Vincent Lavenu, quel bilan faites-vous de votre saison 2017 ?
C’était une excellente saison peut-être pas la meilleure depuis la création de l’équipe en 1992, ça reste une des plus belles saisons. Nos coureurs ont été présents au haut niveau sur les grands tours. Lors du Tour de France bien sûr avec la troisième place et la victoire d’étape de Romain. Il y a également eu le très bon comportement de l’équipe qui a bataillé tout au long du Tour pour essayer de déstabiliser la Sky. Je pense qu’on est monté en puissance sur cette course, mais on a aussi été présent sur le Giro, le Dauphiné Libéré et de nombreuses courses. On a eu 17 victoires, c’est quand même un chiffre important. On a engagé Oliver Naesen qui a été présent sur toutes les classiques alors que c’était notre point faible. Avec lui et l’équipe, on a pu peser sur les classiques. Cette saison a été un bon cru et on peut espérer de belles choses pour la suite. Le groupe est jeune et on a de bons coureurs qui viennent du centre de formation comme Pierre Latour qui a remporté le Championnat de France de contre-la-montre et Benoît Cosnefroy qui est devenu champion du monde espoir.
On va parler des choses qui fâchent, deux fois dans la saison des coureurs de votre équipe ont été mis hors course à cause de bidons collés, quel est votre sentiment sur ces deux affaires ?
Paris-Nice c’était une erreur, on a fait notre mea-culpa. Les règlements se sont durcis et on a assumé notre erreur. Par contre sur la Vuelta cela n’aurait jamais dû arriver, nous avons été sévères avec nos coureurs. On les a exclus de nous-mêmes de la course. On est une équipe de haut niveau qui défend des valeurs. On va redoubler de vigilance et communiquer aux coureurs que ces bêtises ne doivent plus se reproduire.
Selon vous Nairo Quintana a-t-il progressé, stagné ou régressé cette année ?
Cette année il n’a pas été à son avantage. On pensait qu’il allait gagner le Giro, il ne l’a pas fait. Sur le Tour il était fatigué après le Tour d’Italie, cela confirme que faire le doublé est compliqué. Après il est jeune, je pense qu’il va redoubler d’efforts et dans le futur il devrait être un des acteurs majeurs pour la victoire sur le Tour.
Pensez-vous que vous êtes rapproché de la Team Sky ?
Je pense qu’on a gommé un petit peu l’écart avec Sky. Après, on n’a pas la même puissance physique au départ. Quand je regarde le recrutement qu’ils font tous les ans, on voit la différence. Ils ont des coureurs qui sont champion du monde et pendant le Tour ils sont équipiers. Ils ont une puissance que les autres équipes n’ont pas. Par contre je pense que l’équipe Ag2r La Mondiale s’est rapprochée du plus haut niveau. On a cherché à déstabiliser la Sky, notamment au Puy où on a fait une belle manœuvre collective. On a assumé notre rôle, on a essayé de peser sur la course. L’élan collectif a permis d’accompagner Romain très haut, mais on n’est pas encore au niveau de Sky.
La progression passe telle par la prise de responsabilité comme par exemple dans la montée de Vars où votre équipe a roulé en tête?
Oui, effectivement. Ce jour-là Romain a assumé son rôle de leader en voulant déstabiliser très tôt la course. Encore une fois, on a eu des réponses favorables de ses équipiers. Ensuite, dans l’Izoard il a réussi à prendre cette bonification qui lui a peut-être assuré le podium.
Êtes-vous satisfait du recrutement ?
Il y a seulement trois nouveaux, mais je pense que ce sont les bons coureurs. Avec Tony Gallopin on discute depuis pas mal d’années, c’est un coureur polyvalent de haut niveau. Il sait se placer, rouler vite en contre la montre et rester au haut niveau dans la montagne. Il va apporter sa science de course et sa sérénité. Silvan Dillier est un coureur puissant,un puncheur, c’est un gros guerrier. On a besoin de ce genre de coureurs pour être offensif et également défensif par exemple quand il y a des coups de bordure. Enfin, Clément Venturini est un jeune qui a gagné les 4 jours de Dunkerque, il a du potentiel.
Qu’attendez-vous du nouveau président de l’UCI David Lappartient ?
Je me place au niveau des groupes sportifs. On a besoin que le président et le CCP écoutent les inquiétudes des équipes. Il faut nous écouter pour connaître nos contraintes. On ne peut pas balader les coureurs en permanence dans le monde entier. Ils ont besoin de beaucoup de repos. La logistique pour aller à l’autre bout du monde n’est pas simple. Il faut chercher à mondialiser le cyclisme, c’est évident, mais il faut écouter les contraintes des équipes. Je suis persuadé que David Lappartient sera à notre écoute.