A l’occasion du dixième anniversaire de Vélo 101, le mercredi 30 juin prochain, nous avons ouvert la malle aux souvenirs et retenu dix dates, dix anecdotes, qui ont contribué à l’histoire de Vélo 101. Chaque jour, son cofondateur Philippe Lesage revient sur un instant fort des dix années écoulées.
« Un an après le lancement de Vélo 101, Christophe Sicot travaillait de chez lui à La Baule (Loire-Atlantique), où nous avions implanté le siège social de la société, tandis que je travaillais depuis la région parisienne. Nous travaillions à distance, toujours dans nos rôles respectifs. Et puis je découvrais sur Vélo 101 des articles qui m’avaient agréablement surpris. A trois semaines du départ du Tour de France, il y avait notamment des articles sur le Tour de Suisse que j’avais lus avec un grand intérêt. Ne comprenant pas comment Christophe parvenait à trouver le temps de préparer ces articles, j’ai fini par le lui demander. C’est à ce moment qu’il m’a révélé qu’un jeune étudiant était entré en contact avec lui et lui faisait parvenir les comptes rendus des épreuves pour qu’ils soient diffusés sur Vélo 101. Comme c’était bien écrit, Christophe les publiait.
Ce jeune, il s’appelait Julien Perrot. Et c’est comme ça que nous avons intégré l’idée que, le site grandissant régulièrement et sûrement, Christophe ne pouvait plus assurer la partie web développement d’un côté et la partie rédactionnelle de l’autre. Nous ne recevions pas encore tous les communiqués que nous avons la chance de recevoir aujourd’hui, donc le travail rédactionnel nécessitait un plus grand investissement. Il fallait progressivement embaucher quelqu’un sur ce domaine. En y réfléchissant, automatiquement, nous avions la personne sous la main. Nous avons d’abord embauché Julien à mi-temps, en parallèle de ses études, avant qu’il nous rejoigne à plein temps en qualité de rédacteur en chef en juillet 2005. Nous avons appris à travailler ensemble et à s’apprécier.
Une anecdote me reste en mémoire quant à notre première rencontre. C’était le 2 septembre 2001 sur le Grand Prix de Plouay. J’étais arrivé en avance pour récupérer nos accréditations et Julien était censé me rejoindre. Je l’attendais au bureau des accréditations. Or, avant même d’être accrédité, il avait déjà interviewé François Simon, porteur du Maillot Jaune un mois plus tôt sur le Tour de France. J’avais justement en tête qu’on aille réaliser cette interview, mais il m’avait devancé. A ce moment j’ai pensé que non seulement il écrivait bien mais en plus il avait le profil qui allait bien puisqu’il allait au-devant des coureurs alors que je n’imaginais pas que, à son âge, on puisse avoir autant de facilités. C’est là que j’ai commencé à découvrir et apprécier la formation du Tour d’Enfance, devenu plus tard les Jeunes Reporters du Tour dont on vous reparlera.
Avec un salarié pour la partie rédactionnelle, nous avons pu grandir progressivement et ajouter des rubriques. Nous avons travaillé plus profondément le VTT, les amateurs, puis le cyclosport, les tests de matériel…
En parallèle de l’embauche de Julien Perrot, nous poursuivions notre route. Grâce à mes précédentes relations, nous avions maintenu et développé des partenariats sur le Roc d’Azur dès 2000 et sur l’Etape du Tour avec Jean-François Alcan. En juillet 2001, elle avait lieu dans les Pyrénées, entre Mourenx et Pau. Nous y allions avec Christophe et, en l’attendant à la gare, j’avais regardé l’étape du Tour de France, remportée par Sergueï Ivanov à Aix-les-Bains. J’avais pris des notes et nous avions mis l’article en ligne quand Christophe était arrivé. A cette époque, on se connectait encore directement sur les prises France Telecom ! Mais la prise du bar dans lequel nous étions n’était pas de la dernière génération. Aussi, pour que Christophe puisse mettre l’article en ligne, j’étais obligé de me contorsionner pour que la prise soit bien enclenchée. Au bout de dix minutes, j’étais saisi de crampes !
Cette anecdote pour dire que les conditions de travail étaient précaires mais elles nous ont aidés à grandir et à toujours garder cet esprit Vélo 101. Les problèmes, on les laisse derrière et on cherche toujours des solutions. On est contents de faire ce qu’on fait, on est passionnés par ce qu’on fait. On espère que ça transparaît à travers ce qui est fait et écrit sur Vélo 101. Nous faisons en sorte de n’être jamais blasés, car nous avons la prétention de dire que nous devons transmettre de la passion. Nous avons la chance d’être sur les plus grands événements de cyclisme, apprécions ces choses à leur juste valeur.
A l’été 2001, nous avions imaginé un truc un peu fou dans les Pyrénées au moment de l’Etape du Tour, reproduit ensuite sur le Grand Raid Cristalp et aux Bosses du 13. L’idée était de filmer les cyclos au sommet du Tourmalet, puis on montait les images et, en tapant leur numéro de dossard avec un système de paiement en ligne, les coureurs pouvaient se voir passer au sommet ! Je garde l’image de Christophe Dupouey et Igor Pavlov, passés en tête et impressionnants. La météo était encore correcte puis tout s’est dégradé. Ce soir-là, sur le Tour, François Simon prenait le Maillot Jaune. J’avais appelé au soir Jean-René Bernaudeau, à la tête de l’équipe Bonjour et évidemment multi sollicité. Pour le clin d’œil, quand j’étais chez ISL, c’est nous qui avions amené Bonjour à Jean-René. Ce soir-là, en dépit de multiples sollicitations, il avait accepté de répondre à une interview pour Vélo 101. Il avait notamment lâché cette phrase : « avec un Simon, on en a toujours pour son argent. » C’est un clin d’œil assez sympa de la volonté de proximité de Vélo 101 d’un côté et de toujours être au contact de l’autre. »