Christian, on vous décrit avant tout comme un passionné, est-ce une définition qui vous convient ?
Je suis un passionné, sans quoi je ne serais pas team manager. Si on joue ce rôle de manière désintéressée, il faut être absolument passionné. Autrement, c’est le buisines, mais alors on fait une autre carrière. Moi je suis passionné, avec un groupe homogène, performant et convivial que j’ai constitué il y a deux-trois ans et qui s’est enrichi d’une à deux unités par an.
Quel a été votre itinéraire ?
Après mes études je suis monté à Paris en tant que technicien supérieur à France Télécom, un boulot qui me plaît beaucoup. Sur un plan sportif, j’avais deux sports de prédilection étant jeune : le handball et le vélo. Le premier m’a rattrapé puisque j’ai fini en équipe de France Juniors. J’ai joué à haut niveau mais les genoux m’ont lâché, nous n’avions pas la même hygiène de vie à l’époque, et j’ai dû m’arrêter à 25 ans. Je me suis alors mis tranquillement au vélo. Au fur et à mesure je me suis impliqué auprès de dirigeants et nous avons constitué un team qui compte aujourd’hui une dizaine d’unités et se déplace sur les Coupes de France et les Coupes du Monde.
Que peut-on dire du team 2012 ?
Six garçons, quatre filles, avec deux unités supplémentaires qui nous rejoindront en fin de saison avec Angela Parra, la championne de Colombie et des Amériques, ainsi que son compagnon Luis Mejia-Sanchez. Chez les garçons nous avons Romain Seigle, auteur d’une superbe saison de cyclo-cross, 3ème de la Coupe du Monde, dont le but sont les podiums dans sa catégorie tant sur le plan international que national. Des Espoirs comme Fabien et Loïc Doubey, Thomas Fautrero et Benjamin Delfino, des garçons talentueux. Sans oublier Maxime Folco en Elite, plus orienté vers les longues distances. Marion Azam vient plus de la route et arrive de Vienne-Futuroscope, mais veut vraiment se mettre au VTT. Léna Gerault, Axelle Murigneux et Pauline Pajot sont nos trois Juniors Dames.
La plupart de vos pilotes sont éclectiques. Est-ce un hasard ou un choix ?
C’est un choix des coureurs. Beaucoup s’orientent sur le cyclo-cross l’hiver, le VTT l’été. Marion Azam fait de la route et du VTT, c’est un peu plus atypique. C’est leur choix et c’est bien pour eux d’acquérir une certaine polyvalence. La saison de cyclo-cross prépare très bien la saison de VTT dès lors qu’on allie récupération et hygiène de vie.
Votre effectif est jeune. Là aussi, est-ce une volonté de votre part ?
Nous avons recruté les frères Doubey et Romain Seigle il y a trois ans dans une optique de continuité, avec l’idée d’aller le plus loin possible et le plus longtemps possible. La base du team, ce sont les jeunes, que nous voulons accompagner dans leur progression au plus haut niveau. Je crois beaucoup en eux, ils ont beaucoup de talent. La jeunesse du groupe apporte une certaine homogénéité dans les comportements, un esprit d’équipe. Mon objectif est l’unité du groupe, la convivialité, de façon à ce que tout le monde puisse s’exprimer individuellement et collectivement tout au long de la saison. Je sais qu’avec un tel groupe on peut aller très loin.
Vous avez attaqué fort à Saint-Raphaël en prenant la médaille d’argent du relais par équipe, c’était important d’attaquer sur le grand plateau ?
Tout à fait. On a démarré la saison on ne peut mieux, par un podium dans une discipline qui me tient beaucoup à cœur. Nous avions gagné à Val d’Isère l’année dernière grâce à un gros départ d’Angela Parra.
Au-delà des résultats, que vous ont apportés les deux Sud-Américains Angela Parra et Luis Mejia-Sanchez l’an passé ?
Ils se sont d’abord complètement intégrés au groupe lors des premiers déplacements. On est sorti du cadre franco-français, c’est bien d’avoir des expériences extérieures, différentes. C’est le petit brin d’exotisme que je souhaitais apporter dans le team. Angela Parra est qualifiée pour les JO. Elle se prépare pour ça malgré une blessure récente au genou. On espère que tout se passera bien. Ils seront parmi nous après les Jeux de Londres.
Comment voyez-vous le team Definitive Spectra.Tec d’ici à la prochaine olympiade ?
Dans quatre ans, ce serait fantastique si je pouvais aller faire un petit tour à Rio de Janeiro en tant que manager ! Allez savoir… Nous avons des jeunes talentueux qui, sait-on jamais, peuvent percer d’ici aux JO 2016.
Y a-t-il un team manager qui vous inspire particulièrement ?
Sur route, j’ai un petit faible pour Vincent Lavenu, Briançonnais de souche comme moi. Je suis plus attentivement les résultats de son équipe Ag2r La Mondiale. En VTT, je sais qu’Yvon Miquel avait fait du très grand boulot chez Lapierre avant de reprendre son team Véloroc Cavaillon. C’est un bel exemple car il a fait de beaux trucs et continue à en faire sur le plan national. S’il y a un exemple à suivre, c’est le sien. Il est toujours aussi passionné.
Vous êtes vous aussi éclectique puisque organisateur de la Serre Che Luc Alphand. Comment est-ce arrivé ?
Par le passé, il existait une grande épreuve qui s’appelait la Louison Bobet et empruntait ces fameux cols que sont l’Izoard et le Galibier. Elle a dû s’arrêter il y a près de vingt ans. Quelques passionnés de la vallée de Serre Chevalier se sont alors réunis à mon initiative et nous avons créé la Serre Che Luc Alphand avec Luc Alphand pour parrain. Nous voulions faire revivre ces cols à travers un superbe week-end de convivialité. La 1ère édition s’est déroulée le 12 juillet 1998, le jour de la victoire des Bleus en Coupe du Monde au Stade de France. C’était une grande fête !
Ce sera la 15ème édition cette année…
Oui, avec au menu l’Izoard et quelques nouveautés avant d’aborder l’ascension. Le grand parcours se terminera avec l’ogre du briançonnais, le col du Granon, à 2400 mètres, que Jeannie Longo considère comme l’un des plus difficiles d’Europe. Un petit parcours rando avec l’Izoard au menu, au départ de Guillestre, sera également proposé. Ce sera une très grande journée !
Propos recueillis à Saint-Raphaël le 31 mars 2012.