Valence-Gap, le Raid des Chemins du Soleil, s’est déroulé du 14 au 16 mai. Cette épreuve qui rassemble à la fois des randonneurs et des compétiteurs fêtait cette année sa 8ème édition. Malheureusement pour les concurrents, la météo catastrophique de ce début du mois de mai n’a pas été plus clémente pour ce week-end de l’Ascension. L’équipe d’organisation autour d’Hervé Simon, le directeur de course, avait voulu renouer avec un départ dans les rues de Valence le vendredi matin pour les randonneurs. Ce sont donc environ 500 participants qui s’élancent des boulevards valentinois pour rejoindre par les sentiers Saint-Nazaire-le-Désert après 99 kilomètres pour environ 2500 mètres de dénivelé. Les organisateurs imposent à tous les participants d’avoir un minimum de matériel sur eux. Il faut impérativement avoir une trousse de premiers secours, une couverture de survie, un téléphone portable, et il était recommandé d’avoir une veste thermique dans son sac. Sur ce genre d’épreuve de longue haleine, tous les participants sont munis d’un sac à dos avec une poche d’eau. En termes de matériel, on retrouve aussi bien des VTT semi-rigides que des tout-suspendus. L’esprit raid ressort à travers ces aspects d’autonomie et aussi de longueur des étapes. Sinon, il y a très peu d’orientation sur les parcours de jour, tout est bien fléché mais chaque équipage est muni d’un GPS pour pallier au moindre doute. Il y a aussi l’obligation de pointer une douzaine de balises réparties sur le parcours à l’aide d’un doigt électronique. Toute balise oubliée entraîne systématiquement une pénalité en temps à l’arrivée.
Le samedi matin, le petit village drômois de Saint-Nazaire-le-Désert était en ébullition pour accueillir à la fois les randonneurs mais aussi les « Elites » qui eux vont prendre part à la première étape de ce Valence-Gap 2010. Traditionnellement, le soleil est toujours au rendez-vous pour cette épreuve, cette année, il est en grève depuis quelques jours. Les 65 équipes de deux qui composent le peloton de la catégorie Elites sont toutes parées pour s’affronter sur les 83 kilomètres et 3000 mètres de dénivelé au programme des festivités. Cuissards longs et vestes chaudes sont de rigueur puisque le départ est donné à 8h15. Parmi les 130 concurrents, on recensait une douzaine de féminines parmi lesquelles une équipe entièrement féminine. Le parcours proposé pour cette première étape était décomposé en trois parties. La première assez exigeante emmenait les raiders jusqu’au Pas de la Pousterle sur des chemins assez larges et roulants. Le dénivelé permettait cependant de faire une sélection naturelle et l’équipage Demangeon-Péyronnet faisait le vide autour de lui. Il allait pouvoir gérer les deux autres parties du parcours en économisant des forces pour la suite des opérations.
La deuxième partie, après une longue descente jusqu’à Recoubeau Jansac, était plutôt plate avec une partie bitumée d’une dizaine de kilomètres jusqu’à Glandage. Cette partie qui paraissait assez facile sur le papier ne l’était pas tant que ça en réalité. Beaucoup d’équipages ont perdu des places dans cette partie de faux-plat où il fallait utiliser un peu de braquet, mais pour certains les jambes commençaient déjà à être lourdes. Enfin la dernière partie du circuit emmenait les concurrents jusqu’au sommet du col de Grimone. Une partie plus technique et plus âpre physiquement, qui a fini de scier les jambes des plus faibles. Notre équipage de tête n’a pas faibli et conserve une belle avance à l’arrivée à Lus-la-Croix-Haute après un dernier portage avant de basculer sur la ligne. Ce sont des habitués de cette épreuve et ils collectionnent les victoires d’étapes. Les poursuivants vont se succéder sur la ligne, la première équipe mixte va prendre la 9ème place au scratch. La paire Demangeon-Peyronnet gagne en 5h10’07 » devant Morel-Buchot en 5h21’52 » et Merle-Lentin en 5h28’36 ». Une fois la ligne franchie, direction le camping mis à disposition des coureurs Elites pour optimiser la récupération avant d’entamer la deuxième étape de nuit.
