A l’occasion du dixième anniversaire de Vélo 101, le mercredi 30 juin prochain, nous avons ouvert la malle aux souvenirs et retenu dix dates, dix anecdotes, qui ont contribué à l’histoire de Vélo 101. Chaque jour, son cofondateur Philippe Lesage revient sur un instant fort des dix années écoulées.
« 11 septembre 2001, une date marquante à plusieurs niveaux. C’étaient les Championnats du Monde de VTT à Vail, au Colorado. Une deuxième expérience pour ce site américain qui avait déjà accueilli les Mondiaux de VTT en 1994. J’avais travaillé sur cet événement avec les organisateurs dès 1994 au titre de mes fonctions chez ISL. Grâce à mes relations personnelles, j’avais été mandaté pour trouver des sponsors sur le continent européen pour Vail 2001. Ca avait été Mavic, ce qui avait été une bouffée d’oxygène en termes de revenus.
Je suis donc arrivé en septembre 2001 pour les Championnats du Monde, qui avaient lieu du 7 au 14. J’étais arrivé le vendredi soir et il neigeait, le samedi matin, quand on avait ouvert les volets. J’étais au même hôtel que l’équipe de France de VTT, descente et cross-country mélangés à cette époque. De la neige au Colorado en septembre, c’était une découverte. Le soir, je travaillais derrière le comptoir de l’hôtel et les pilotes de l’équipe de France me prenaient pour le tôlier de l’hôtel !
Mais septembre 2001, ça a été les attentats du 11 septembre à New York. C’était au petit matin, et c’est forcément un de mes pires souvenirs à titre personnel. On voyait les Américains anéantis, qui n’imaginaient pas une tragédie pareille. Ils croyaient que leur pays était un blockhaus, fermé à ce type d’attentat. Ils ne comprenaient pas ce qui arrivait, avec l’effondrement des deux tours. Le tempérament américain étant celui-là, c’est là que nous avons vu que, le traumatisme passé, tout le monde s’est serré les coudes. Les gens travaillaient, en pleurant, mais ils travaillaient. Nous les premiers naturellement puisque j’étais là pour donner un coup de main auprès des sponsors que nous avions amenés. C’est là qu’on a découvert l’incroyable solidarité du peuple américain. C’était un moment fort.
A l’intérieur de l’équipe de France, des gens comme Karim Amour plaidaient pour l’annulation de l’événement. D’autres plaidaient pour son maintien. Finalement, le week-end qui a suivi les attentats, l’événement a bien eu lieu. Ca a été l’un des seuls événements sportifs maintenu aux Etats-Unis ce week-end-là. Tous les autres événements, basket, baseball, football US, tout a été annulé, sauf les Championnats du Monde de VTT. C’était d’ailleurs une très bonne idée de les maintenir.
Je n’oublierai jamais la victoire en cross-country féminin d’Alison Dunlap. Gunn-Rita Dahle avait course gagnée mais elle avait fendu son pneu dans le dernier tour. Alison Dunlap avait franchi la ligne la première avec un drapeau américain dans les mains. Le nationalisme était d’autant plus fort à ce moment. Au franchissement de la ligne d’arrivée, elle avait lâché ces mots : « it’s a good day to be alive » ! Puis elle était tombée dans les bras de sa grand-mère. C’était un moment très fort.
Au retour des Championnats du Monde, à l’aéroport de Denver, c’était impressionnant. Des gens étaient là pour rassurer les passagers. Tout le monde se dévisageait dans la salle d’attente pour regarder qui allait monter dans l’avion. On sentait une vraie crainte de reprendre l’avion. Ces Championnats du Monde de VTT furent très marquants. »