Paris-Tours a complètement perdu la tête ! Ce qu’on aimait décrire comme le Championnat du Monde des sprinteurs n’est plus cette classique qui atterrissait systématiquement dans l’escarcelle des finisseurs. En dix ans, seuls Erik Zabel, Alessandro Petacchi, Oscar Freire et John Degenkolb sont parvenus à respecter la tradition. Ce n’est pas cette année qu’elle reprendra son cours puisqu’un vent de folie s’est emparé de Paris-Tours. Au sens propre comme au sens figuré. Un vent favorable pousse les coureurs qui étaient, en ce dernier dimanche de la saison, bien décidés à mener une course débridée. Il faudra un peu plus de 4h30 au vainqueur pour couper la ligne sur l’avenue de Grammont du Paris-Tours le plus rapide de l’histoire. 49,641. C’est la moyenne à laquelle cette 109ème édition a été parcourue au départ de Chartres !
Quelle mouche a donc piqué le peloton pour que les coureurs soient aussi pressés de voir l’avenue de Grammont ? On attendait à ce que les puncheurs piègent les sprinteurs dans les côtes de Beau Soleil et de l’Epan, dans la phase finale de la course. Ils se décident à le faire après seulement 8 kilomètres parcourus. Sur une initiative d’Alexis Gougeard (Ag2r La Mondiale) en confiance après sa victoire au Tour de l’Eurométropole, c’est un peloton d’une trentaine d’unités, comprenant l’essentiel des favoris, qui parvient à prendre le large en tout début de parcours. Surpris, le peloton tente de réagir, mais l’échappée finit par gagner son bras de fer après des kilomètres de lutte.
Aux côtés d’Alexis Gougeard, figurent Benoot, Gallopin, Ligthart et Van Der Sande (Lotto-Soudal), Gérard, Jarrier et Ledanois (Bretagne-Séché Environnement), Lampaert, Meersman et Trentin (Etixx-Quick Step), Casteljins, Teunissen et Wynants (Team LottoNL-Jumbo), Bohli et Van Avermaet (BMC Racing Team), Combaud et Duval (Armée de Terre), Jans et Van Melsen (Wanty-Groupe Gobert), Haussler et Kluge (IAM Cycling), Brutt (Tinkoff-Saxo), Curvers (Giant-Alpecin), Démare (FDJ), Dougall (MTN-Qhubeka), Pfingsten (Bora-Argon 18), Siskevicius (Marseille 13-KTM), Theuns (Topsport Vlaanderen-Baloise) et Van Goethem (Team Roompot).
Favori en cas de sprint, Nacer Bouhanni (Cofidis) tente de réagir en prenant un contre de dix-neuf coureurs. Si ce groupe se rapproche à 2 minutes des hommes de tête, il ne parvient pas à rentrer sur l’avant de la course. La victoire se joue donc parmi les trente coureurs qui ont perdu quelques éléments avant d’attaquer les côtes décisives de Beau Soleil et de l’Epan dans les 10 derniers kilomètres. Romain Combaud et Arnaud Gérard qui avaient tenté d’anticiper l’explication sont repris avant que la route ne s’élève une première fois.
Et ce premier raidard s’avère décisif pour trois hommes. Greg Van Avermaet et Tosh Van Der Sande suivent l’accélération de Matteo Trentin sur le sommet de la côte. La poursuite ne s’organisant pas derrière, les trois hommes prennent rapidement une trentaine de secondes d’avance qui leur permet d’entrer sur l’avenue de Grammont avec la certitude de se disputer la victoire. Dans les faits, ils ne sont que deux à sprinter puisque Van Avermaet, victime de sa poisse légendaire, crève de la roue avant dans le final. Sans la concurrence de l’ancien vainqueur de l’épreuve, la voie était libre pour Matteo Trentin qui devance aisément Tosh Van Der Sande dans la dernière ligne droite et qui remporte un Paris-Tours de folie.
Classement :
1. Matteo Trentin (ITA, Etixx-Quick Step) les 231 km en 4h39’12 » (49,6 km/h)
2. Tosh Van Der Sande (BEL, Lotto-Soudal) m.t.
3. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) à 4 sec.
4. Tiesj Benoot (BEL, Lotto-Soudal) à 20 sec.
5. Roy Jans (BEL, Wanty-Groupe Gobert) m.t.
6. Yves Lampaert (BEL, Etixx-Quick Step) m.t.
7. Heinrich Haussler (AUS, IAM Cycling) m.t.
8. Edward Theuns (BEL, Topsport Vlaanderen-Baloise) m.t.
9. Mike Teunissen (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
10. Pim Ligthart (PBS, Lotto-Soudal) m.t.