Sur ce genre d’épreuve, il est plutôt intéressant d’avoir une bonne assistance pour éviter d’avoir à gérer l’installation des toiles de tentes, le transfert des sacs, le lavage des vélos… Cette étape de nuit fait peur à tout le monde, il faut dire que les conditions météo sur Lus-la-Croix-Haute ne sont pas des plus réjouissantes. La pluie fait son apparition, il y a un fort vent et la température ne dépasse pas les 5°C. Le temps de récupération est variable en fonction du temps passé sur le vélo pour boucler la première étape et certains n’ont pas eu le loisir de trop en profiter puisque le repas était servi à partir de 17h30 pour reprendre des forces avant de se préparer pour le départ qui était donné à 21h30 sur la place du village. Avant ça, les organisateurs avaient bien pris soin de faire un briefing pour rappeler les points importants à respecter pour cette étape nocturne qui reste particulière et où les repères ne sont plus les mêmes. Donc les concurrents doivent redoubler de vigilance pour éviter d’aller à la faute. Tous les concurrents sortent de la salle sous les applaudissements des suiveurs et des randonneurs présents. Il faut dire que la température a encore baissé, elle est proche de 0°C. Les visages sont fermés car il y a 45 kilomètres à affronter, donc plus de trois heures d’efforts.
Le départ est donné, tous les valeureux s’élancent sur une partie bitumée d’environ 5 kilomètres avant de pénétrer dans les sous-bois pour une partie montante qui étire le peloton. Le terrain est très gras et les conditions météo se dégradent encore avec l’apparition de la neige et du brouillard. Il y a des portions de portage qui commencent à user les organismes transits par le froid. Le parcours est tout de même assez exigeant et technique, peut-être un peu trop d’ailleurs pour une étape nocturne. Revenons un instant sur le matériel requis pour ce genre d’épreuve. Les organisateurs imposaient d’avoir obligatoirement un gilet fluorescent mais il faut aussi bien sûr un bon éclairage soit frontal soit à fixer sur le guidon. Il fallait aussi avoir une lumière rouge à l’arrière du vélo. Il est enfin fortement conseillé d’avoir un GPS avec tous les points enregistrés, c’est plus pratique qu’un porte-carte accroché au guidon. De nuit, l’orientation est essentielle, surtout avec les conditions rencontrées. Au vu des conditions climatiques, les organisateurs décident de raccourcir le parcours et suppriment la troisième boucle. C’est trop risqué à la fois pour les concurrents mais aussi pour les bénévoles qui sont immobiles dans le froid et sous la pluie. La paire Demangeon-Peyronnet est encore à l’honneur puisqu’elle est la première à franchir la ligne en 2h42’51 » devant Payen-Dumay en 2h43’09 » et Jacquemoud-Perret en 2h43’27 ». Ils augmentent leur avance au général. Mais derrière beaucoup souffrent du froid et doivent se battre pour en terminer. Cette étape va faire d’importants dégâts, beaucoup d’équipages vont faire le choix de ne pas pointer les deux dernières balises en sous-bois pour rentrer directement sur la ligne d’arrivée en prenant le risque d’écoper d’une forte pénalité. D’autres vont carrément jeter l’éponge, épuisés par ce froid. Il est tard puisque les premiers concurrents regagnent leur campement vers 0h45. Les organismes ont vraiment souffert et la nuit va être courte puisque le départ de la dernière étape qui s’annonce très dure sera donné à 6h30.
