Alexis, tu as été convoqué au stage de l’équipe de France aux Gets. Ça a dû te faire plaisir et te motiver de te retrouver au sein de l’équipe nationale ?
Oui, cela a été pour moi une grande preuve de soutien et de confiance de l’équipe de France. Malgré une saison compliquée, Yvon Vauchez n’a pas oublié le potentiel que j’ai démontré durant les deux saisons précédentes. Il a bien compris que j’avais été impuissant face aux événements mais que malgré tout je suis revenu à haut niveau sur les courses où j’ai été présent. Ce retour dans le groupe préolympique dès le début d’année me rend très heureux mais me permet également de ne pas prendre de retard dans ma préparation pour les Jeux Olympiques.
Cet automne tu as effectué des tests à l’INSEP. As-tu récupéré de ton virus et de ta violente chute du Tour d’Alsace ?
J’ai effectué les tests du groupe olympique à l’INSEP en décalé à la suite de mon virus. Ils ont été très prometteurs avec une VO2 de 87 et une très bonne PMA. Ils ont certainement joué en ma faveur pour mon retour dans le groupe olympique. Tous les symptômes de ma chute au Tour d’Alsace ont disparu. Par contre il me reste encore quelques traces visibles de mon cytomégalovirus aux prises de sang, mais elles ne sont plus pénalisantes et disparaîtront durant la saison.
Comment abordes-tu la saison 2012 à l’entraînement ?
Je travaille avec Yvan Clolus, qui me suit depuis 2005. Il est devenu plus qu’un entraîneur, un vrai ami en qui j’ai confiance et qui m’apporte beaucoup de sérénité. Après ma saison 2011, je partirai loin sur la ligne de départ en Coupe du Monde. Nous avons donc choisi de ne pas arriver à 100 % sur la première manche, où l’objectif sera juste de se replacer, pour ensuite être au maximum de mes capacités sur les Coupes du Monde d’Houffalize, de Nove Mesto et de La Bresse. Ensuite, mon programme sera ciblé sur la préparation des Jeux Olympiques. On n’a pas seulement préparé une sélection mais plutôt une vraie stratégie pour être au top le jour des Jeux.
Après le départ de Pauline Ferrand-Prévot, tu es le seul pilote du Team Lapierre susceptible de représenter la marque aux JO. Est-ce une pression supplémentaire ?
Honnêtement, cela ne change rien pour moi. Je souhaite tout mettre en place pour réussir cette saison très importante. Je veux faire de mon mieux pour réaliser mon rêve olympique. Cependant, mes études à Sciences Po, en parallèle, me permettent d’être serein lors des prochaines échéances sportives. Je n’aurai pas à jouer mon avenir sur des compétitions de VTT.
Tu avais terminé 5ème en Coupe du Monde à Schladming. Un résultat identique sur le début de saison te positionnerait comme un prétendant en équipe de France. Comment vas-tu aborder le début de saison international ?
Effectivement j’ai déjà terminé 5ème en Coupe du Monde à Schladming, 8ème à Champéry et d’autres places dans le Top 15. Je sais que je peux retrouver ce niveau et profiter de mon expérience au top niveau mondial pour faire encore mieux. Je n’ai aucun complexe à courir avec les meilleurs et je sais également que j’ai de nombreux atouts pour être performant sur le parcours de Londres, qui demande des qualités d’explosivité, des temps de récupération très courts et de la pugnacité pour faire sa place tactiquement.
En cas de non-sélection pour les Jeux, quels seront tes objectifs pour la fin de saison ?
Je vise clairement une performance au Jeux de Londres. Dans ce contexte, en cas de non sélection, je pourrai toujours être performant au Championnat du Monde, qui arrive peu de temps après.
Et un titre de champion de France, c’est un objectif, un lot de consolation, une utopie ?
Honnêtement le Championnat de France n’est pas ma préoccupation cette saison. Même si c’est toujours un titre très important, qui serait bon à prendre et qui motiverait pour toutes les courses suivantes avec le maillot tricolore.
Niveau matériel, le Team Lapierre dispose de VTT en 26″ et en 29″. Quel matériel vas-tu utiliser cette saison ?
J’ai choisi de mixer 26″ et 29″ cette saison en fonction des parcours. Chez Lapierre on a également un VTT tout-suspendu performant pour le XC, le X-Control en 26 et le nouveau 29″ tout-suspendu, mais par rapport à mon style de pilotage le 26 semi-rigide me convient mieux et le 29 me permettra d’avoir un compromis sur les courses plus techniques. Au niveau matériel je reste sur des valeurs sûres avec les partenaires techniques de l’an passé, seul Michelin est nouveau mais ils ont un savoir-faire énorme qui me rend confiant.
Tu es membre de la DN1 du CC Etupes. Perçois-tu la route comme un bon complément d’entraînement ou y as-tu des objectifs et des perspectives de spécialisation ?
Etupes est vraiment un excellent club formateur, je prends plaisir à aller courir sur route avec eux. Cela me permet de bien me préparer pour le VTT et être performant lors des courses sur route. Mais je pense que la passerelle route/VTT est encore difficile à franchir, malgré de bons résultats lors de mes rares courses sur route (NDLR : plusieurs places dans les cinq premiers d’étapes du Tour des Pays de Savoie, 6ème d’étape à la Coupe de France des Boucles de l’Artois, 5ème du Prix Jean Masse), les équipes professionnelles ne souhaitent pas s’engager avec des coureurs qui n’ont pas fait une saison exclusivement sur route.
Quelle analyse fais-tu lorsqu’on compare le départ de Pauline Ferrand-Prévot pour une structure étrangère et la venue de Lene Byberg au sein du Team GT-Skoda-Chamonix ? Les structures françaises manquent-elles de valeurs et de reconnaissance ?
Pauline a choisi de partir pour une équipe plus axée sur la route, mais on dispose en France de grandes équipes internationales comme Lapierre qui a des coureurs étrangers prestigieux tels Sam Blenkinsop ou Cameron Cole. Mais il est vrai que les coureurs préfèrent généralement trouver une équipe de leur nationalité, ce qui limite les transferts internationaux dans tous les teams du monde.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec le 21 janvier 2012.