Christophe, peux-tu nous présenter Dangerous Momo ?
C’est un condensé d’un acteur avec un rider freerider. Ce pseudonyme de Dangerous Momo est venu d’une cascade que j’ai faite un jour. Mon surnom au départ était Momo mais les Ricains m’ont surnommé ainsi après ma cascade. Voilà pour l’histoire.
Tu es aussi un businessman ?
Oui. J’ai créé mon entreprise en 1999 : Race Company. Trois ans après, on a commencé à développer des marques, en l’occurrence Trix, SB3 et Planet-X. Nous faisons tous les produits VTT de Planet-X.
Comment t’organises-tu pour gérer toutes ces activités ?
Nous sommes quatorze dans l’entreprise mais ça devient difficile de tout gérer, d’être sur un vélo, de gérer les livraisons de nos produits. L’agenda est super chargé.
Arrives-tu à trouver du temps pour l’entraînement ?
Oui puisque je vais rider avec les mecs de chez moi tous les samedis. Entre midi et 14h00, nous allons rouler au minimum deux fois par semaine à l’entreprise. Nous avons un énorme bike park à côté.
Que penses-tu de l’évolution de ta discipline entre tes débuts et aujourd’hui ?
C’est quand même un petit peu incroyable. Je me rappelle de la première vidéo Crank I, avec un vélo rigide et une fourche de 80. Aujourd’hui, nous sommes à 200 millimètres avec des sauts complètement fous.
Il reste un effort à faire dans les structures et l’encadrement auprès des jeunes riders tout de même…
Aujourd’hui, le jeune recherche la notoriété. Il a envie de se retrouver sponsoriser, c’est la base, on a tous eu envie de ça. Et pour avoir la notoriété, il est prêt à faire n’importe quoi. Maintenant, tout dépend si on parle de dirt ou de freeride. Les garçons qui avancent vite et bien sont des garçons posés, qui font le spectacle mais qui s’entraînent comme des sportifs de haut niveau. Ce sont des gens qui ne font pas trop de cinéma. Par contre, sur un vélo, ils envoient du gros.
Alors quels conseils donnerais-tu aux jeunes riders qui rêvent de les imiter ?
Qu’ils essaient déjà de s’entraîner avant de penser à se divertir. Un mec, à vélo, on le voit progresser quand il est en l’air. Faire le cinéma sur le bas des pistes, ce n’est pas signe d’un grand pilote. Ceux qui marchent ne font jamais de cinéma, ils font de l’action.
Es-tu le même dans le business que dans le show ?
Bien sûr que non. Les gens ne me connaissent que sous un seul aspect et il leur semble impossible qu’un mec comme moi puisse avoir la moitié d’un cerveau ! Mais je suis un homme à double facette. Dans le business, je suis assez strict. Tu ne peux pas avoir une entreprise comme Race Company et t’amuser. Nous faisons des affaires et nous essayons d’être droits.
Comment s’est passée l’année 2009 ?
Moralement très dure. En chiffre, – 5%. Ce n’est pas terrible. Mais en termes de grosse pression des banques et des clients, ça a été très dur pour un chef d’entreprise. Je ne vois pas beaucoup mieux pour 2010. Les chiffres ne sont pas exceptionnels, les gens ont encore des stocks de 2009. Ca devient une braderie. C’est bon pour le client, pas pour le business.
Quel regard portes-tu sur la presse spécialisée ?
J’ai deux regards. J’apprécie des fois les choses qui sont faites et des fois je trouve que c’est un peu vite fait et mal fait. Mais nous sommes aujourd’hui à 60 % bien fait. Bien sûr, nous avons tous des affinités par rapport à nos marques. Parfois, tu n’es donc pas d’accord avec ce qui est dit sur un vélo testé. Mais c’est un problème d’objectivité.
Que peut-on te souhaiter pour 2010 ?
La santé déjà, parce que sans cela tu es très pauvre.
Tu as également une vie de famille, tes enfants suivent-ils l’exemple du père ?
Non, mon fils a commencé sur un vélo mais il a continué sur un skate. En fin de compte, ce que fait le père, en général le fils ne suit pas derrière. Mais ça ne me pose aucun problème, du moment qu’il s’éclate.
A 42 ans, n’est-on pas trop vieux pour tout ce genre de bêtises ?
C’est ce que je me suis dit il y a deux mois après m’être cassé deux côtes. Aujourd’hui, c’est assez frustrant de voir ce que font les jeunes quand toi, moralement, tu penses pouvoir le faire mais tu n’y vas pas parce que dès que tu tombes ça fait très mal.
Un dernier mot pour les lecteurs de Vélo 101 ?
Continuez à consulter ce site, qui est un site qui parle du vélo dans sa globalité. Pour moi, le vélo c’est de la route, c’est du cross-country, du freeride, du dirt. Ce que j’ai surtout envie de dire : ne vous prenez pas la tête, les gars, la nature est tellement belle, profitez-en et gavez-vous !
Propos recueillis par Jean-Eric Lacotte à Chypre.