La dernière étape, qui va emmener les concurrents jusqu’à Gap, fait 90 kilomètres pour 3000 mètres de dénivelé avec des gros portages annoncés par les organisateurs. Après le briefing et le petit-déjeuner, les courageux – il n’y a plus qu’une quarantaine d’équipes – se présentent sur la ligne de départ. Le ciel est assez couvert mais la pluie s’est arrêtée de tomber. Tout le monde est prêt à en découdre et les bénévoles, après une très courte nuit, sont aussi sur pieds pour assurer la sécurité et les ravitaillements des coureurs Elites mais aussi des randonneurs qui eux aussi doivent en finir avec leur périple. Très vite, le parcours va devenir un enfer pour certains. Les chemins sont très boueux, les portages se multiplient. Les organisateurs avaient prévus une porte horaire à Furmeyer. Tous les concurrents qui passaient après 11h00 à cet endroit seraient automatiquement dirigés sur un itinéraire bis qui gagnait 13 kilomètres. Mais vu la difficulté du parcours les premiers concurrents se sont présentés à Furmeyer à 10h45. Donc la sagesse des organisateurs les a incités à faire passer tout le monde par ce raccourci.
Malgré ça, les meilleurs ont dû porter leur vélo pendant plus de deux heures pour rallier Gap en un peu plus de six heures d’efforts. Cette étape a vu cinq ou six équipes jeter l’éponge après être allées au bout de leurs forces. Les premiers à franchir la ligne sont Payen-Dumay qui gagne en 6h01’15 » devant Sola-Personal en 6h02’50 » et Jacquemoud-Perret en 6h16’47 ». Au général, sur les trois étapes, c’est la paire Demangeon-Peyronnet qui ressort vainqueur de cette 8ème édition de Valence-Gap en 14h11’53 ». Ils gagnent devant Payen-Dumay et Jacquemoud-Perret. Il faut souligner la belle performance de la première équipe mixte Revol-Revol qui termine 6ème. On peut adresser des félicitations à l’ensemble des participants Elites mais aussi randonneurs pour leur courage et leur débauche d’énergie durant tout le week-end sur des sentiers rendus difficiles par les conditions météo.
Ce raid des Chemins du Soleil restera pour tous un fabuleux souvenir, parfois douloureux car la souffrance était bien présente après tant d’efforts. C’est aussi une belle aventure humaine puisqu’il faut faire équipe avec un binôme. Il faut être régulier et homogène pour réussir à faire une bonne équipe et pouvoir prétendre à faire un bon classement. Il ne faut rien négliger aussi au niveau matériel, vestimentaire et logistique. Ce raid est une épreuve de longue haleine puisque c’est plus de 200 kilomètres et 7000 mètres de dénivelé en deux jours. Cette année, les conditions météo n’ont pas été là pour favoriser la progression des concurrents. Mais c’est une année exceptionnelle puisqu’en huit éditions le soleil avait toujours été présent. Les organisateurs ont dû aussi composer avec cette météo capricieuse jusqu’au dernier moment pour revoir les parcours et finaliser les autorisations avec les différentes administrations. Il faut souligner le dévouement de plus de 200 bénévoles qui œuvrent pour la réussite de cette épreuve. Car il faut bien savoir que ce sont les bénévoles qui, tout au long de l’année, dénichent des nouveaux chemins et les entretiennent pour promouvoir les Chemins du Soleil. Il faut aussi féliciter les concurrents qui se sont permis de jeter leurs déchets sur les routes et les chemins tels le petit poucet. Et on peut dire que parmi les tous premiers du classement de la première étape, une équipe s’est bien délestée tout au long du parcours. On tient à les féliciter pour ce geste qui n’a vraiment rien de citoyen et qui aurait méritait un déclassement pur et simple.
Voilà, pour conclure, on peut dire que ce Raid est très bien organisé, l’esprit est bon enfant même si la compétition est bien présente. La difficulté n’est pas trop technique mais plutôt physique car les dénivelés sont importants. Avec le soleil, il y a fort à parier que les paysages proposés sont magnifiques. On vous invite donc à participer à cette épreuve avec un peu de préparation tout de même. Sinon vous pouvez le faire en formule rando avec une étape par jour. Il faut aussi être très vigilant sur les inscriptions car elles sont clôturées très rapidement. Fin février les équipages Elites sont déjà tous connus. Alors on se donne rendez-vous en 2011 pour apprécier cette épreuve sous le soleil.