Anne, avant toutes choses, le CaniVTT, c’est quoi ?
Le CaniVTT, c’est un vététiste lié à un chien dans un même effort. Le chien se situe devant le VTT, équipé d’un harnais de traction. Il est relié au VTT par une longe. Ainsi le binôme doit réaliser dans les plus brefs délais un parcours donné. Le chien, éduqué au préalable, répond à des ordres de base : droite, gauche, devant, stop… Et une réelle relation de complicité doit exister entre les deux sportifs.
Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans cette discipline ?
Je suis avant tout une jeune passionnée de VTT. Mon premier chien ayant un trop plein d’énergie, je cherchais une discipline à pratiquer avec lui afin de le fatiguer un peu quand j’ai découvert le CaniVTT. J’ai donc débuté avec mon premier chien, juste pour le plaisir, puis j’ai adopté un deuxième chien puis un troisième. Aujourd’hui je suis l’heureuse propriétaire de quatre fauves avec lesquels je partage ma passion, dont Sonic, avec lequel je participe à de nombreuses compétitions.
En quoi consiste la compétition de CaniVTT ?
Le caniVTT a pour but la réalisation d’un parcours dans les plus brefs délais. Le parcours, d’une distance variant de 3 à 9 kilomètres, présente des passages plus ou moins techniques.
Existe-t-il beaucoup d’événements du genre ?
La Fédération des Sports et Loisirs Canins (FSLC) propose de nombreux événements tout au long de l’année, à travers toute la France. Il existe des championnats nationaux, européens, mondiaux… Le nombre de participants varie en fonction de l’importance de l’événement et tend à s’accroître d’année en année. Le sport étant encore peu connu, le nombre de participants n’a rien à voir avec d’autres disciplines plus classiques et les mêmes sportifs se retrouvent régulièrement sur des événements. Cela pourrait ressembler à un petit clan fermé mais il n’en est rien ! Bien au contraire, c’est un sport super convivial où les nouveaux sont de suite accueillis et intégrés.
Vous faites équipe avec un compagnon à quatre pattes, quel équipement cela suppose ?
Le chien est équipé d’un harnais de traction, harnais différent des harnais de « balade » qu’on peut trouver dans toutes les animaleries. Une longe relie le chien au VTT. Elle doit être élastique et d’une longueur inférieure à deux mètres. Le VTT est équipé d’une barre de traction se fixant sur le cadre et passant par-dessus la roue avant afin d’éviter la prise de la longe dans la roue avant. Le vététiste doit bien sûr porter l’équipement de tout bon vététiste : casque et gants. Le matériel est disponible essentiellement sur Internet.
La discipline est-elle ouverte à tous les types de chien ?
Oui, tous les chiens sont acceptés, pourvu qu’ils aient plus de dix-huit mois afin de s’assurer que leur croissance est achevée. Petits ou grands, peu importe, le principal est de se faire plaisir. Le chien doit être en bonne santé afin de supporter un effort pouvant être très soutenu pour lui. Ainsi, les chiens plus âgés devront être impérativement suivis par un vétérinaire, les plus jeunes aussi.
Quels sont les meilleurs chiens pour cette pratique ?
Certaines races se démarquent en compétition. Dans l’idéal, le chien de CaniVTT devrait être rapide, puissant, assez endurant pour parcourir la distance, assez résistant à la chaleur… Les chiens de chasse font ainsi de super chiens de CaniVTT. Le braque allemand, le pointer… Mais les alaskans (croisés races nordiques, chiens de chasse et lévrier) et les greysters (croisés chiens de chasse et lévrier) sont les plus représentés à haut niveau.
Quelles sensations offre le CaniVTT que le VTT en solitaire ne procure pas ?
