Que l’un soit champion du monde et l’autre champion olympique est presque d’une implacable logique tant Peter Sagan (Tinkoff) et Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) se partagent les beaux succès sur les terrains sur lesquels ils s’opposent. Et pour lesquels ils partagent la même inspiration. Comme il est curieux de constater le nombre de victoires que l’un a obtenu au détriment de l’autre. Rien que cette année, Greg Van Avermaet a eu trois fois le Slovaque pour dauphin (au Circuit Het Nieuwsblad et à Tirreno-Adriatico, dont il a remporté le classement général avec l’étape décisive de Cepagatti). De son côté, Peter Sagan a répliqué à Monterey au Tour de Californie avant de gagner un énième bras de fer au sprint vendredi au Grand Prix de Québec. Et on ne parle pas des années passées…
Peter Sagan et Greg Van Avermaet, toutes proportions gardées, c’est un peu Roger Federer-Rafael Nadal en tennis. Un duel permanent qui leur permet de grandir tout en grandissant l’image du cyclisme. Et parce qu’il n’aime pas laisser la victoire au champion du monde, le désormais champion olympique Greg Van Avermaet avait bien l’intention de rendre à Sagan la monnaie de sa pièce sur un circuit de Montréal tout aussi sélectif que celui de Québec avec ses dix-sept tours de 12,1 kilomètres. Et la répétition des côtes Camillien-Houde (1800 mètres à 8 %), de la côte de la Polytechnique (780 mètres à 6 %) et le faux plat d’arrivée sur l’avenue du Parc (560 mètres à 4 %).
C’est là qu’allait sonner l’heure de la revanche entre Sagan et Van Avermaet, alors que le plus clair de la course avait été marqué par une échappée de Matteo Dal-Cin et Benjamin Perry (Canada), Sean De Bie (Lotto-Soudal), Fabien Grellier (Direct Energie), Lukas Pöstlberger (Bora-Argon 18) et Jasha Sütterlin (Movistar Team). Les six de tête rejoints dans l’avant-dernier tour, les attaques fusaient, dont la plus sérieuse était menée au dernier franchissement de la côte Camillien-Houde par Rui Costa (Lampre-Merida). L’ancien champion du monde obtenait un avantage tel qu’il obligeait Peter Sagan en personne à se découvrir à la tête d’un groupe de costauds qui prenait forme autour de Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step), Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), Ion Izagirre (Movistar Team), Bauke Mollema (Trek-Segafredo), Diego Ulissi (Lampre-Merida), Rigoberto Uran (Cannondale-Drapac) et… Greg Van Avermaet.
L’ultime passage par la côte de la Polytechnique n’y changeait rien, Rui Costa maintenait un léger avantage qui obligeait Peter Sagan à se découvrir à nouveau. Les efforts du champion du monde allaient payer, mais à quel prix… Si Rui Costa virait le premier dans le virage en épingle annonçant les 500 derniers mètres ascendants vers la ligne d’arrivée, il était absorbé quelques mètres plus loin par un groupe conduit par Peter Sagan, devant un peloton qui était sur le point de se reformer in extremis.
Personne n’imaginait alors le Slovaque refaire le coup de Québec, tant il s’était exposé dans les 10 derniers kilomètres, mais on n’aura finalement trouvé qu’un homme pour lui contester un doublé en terres canadiennes. Greg Van Avermaet. Un mois après son sacre olympique, le Belge jetait ses dernières forces dans la bataille pour s’adjuger le Grand Prix de Montréal devant Peter Sagan et Diego Ulissi. Une sacrée forme de revanche.
Classement :
1. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) les 205,7 km en 5h27’04 » (37,7 km/h)
2. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff) m.t.
3. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) m.t.
4. Michael Matthews (AUS, Orica-BikeExchange) m.t.
5. Nathan Haas (AUS, Dimension Data) m.t.
6. Gianni Moscon (ITA, Team Sky) m.t.
7. Alberto Bettiol (ITA, Cannondale-Drapac) m.t.
8. Ion Izagirre (ESP, Movistar Team) m.t.
9. Anthony Roux (FRA, FDJ) m.t.
10. Julian Alaphilippe (FRA, Etixx-Quick-Step) m.t.