Marc, un speaker célèbre est incontournable dans le vélo, Daniel Mangeas. Le cyclisme, c’est moins votre truc ?
Pas tout à fait. Je suis Auvergnat, je viens du Cantal. Quand j’étais gamin, je faisais pas mal de sport. Je faisais du rugby, c’est une obligation là-bas, j’ai fait de l’athlétisme… et habitant pas loin de Salers, où nous avions une maison, il n’y avait rien de mieux que le vélo pour l’entraînement. J’avais un vélo, un peu lourd à l’époque. Il devait faire 20 kg, ce qui était bien sympa pour monter quelques cols ! Ça me permettait d’avoir de bonnes jambes dans le travail de résistance.
Aujourd’hui, vous pratiquez toujours ?
Je me suis aperçu qu’il y avait des chocs sur la course à pied et que ça faisait toujours un peu mal. Pour ne pas se faire mal, la chose la plus simple c’est le vélo. J’ai donc repris le vélo. Le problème, c’est que j’avais rajouté quelques kilos sur la selle, et ça, ça ne pardonne pas dans les cols. Ça fait mal mais ça reste un vrai bonheur.
Votre premier souvenir de vélo, il est lié aux Jeux Olympiques ?
Oui, avec Daniel Morelon, sur piste. Mon grand-père, quand il était beaucoup plus jeune, allait au Vel’ d’Hiv pour six jours. Il dormait là-bas, mangeait là-bas avec ses potes. Il était fana de sport. Moi ça m’a aussi toujours plu. Ce qu’ils ont fait avec Gérard Quintyn et tous les gars de l’époque, ça me paraissait extraordinaire. Les maillots arc-en-ciel, les médailles d’or olympiques…
Vous faites référence aux Jeux Olympiques 1968 à Mexico ?
C’est ça, ce sont les premiers Jeux que j’ai suivis à la télévision. Il y avait un garçon en athlétisme qui a révolutionné le monde en saut en hauteur : Dick Fosbury a sauté sur le dos et je me suis tout de suite mis à faire ça car ça m’a plu tout de suite. Ce sont des choses qui marquent un gamin.
Daniel Mangeas est une référence en cyclisme, vous l’êtes dans d’autres disciplines. Est-ce quelqu’un que vous connaissez ?
C’est un ami mais on ne fait que se croiser. Lui il travaille du 15 janvier au 15 décembre sur les routes. C’est un vrai professionnel, quelqu’un qui connaît et est grandement passionné par sa discipline. La passion, quelle qu’elle soit, c’est fort. Ça rapproche les gens et ça nous a rapprochés avec Daniel. Sur l’Hexagone, on doit être une vingtaine de speakers de sport à haut niveau. Nous aimerions nous regrouper car c’est un métier trop peu connu. Avec Daniel, nous avons notre petite idée et aimerions faire quelque chose d’intéressant quant à cela.
Allez-vous avoir un œil sur les disciplines sur lesquelles vous n’intervenez pas à Londres ?
Je suis l’animateur du Club France à Londres donc on va tout regarder ! Nous diffusons les directs de 9h00 à 23h00 et essayons de suivre les Français autant que possible, avec France Télévisions. Mais il nous arrive de faire nous-même le commentaire. J’essaie de m’intéresser à tous les sports. Il y en a vingt-six aux Jeux, j’en ai pratiqués trente-trois à titre personnel. Il y en a pour lesquels je suis moins au fait mais on va bosser pour ça.
Le vélo a rapporté deux médailles d’or sur les sept ramenées de Pékin, sentez-vous bien l’équipe de France cycliste ?
Je serai le premier à saluer une troisième médaille de Julien Absalon en VTT. Il n’y a pas de raison pour qu’il ne la décroche pas. Mais gagner quand on est favori, ce n’est pas évident. Il y aussi une belle pression sur Laetitia Le Corguillé en BMX. Sur la piste, je dirais entre deux et trois médailles d’or, en se mouillant un peu. Sur la route, ça me ferait bien plaisir de voir une fille sur le podium.
A travers ce qu’on a vu sur le Tour de France, pressentez-vous un été anglais ?
Sur la route, ils ont été monstrueux. Mais sur la piste, je pense qu’il y aura de la place pour les Français. On est là pour concourir. Les Britanniques nous ont piqué les Jeux en 2005 ! Ce serait bien qu’on leur rende un peu la monnaie de la pièce chez eux. Nous sommes voisins et ce sont nos meilleurs ennemis. On est heureux d’être là, ils nous aiment bien aussi. On se chambre un peu, mais dans le bon sens. Les Anglais sont des connaisseurs de sport et c’est un vrai bonheur d’être là.
Vous avez vécu plusieurs Olympiades, comment les sentez-vous à Londres ?
Les Britanniques vont être forts. Ça va être une réussite, ça va fonctionner. Malheureusement, on l’a vu avec la crise, les pauvres, ils vont prendre trois fois et demie le budget qui était prévu. Ce ne sera pas évident. Mais ils sont prêts. Ils attendent vingt-trois médailles d’or, je pense qu’ils peuvent les avoir. Ça va être une très belle fête. Et puis l’olympisme, c’est plus que les Anglais. C’est l’accueil du monde, la rencontre entre tous les sportifs du monde entier. Avec un message de paix et de tolérance. Ce mélange des races, des nations, des hommes, des femmes, c’est ce qui fait la beauté des Jeux. C’est un vrai bonheur.
Propos recueillis à Londres le 27 juillet 2012.