Louise, avez-vous suivi jeudi soir la finale de la vitesse par équipes, remportée par les Anglais ?
Je n’ai pas beaucoup de temps pour vivre les épreuves en direct. Je ne suis pas sur place, puisqu’au cœur de Londres dans le bus France Télévisions. Mais j’ai tout suivi évidemment. Dès que ça parle de l’Angleterre, j’ai envie de savourer ces moments-là. J’ai aussi entendu parler de la polémique qui a suivi le succès britannique. Philip Hindes a raté son départ et aurait, dit-on, provoqué sa propre chute pour avoir une seconde chance et gagner ensuite. La France n’a pas contesté, c’est que tout va bien.
Ne pas pouvoir vivre ces événements n’est-il pas un petit regret ?
Je me régale quand même dans mon bus. Tous les jours je reçois des gens qui nous racontent avec passion ce qu’ils ont vu. Mon but c’est de faire partager ma ville, du moins celle dans laquelle j’ai vécu six ans, la culture de mon pays. Il faut faire de petits sacrifices. Mais c’est vrai que j’aurais bien aimé entrer au vélodrome, qui a l’air magnifique. Je n’ai jamais vu de cyclisme sur piste en vrai, apparemment c’est exceptionnel. Ce sera pour la prochaine fois !
Si vous deviez élire, en fin d’année, l’homme de l’année en Angleterre, qui élir…
Bradley Wiggins ! Ne serait-ce que pour les Français, ce qu’il a réalisé cette année est très parlant. J’assiste au Tour de France avec mon père depuis trois ans. C’est un vrai fan de vélo qui suit le Tour de France de A à Z à la télévision. Puisque je travaille à France Télévisions, il a pu m’accompagner sur les Champs-Elysées cette année. Nous avons vu un Anglais gagner le Tour pour la première fois. Mon père était dans un état ! C’était l’hystérie. Voir mon papa tellement content, lui qui roule beaucoup, du côté de La Rochelle notamment, me fait mesurer l’énorme exploit de Bradley Wiggins.
Le voyez-vous aller jusqu’à Rio de Janeiro ?
C’est dans quatre ans, oui, il peut encore continuer. Je ne sais pas quelles sont ses ambitions mais je l’espère pour nous. Ça fait beaucoup de bien au cyclisme de notre pays. Une vraie passion est née de ses exploits. Le cyclisme a pris une ampleur exceptionnelle et est en train de prendre une vraie place dans le pays.
Bradley Wiggins sera-t-il anobli ?
Oui, c’est sûr ! On en parle dans la presse, tous les journalistes le charrient avec ça en lui disant « hello, Sir Bradley Wiggins ». Et lui il dit que ça sonne bien. Je pense que ça arrivera.
La pratique du vélo semble se développer dans les rues de Londres, est-ce aussi votre sentiment ?
Le vélo en libre-service, mis en place par l’actuel maire de Londres Boris Johnson, a beaucoup aidé. Après, les Anglais suivent les règles. Si on leur dit de mettre un casque, de s’équiper, ils le font. C’est pareil en voiture. Ça ne conduit pas comme à Paris ici. A Londres on ne négocie pas avec les autorités. On est beaucoup plus carrés. Les Anglais sont plus disciplinés.
Vous-même, vous pratiquez ?
Mon premier vélo, c’était un BMX. C’était vachement à la mode à l’époque. J’aime ça, le vélo, pour se balader quand on part en vacances. Mon mari fait de la plongée, moi je pars en vélo pour visiter. J’aime le vélo mais c’est une discipline que j’ai surtout vécue à travers la passion de mon père. C’est lui qui m’en parle, c’est lui qui s’achète de supers vélos. Il est mécanicien, il s’intéresse à tout ça.
Le cyclisme peut-il devenir la discipline qui rapporte le plus de médailles à la Grande-Bretagne aux Jeux Olympiques ?
Nous sommes très forts et j’espère que c’est une discipline qui va nous rapporter beaucoup de médailles. Je suis contente car au début on a eu un peu peur avec l’échec des Britanniques samedi dernier dans la course en ligne.
Comment sentez-vous l’atmosphère olympique, vous qui vivez au cœur de Londres durant les deux semaines des Jeux ?
Je trouve qu’on a très bien su organiser. Il n’y a pas autant de bouchons qu’on le redoutait. Beaucoup d’Anglais ont dû partir, mais ceux qui sont restés sont très heureux d’être là. Ce qui est génial, c’est qu’il y a des fêtes exceptionnelles dans chaque comité national, une jolie ambiance, une belle énergie. Il suffit de regarder les courses sur route pour voir quel était l’engouement sur le bord des routes. On n’avait jamais vu ça, même au Tour de France.
Le cyclisme peut-il un jour faire de l’ombre au football en Angleterre ?
Non, je ne pense pas ! Le foot est ancré dans la culture. Nous avons l’un des meilleurs jeux au monde. Dans cinquante ans peut-être, mais je pense que le football primera toujours.
Propos recueillis à Londres le 3 août 2012.