La complicité avec l’animal, un dressage en amont qui est nécessaire pour une bonne communication au sein du binôme et qui procure des sensations inégalables lorsque le binôme se retrouve en phase. Plusieurs fois je me suis retrouvé la larme à l’œil à des moments où mon chien donnait tout pour moi, où j’avais l’impression de ne faire plus qu’un avec lui. Des sensations également sur le VTT lorsque des passages techniques sont à franchir et que le VTT déboule à vive allure emporté par un chien, de l’adrénaline. Les meilleurs chiens peuvent courir à 50 km/h en vitesse de pointe, ils courent à 30 km/h de moyenne. Attention, le vététiste donne tout derrière pour soulager son chien et l’aider au maximum ! Les parcours « techniques » de CaniVTT n’ont alors plus grand-chose à envier au VTT de descente…
Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis que vous pratiquez cette spécialité ?
Mon niveau en VTT s’est largement amélioré. En effet il faut tout donner pour soulager son chien et on laisse moins de place à ses « petites » sensations. Ma relation avec mes animaux a radicalement changé. Ce ne sont pas juste des animaux de compagnie, ce sont de véritables partenaires. Pour toutes ces raisons, je ne peux plus concevoir une journée sans CaniVTT.
Comment définissez-vous les trajectoires et parvenez-vous à diriger le chien ?
En amont une reconnaissance est réalisée, généralement sans chien, afin de déterminer les meilleures trajectoires et repérer les éventuelles difficultés. Une fois en piste avec son chien la trajectoire sélectionnée initialement n’est pas toujours celle empruntée et pour cause, le chien peut nous faire légèrement dévier de la trajectoire idéale et alors c’est place à l’improvisation. Le chien est dirigé à la voie uniquement. Les ordres de base sont généralement les suivants : droite, gauche, devant, stop, doucement… C’est un véritable dressage qui se réalise en amont afin d’enseigner au chien les ordres de base mais également la traction qui n’est pas forcement naturelle.
Et il obéit instinctivement ?
Avec l’habitude, le chien répond de plus en plus rapidement. Sonic a ainsi appris en quelques semaines les ordres de base. Depuis un an qu’il « travaille », il a encore beaucoup évolué. Aujourd’hui il sait ralentir sans que je sois obligé de lui demander dans les descentes où je me retrouve en mauvaise situation. Il observe mes gestes et postures sur mon VTT afin d’adapter son allure et à l’approche d’obstacles ou de passages délicats, il n’écoute plus que moi, se retourne afin de m’observer et répondre à mes attentes.
Comment réagit-il en cas de chute ?
Les chutes sont heureusement relativement rares. Lorsque cela arrive, certains chiens paniquent, d’autres s’arrêtent… Lors de ma première chute avec Sonic, il a tracté mon VTT sur 400 mètres dans les cailloux avant de s’arrêter ! Le VTT en carbone n’a pas beaucoup apprécié le traitement ! Depuis, Sonic s’est beaucoup amélioré et en cas de chute il s’arrête et vient éventuellement me voir si cela ne va pas.
Quel est votre palmarès et quels sont vos futurs objectifs ?
Je ne cours avec Sonic que depuis un an. En quelques mois, il m’a offert de nombreux petits podiums, une première place aux championnats fédéraux de la fédération, une 6ème place aux Championnats d’Europe, une sélection aux Championnats du Monde (en raison d’une blessure de Sonic, je n’ai pas pu m’y rendre), une 3ème place aux Championnats de France malgré un mauvais rétablissement de Sonic. En 2012 mon objectif principal ce sont toujours les championnats fédéraux mais surtout les Championnats d’Europe, qui se dérouleront en Angleterre. Si je me laisse prendre au jeu en visant toujours mieux, mon objectif principal reste tout de même la recherche du plaisir pour moi-même et surtout mon chien.
Que conseilleriez-vous à un débutant ?
Pour débuter, l’idéal c’est encore de se rapprocher d’un club ou de CaniVététistes. Les chiens reproduisent souvent ce qu’ils voient et il est plus facile et moins dangereux de débuter ainsi. Sinon, un début de dressage en CaniCross (un chien équipé d’un harnais de traction relié à un coureur par une longe élastique) permet d’enseigner les ordres de base et la traction sans prendre de risques trop importants. Une fois les bases acquises il suffit alors de remplacer ses baskets par un VTT et le tour est joué ! Plus d’infos et tous les contacts sur le site de la FSLC : www.fslc-canicross.net.
Propos recueillis le 9 février 2012.