Le Championnat de France, c’est tout sauf une course comme les autres. Parce que l’enjeu n’est autre que le privilège de porter le maillot tricolore sur les routes du monde entier pendant un an. Chaque équipe avait donc à cœur de briller ou de prendre sa revanche sur les années passées, aujourd’hui à Chantonnay, ville vendéenne qui avait déjà accueilli cette course en 2006. Les 160 coureurs au départ ont dû faire face à une chaleur quasi caniculaire et à un circuit de 14,1 kilomètres effectué dix-sept fois, le tout pour un total de 239,7 kilomètres. Autant dire que la partie était loin d’être gagnée. Toutefois, si rien n’était joué d’avance, les Bbox Bouygues Telecom ont parfaitement su placer leurs pions et avancer dans le jeu collectivement, leur permettant d’emporter une victoire indiscutablement méritée. Le tout en suivant cinq règles.
Règle n°1 : être motivé. Cette règle était facilement respectable pour les Bbox, en particulier pour Thomas Voeckler. En 2006, sur ce même circuit, il était arrivé deuxième derrière Florent Brard, et ce devant son public. Ce qui explique que ce matin, au départ, l’équipe Bbox Bouygues Telecom était habitée par une envie de revanche non dissimulée. A l’image de Cyril Gautier qui, à quelques minutes du départ ce matin, aux alentours de 9h30, s’écriait : « vivement que ça parte ! »
Règle n°2 : prendre la bonne échappée. Après un départ rapide, les attaques sont nombreuses, mais le peloton laisse difficilement partir. Il est nécessaire qu’un membre de l’équipe soit présent dans toutes les tentatives d’échappée, sous peine de rater la bonne. Après six tours, une cinquantaine de coureurs fausse compagnie au peloton, et creuse rapidement l’écart. Le peloton laisse filer, les favoris étant tous devant, et la quasi totalité des équipes y étant représentées. On pense la course déjà jouée, mais c’est sans compter sur quatre coureurs qui prennent la tangente : Guillaume Levarlet (Saur-Sojasun), Benoît Vaugrenard (Française des jeux), Jérôme Pineau (Quick Step) et un Bbox en la personne d’Anthony Charteau. Après que Jonathan Thiré (BigMat-Auber 93), premier attaquant de la journée, ait rejoint la tête de course, Charteau attaque alors qu’il ne reste que six tours à effectuer.
Règle n°3 : ne jamais désespérer, même quand tout est à refaire. Charteau creuse l’écart rapidement, mais derrière le peloton s’est réveillé et met la machine en marche. Quatre hommes sortent du peloton et rattrapent les ex-compagnons d’échappée du coureur de la Bbox. Deux tours plus tard, Charteau est repris par un peloton mené par la Française des Jeux, équipe qui souhaite également prendre sa revanche, après ses deuxième et troisième places l’année dernière à Saint-Brieuc. Il n’y a plus personne en tête, l’issue de la course est on ne peut plus incertaine.
Règle n°4 : attaquer, encore attaquer, toujours attaquer. Se déroule alors un vrai match entre les Bbox Bouygues Telecom et les coureurs de la Française des Jeux. Les deux équipes ont à cœur de remporter la victoire, et elles se livrent un duel sans merci. Malgré tout, les Bbox contrôlent : à chaque tentative d’échappée, ils sont là, et le groupe de dix coureurs qui part finalement compte trois coureurs de cette équipe (Thomas Voeckler, Cyril Gautier, Pierrick Fédrigo), ainsi que Jérémy Roy et Christophe Le Mével (Française des Jeux), Mickaël Delage (Omega Pharma-Lotto), Sylvain chavanel (Quick Step), Anthony Delaplace (Saur-Sojasun), David Moncoutié et Damien Monier (Cofidis). Finalement, Voeckler et Le Mével partent en tête à la fin du 15ème tour, faisant exploser le groupe des poursuivants.
Règle n°5 : gagner la partie une fois toutes les cartes en main. Voeckler et Le Mével jouent au yoyo avec le chronomètre, tantôt creusant l’écart, tantôt cédant du terrain. A quelques kilomètres de l’arrivée, ils ne disposent que d’une maigre avance. Moncoutié cherche à remonter sur eux, avant d’être rejoint puis doublé par Delage. Le Mével accepte alors de jouer le jeu et de collaborer avec Voeckler, malgré que celui-ci lui soit supérieur au sprint. Lorsqu’ils attaquant le dernier kilomètre, ils disposent de plus de trente secondes d’avance. Ne leur reste plus qu’à disputer le sprint, que Voeckler règle après près de six heures de courses.
En suivant ces cinq règles, les Bbox Bouygues Telecom ont remporté une belle victoire collective, victoire d’une saveur particulière pour l’équipe vendéenne, qui s’impose donc sur ses terres. Ne restent ensuite que les larmes de Jean-René Bernaudeau, les accolades des coureurs de la Bbox, le sourire de Voeckler sur la première marche du podium avec le maillot tricolore, qu’il porte une nouvelle fois après son premier titre en 2004, et la promesse d’un début de Tour de France exceptionnel, l’année prochaine, en Vendée. – Elodie Troadec
Classement :
1. Thomas Voeckler (Bbox Bouygues Telecom) en 5h53’15 »
2. Christophe Le Mével (Française des Jeux) m.t.
3. Mickaël Delage (Omega Pharma-Lotto) à 10 sec.
4. Mickaël Buffaz (Cofidis) m.t.
5. Pierrick Fédrigo (Bbox Bouygues Telecom) m.t.
6. Benoît Vaugrenard (Française des Jeux) m.t.
7. Julien El Farès (Cofidis) m.t.
8. Cyril Gautier (Bbox Bouygues Telecom) m.t.
9. Sylvain Chavanel (Quick Step) m.t.
10. Rémi Pauriol (Cofidis) m.t.
Classement complet