ne participant pas à toutes les manches et donc, en partant la plupart du temps en dernière ligne, un Top 40 est déjà une beau résultat, ce que j’ai pu à nouveau concrétiser à Offenburg cette année.
Tes résultats te permettraient d’envisager une intégration dans un Team national français ou allemand. As-tu envisagé cette possible évolution ?
Avant d’être en partenariat avec Velovert, j’ai été dans deux teams et l’expérience m’avait un peu refroidie du fait du peu de professionnalisme et du non-respect de certains de leurs engagements. Depuis, nous nous gérons indépendamment avec le budget et le matériel que peuvent- ous fournir nos partenaires et notre club. Nous menons cette aventure à deux et le fait de rentrer dans un Team ne permettrait plus cela.
Toi qui découvre les manches de coupe du monde et le haut-niveau, qu’est-ce qui t’impressionne le plus ?
Je trouve cela super que de pouvoir rencontrer des gens qui habitent à des milliers de kilomètres de chez moi, dans des endroits où je n’irais peut-être jamais, avec qui il est parfois difficile de communiquer mais qui vivent un peu comme nous grâce à cette passion que l’on a en commun. Dans un autre registre, je suis très impressionnée par l’accession au très haut-niveau de nos jeunes athlètes Français, plus particulièrement Julie Bresset. Il y a un côté très élitiste sur les Coupes du Monde et beaucoup d’athlètes paraissent avoir la grosse tête, ou du moins, sont peu souriants et peu disponibles. Julie vient casser tout cela et c’est ce qui rend ses victoires encore plus belles. Cela montre que seul l’effort compte, pas le bling-bling !
Tu roules actuellement sur un VTT Focus Raven. Tes résultats et tes relations te permettent-elles d’avoir des mises à disposition de divers matériel ?
Le magazine Vélovert souhaite réaliser des tests longue durée avec une utilisation intensive permettant de révéler au maximum les qualités et défauts des vélos testés. De ce fait, en accord avec les marques intéressées et en fonction de la pertinence des vélos disponibles, j’ai le privilège, mais aussi la responsabilité, d’effectuer ce test avec la rédaction d’un article à la conclusion. Nous disposons également pour cette saison de pneumatiques Continental qui répondent parfaitement à nos besoins en compétition. Et puis je tenais à mentionner Asterion Wheels qui fait de l’excellent travail et qui me permet également d’avoir du très bon matériel.
N’étant pas dans une structure référencée susceptible d’être déplacée sur les coupes du monde, comment parviens-tu à gérer le budget et tes obligations professionnelles ?
De grands déplacements comme celui pour aller au Nord-est de l’Angleterre pour la coupe du monde de Dalby Forest nécessitent que je mette pas mal la main à la poche. D’autre part, je suis passée à temps partiel depuis un an et c’est 20% de mon salaire que je sacrifie, sans avoir davantage d’aides financières. Mais je me donne les moyens de vivre ma passion et cela ne durera qu’un temps, le sacrifice en vaut la peine !
Quelles sont tes ambitions dans les années à venir ?
Je pense qu’avec les moyens que j’ai à l’heure actuelle, je ne pourrais guère progresser plus. Du moins, accéder au statut d’athlète de haut-niveau en rentrant en Equipe de France ne me parait pas possible dans ce contexte et avec les nouvelles règles drastiques de sélection (Top 12 ou 15 en coupe du monde). Je n’en fais donc pas un objectif même s’il aurait pu me permettre de bénéficier de moyens supplémentaires pour progresser. Mais j’ai déjà énormément de chance de pouvoir vivre tout cela à mon âge, en ayant aussi une bonne situation professionnelle et une vie privée. Mon ambition reste de toujours progresser pour l’instant et si possible, sortir de temps en temps une grande course !
A 28 ans, tu es « vieille » pour découvrir ce niveau là. As-tu des regrets de ne pas avoir pu débuter plus tôt et ainsi progresser plus vite ?
Quand je regarde mes résultats et ma progression, je pense que j’aurais sans doute eu les capacités de faire de belles choses si j’avais pu faire du VTT entre 15 et 20 ans et donc bénéficier de la filière fédérale. C’est ma rencontre avec David qui m’a permis de me lancer dans cette aventure, puis tous les acteurs du milieu qui auront pu m’encourager par la suite, qu’ils soient de mon club, organisateurs, coureurs. Peut-être que d’autres facteurs dans ma vie ont aussi fait que c’est à ce moment là que j’ai eu besoin de m’y investir plus et de persévérer. Et puis, beaucoup de personnes à mon âge ont complètement arrêté le sport, alors, avoir toujours du plaisir et de la motivation à mon âge, c’est aussi une chance !
Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec.