C’est l’une des plus fascinantes, l’une des plus prestigieuses, l’une des plus convoitées. Depuis un bon siècle, elle ouvre la campagne des classiques de printemps, attirant sur ses routes baignées de soleil les plus grands champions, les invitant à une des premières grandes explications de la saison. Milan-San Remo n’est pas la plus dure des classiques, mais elle demeure la plus longue (298 km), comme un témoin inaltéré des épreuves qu’on dessinait d’antan. Et après tant d’asphalte parcouru, les petites côtes dressées le long de la mer en amont de San Remo prennent l’apparence de véritables obstacles. Ce sont les capi, au nombre de cinq dans les 50 derniers kilomètres : les monuments de cette classique envoûtante. Samedi, donc, ils seront 200 à tenter de rallier Milan à San Remo sur ces routes empruntes de mythes.
La classicissima, c’est avant tout une longue procession en direction de la Cité des fleurs, via les terres lombardes et piémontaises d’abord, que l’on quitte par le Passo del Turchino, au sommet duquel apparaissent les premiers reflets des flots de la Méditerranée, une fois franchi le tunnel. Commence ensuite une seconde procession, la mer à main gauche, parsemée de ces capi courts mais pentus qui annoncent le proche dénouement. La Manie (4,7 km à 6,7 %) d’abord, à 91 kilomètres de l’arrivée, le Capo Mele, le Capo Cervo et le Capo Berta ensuite, la Cipressa et le Poggio enfin. Ce sont ces deux dernières difficultés qui viendront ponctuer la course et permettre, peut-être, la décision. La Cipressa (5,7 km à 4,1 %) est située à 22 kilomètres de l’arrivée, le Poggio (3,7 km à 3,7 %) fait quant à lui office de juge de paix à 6200 mètres de la ligne blanche. Et tout autant que sa montée, c’est sa descente qui peut faire la différence.
Dans cette classique aux ouvertures multiples, puncheurs et sprinteurs auront leur chance de couper en premier la ligne d’arrivée désormais tracée sur le Lungomare Italo Calvino. Aux uns d’être les plus opportunistes, aux autres d’être les plus malins. Quoi qu’il arrive, deux écoles s’affronteront sur Milan-San Remo après-demain. A celle des finisseurs s’opposera celle des attaquants, incarnée par Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto), Filippo Pozzato (Team Katusha), Fabian Cancellara (Team Saxo Bank), Damiano Cunego (Lampre-Farnese Vini), Stefano Garzelli (Acqua & Sapone), Enrico Gasparotto (Astana), Francesco Ginanni et Michele Scarponi (Androni Giocattoli), Roman Kreuziger et Vincenzo Nibali (Liquigas-Doimo), Linus Gerdemann (Team Milram) voire pourquoi pas Lance Armstrong (RadioShack), déjà présent ici-même l’an dernier et qui pourrait avoir de l’ambition… Côté français, il faudra miser dans cette catégorie sur Benoît Vaugrenard (Française des Jeux), Thomas Voeckler (Bbox Bouygues Telecom) et Sylvain Chavanel (Quick Step).
Mais dans l’ère contemporaine, on associe plus volontiers Milan-San Remo à une classique pour sprinteurs. A tort sans doute, même si le palmarès parle de lui-même, sept des dix dernières éditions s’étant conclues au sprint. Et à ce titre le rush final pourrait opposer Alessandro Petacchi (Lampre-Farnese Vini) et Tom Boonen (Quick Step), les deux favoris chez les sprinteurs, à, par ordre d’importance, Daniele Bennati (Liquigas-Doimo), Edvald Boasson-Hagen (Team Sky), Thor Hushovd (Cervélo TestTeam), Oscar Freire (Rabobank), Tyler Farrar (Garmin-Transitions) et Allan Davis (Astana). William Bonnet (Bbox Bouygues Telecom) représente la meilleure chance française au sprint. En revanche, affaibli par un mauvais début de saison, on imagine moins Mark Cavendish (Team HTC-Columbia) réaliser ce qu’il avait accompli l’an passé.
Les 10 derniers vainqueurs :
2009 : Mark Cavendish (GBR, Team Columbia-HTC)
2008 : Fabian Cancellara (SUI, Team CSC)
2007 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2006 : Filippo Pozzato (ITA, Quick Step-Innergetic)
2005 : Alessandro Petacchi (ITA, Team Milram)
2004 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2003 : Paolo Bettini (ITA, Quick Step-Davitamon)
2002 : Mario Cipollini (ITA, Acqua & Sapone-Adria Mobil)
2001 : Erik Zabel (ALL, Telekom)
2000 : Erik Zabel (ALL, Telekom)
La liste des engagés :
Team HTC-Columbia (USA)
1. Mark Cavendish (GBR) Acqua & Sapone (ITA) 11. Stefano Garzelli (ITA) Ag2r La Mondiale (FRA) 21. Sébastien Hinault (FRA) Androni Giocattoli (ITA) 31. Michele Scarponi (ITA) Astana (KAZ) 41. Allan Davis (AUS) Bbox Bouygues Telecom (FRA) 51. Yukiya Arashiro (JAP) BMC Racing Team (USA) 61. George Hincapie (USA) Caisse d’Epargne (ESP) 71. Marzio Bruseghin (ITA) Carmiooro-NGC (GBR) 81. Francisco-José Ventoso (ESP) |
Cervélo TestTeam (SUI)
91. Heinrich Haussler (ALL) Colnago-CSF Inox (IRL) 101. Mattia Gavazzi (ITA) Euskaltel-Euskadi (ESP) 111. Pablo Urtasun (ESP) Française des Jeux (FRA) 121. Olivier Bonnaire (FRA) Garmin-Transitions (USA) 131. Tyler Farrar (USA) ISD-Neri (ITA) 141. Giovanni Visconti (ITA) Lampre-Farnese Vini (ITA) 151. Alessandro Petacchi (ITA) Liquigas-Doimo (ITA) 161. Daniele Bennati (ITA) Omega Pharma-Lotto (BEL) 171. Philippe Gilbert (BEL) |
Quick Step (BEL)
181. Tom Boonen (BEL) Rabobank (PBS) 191. Oscar Freire (ESP) Team Sky (GBR) 201. Edvald Boasson-Hagen (NOR) Team Katusha (RUS) 211. Filippo Pozzato (ITA) Team Milram (ALL) 221. Linus Gerdemann (ALL) RadioShack (USA) 231. Lance Armstrong (USA) Team Saxo Bank (DAN) 241. Fabian Cancellara (SUI) |