Gaëlle, avez-vous un premier souvenir de cyclisme à nous faire partager ?
J’ai un souvenir de Dauphiné Libéré. Je n’habite pas loin de Lyon et mon papa est fan de vélo. Quand j’étais petite, il m’emmenait sur des étapes. Ce sont ce genre de souvenirs : la caravane, les pique-niques avec les parents… Quand on est petit, la caravane, c’est ce qu’on attend !
Y a-t-il un coureur qui vous ait marqué particulièrement ?
Je dirais Lance Armstrong. Je sais que c’est un coureur assez controversé, mais j’ai envie de retenir, sans doute un peu naïvement, le combat qu’il a gagné contre sa maladie. J’espère qu’il n’a rien pris ensuite, même si on sait qu’il y a des soupçons et qu’il est rattrapé par des affaires. Même aux Etats-Unis, où il était une icône. J’aimerais que le combat qu’il a mené puisse servir d’exemple. Il a fait une performance formidable sur le Tour de France.
Le Tour de France s’est terminé le 22 juillet, vous l’avez regardé ?
Pas spécialement. J’étais en vacances avant de préparer les Jeux donc je ne l’ai pas suivi au niveau du travail. Je suivais les arrivées d’étapes de loin. Quand on a des Français comme Thibaut Pinot ou Thomas Voeckler qui gagnent, ça fait la beauté du Tour de France. C’est en général ce qu’on attend. Ce Tour a sans doute réservé moins de belles histoires que l’année dernière avec Pierre Rolland et le maillot jaune de Thomas Voeckler. Je ne suis pas archi fan de vélo, mais même sans ça, le Tour, ça reste quelque chose qu’on suit, et encore plus quand on travaille à L’Equipe TV.
Où placez-vous le cyclisme dans votre hiérarchie d’intérêt pour le sport ?
A titre personnel je ne le placerai pas très haut, malheureusement. Je suis plutôt fan de sports collectifs, le basket en tête, le hand, l’athlétisme… Mais le vélo est un sport populaire et je suis toujours impressionnée de voir le monde sur les routes. Quelles que soient les affaires qui touchent le monde du vélo, on voit toujours des camping-cars sur des kilomètres sur les routes du Tour. C’est hallucinant. Mais ce n’est pas la page vélo que j’ouvre en premier dans L’Equipe le matin.
Le cyclisme aussi a une perception collective…
Oui, mais je ne suis sans doute pas assez pointue dans ce sport pour la définir. Bien sûr, on se rend bien compte qu’il y a des tactiques d’équipes. On l’a vu sur le dernier Tour avec Chris Froome. On voit qu’il y a des stratégies, des consignes que l’on respecte, un leader pour lequel on travaille. C’est un sport individuel parce que sur le vélo on est tout seul, mais il y a quand même une équipe derrière, et ça c’est impressionnant.
Comment percevez-vous les nouvelles disciplines comme le VTT et le BMX, pourvoyeuses de médailles à Pékin ?
Le BMX, sincèrement, on l’a découvert à Pékin, avec deux médailles. Le VTT, c’est différent. Le fait que Julien Absalon soit double champion olympique a beaucoup contribué à l’émergence de cette discipline. Pour le coup, le VTT est assez plaisant à suivre. Et Julien Absalon est un beau champion. Mais ce ne sont pas des disciplines que l’on traite au quotidien. De toute l’année, je n’ai pas une seule fois donné à l’antenne un résultat de BMX ou de VTT. Jamais.
Le cyclisme sur route écrase définitivement les autres disciplines ?
Oui, le vélo masculin mais aussi le vélo féminin, quand il y avait Jeannie Longo. On donnait plus facilement ses résultats parce que c’est une figure du vélo. Ça reviendra sans doute si les filles s’imposent et se mettent à gagner autant qu’elle. Peut-être qu’il manque de leader en cyclisme féminin, mais de toute façon le sport féminin tient beaucoup moins de place que le sport masculin. Et pas seulement qu’en vélo.
Deux jeunes femmes ont pourtant intégré le Top 10 de la course olympique dimanche, ça devrait marquer les esprits ?
Oui, ce sont les performances qui vont marquer. Du moment où une fille comme Pauline Ferrand-Prévot va se mettre à gagner et à être régulière, on connaîtra son nom, on connaîtra sa tête, et on parlera d’elle. Le public étant très masculin, une jolie fille, en plus, ça aide !
Vous êtes originaire du Dauphiné, avez-vous encore l’occasion de pratiquer le vélo ?
J’en faisais avec mes copines quand j’étais ado. Avec mon papa aussi. Mais plus du tout maintenant. Même pas un Vélib’ à Paris. Peut-être avec mon petit garçon dans quelques années.
Propos recueillis à Londres le 29 juillet 2012.